Crevette - Les pécheurs traditionnels en mauvaise posture


Exploitation responsable. C’est l’objectif que se fixe l’atelier international sur les crevettes et les autres ressources halieutiques de la Grande île qui se tient présentement à Ankorondrano. Rassemblant les acteurs nationaux et internationaux œuvrant dans la filière, l’initiative a pour objectif de partager les expériences de chacun afin de construire l’avenir de cette activité sujette à différentes difficultés dans son processus de développement. Les sous activités de la filière crevette seront ainsi scrutées par les participants à l’atelier à l’instar de l’aquaculture ou encore la pêche crevettière que ce soit industrielle ou traditionnelle. Cette dernière, pratiquée majoritairement par les petits pêcheurs à Madagascar, de même que la pêche industrielle dans la Grande île a enregistré une forte baisse en termes de performance durant la dernière décennie. « Depuis près de dix ans, notre gagne-pain, si l’on peut le dire, tombe en miettes. Selon nos observations, cela est dû principalement au non respect des législations en vigueur sur les délimitations des zones de pêche. Au large pour l’industrie et dans les eaux côtières pour les petits pêcheurs comme nous », déplore Joseph Eugène Rakotondrainy, pêcheur issu de Morondava. Selon lui, si auparavant, ils pouvaient remonter près d’une centaine de kilos de crevettes en une journée dans les bonnes conditions, à présent ils peinent à atteindre la moitié de cette performance. Victime La pêche industrielle est aussi victime de ce phénomène. En 2007, la capture affichait 8354 tonnes avec un chiffre d’affaire de 141 millions d’ariary et présentement ces performances sont redescendues à 2 755 tonnes pour 97millions d’ariary de chiffre d’affaire. D’un autre côté, les crevettes de Madagascar ne représentent qu’une maigre part du marché mondial malgré sa place de numéro un en termes de qualité. « Notre or rose ne grappille que 1% du marché mondial. Des chiffres à remonter impérativement car il est primordial d’optimiser la valeur et les bénéfices tirés des ressources halieutiques et aquacoles, surtout pour un pays insulaire comme Madagascar. Pour ce faire, il est impératif d’améliorer la gouvernance et la gestion des différentes pêcheries et aquacultures tout en veillant à protéger l’environnement et à maintenir en bonne santé les stocks de crevettes du pays », explique Claude Brunot, président du Groupe­ment des Aquaculteurs et Pêcheurs de Crevettes à Madagascar. Dans cette vision, un plan d’aménagement de la pêcherie a été instauré dans les régions de Melaky et d’Ankarana dont l’objectif consiste à impliquer les communautés locales villageoises dans la gestion de la pêcherie tout en assurant la surveillance de proximité de la période de fermeture de pêche. « Une initiative qui, malgré tout son bon sens, n’impactera que peu sur le respect des délimitations des zones de pêches destinées aux pratiques industrielles qui nous pénalise toujours autant », conclut le représentant des petits pêcheurs de la région du Melaky.  
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