Hausse des tarifs de la Jirama - Les autorités trompent le FMI


Pour décrocher le programme de Facilité élargie de crédit (FEC), les autorités n’ont pas hésité à indi­quer au FMI qu’elles augmenteront le tarif de l’électricité. Ce qui n’est pourtant pas leur priorité. Si ce n’est pas une trahison, cela y ressemble fort. Pour décrocher un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), le Gouvernement n’a pas hésité à user d’artifices et de tromperie. Ainsi, les autorités ont-elles annoncé une hausse des tarifs de l’électricité, une mesure particulièrement appréciée par l’institution de Bretton Woods, alors que selon le Premier ministre, pareille mesure ne semble pas du tout figurer parmi les priorités du Gouverne­ment. « L’État ne cherche pas tellement à ajuster le prix de l’électricité. Nous cherchons plutôt comment limiter les impacts d’une éventuelle hausse sur le quotidien de la population », a déclaré, hier, Olivier Mahafaly, chef du gouvernement, en marge du dialogue politique avec l’Union européenne. Ainsi, après avoir annoncé une augmentation des tarifs de l’électricité au moment où une mission du FMI était au pays, le gouvernement est revenu sur sa parole et ne semble pas près de tenir ses promesses dans les prochains jours. Il s’apprête, au contraire, à augmenter les subventions accordées à la Jirama de manière à ce que cette dernière puisse s’approvisionner en carburants pour faire tourner ses centrales thermiques. Dans son programme soumis au FMI pour l’obtention d’une Facilité élargie de crédit (FEC), le Gouvernement a pourtant assuré de sa volonté de réformer la Jirama, à la grande satisfaction du FMI. Dans son communiqué de fin de mission, l’institution de Bretton Woods s’est félicité du « processus de transformation de la Jirama en une entreprise efficiente et saine sur le plan financier » mis en œuvre par les autorités, à travers « des mesures initiales, notamment en relevant les tarifs de l’électricité, limitant de ce fait les besoins de transferts de l’État ». Subventions Les subventions accordées à la Jirama ne seront pourtant point réduites. Elles passeront au contraire de 240 milliards d’ariary dans la loi de finances initiale, à 300 milliards d’ariary dans la loi de finances rectificative. Avec la saison hivernale, le pays entre en période d’étiage, où les centrales hydroélectriques n’arrivent pas à satisfaire les besoins des réseaux d’électricité. « Le besoin en carburants pour faire tourner les centrales thermiques s’amplifie, ce qui nécessitera, effectivement, une subvention », reconnaît Malala Andriamasy, chef du département marketing et communication de la Jirama. Au niveau de la Jirama, on n’attend plus que la décision politique pour augmenter les tarifs et réduire la vente à perte d’électricité opérée par l’entreprise. « Le prix de revient d’un kWh est de 662 ariary pour un tarif moyen de 380 ariary par kWh auprès des consommateurs », déplore Malala Andriamasy. Celle-ci ajoute que « les critères pour une augmentation des tarifs sont tous réunis ». La balle est dans le camp du gouvernement qui semble plus soucieux de la stabilité de son pouvoir et de sa popularité déjà en chute libre que de ses relations avec les bailleurs de fonds. Rado Andriamampandry/ Lova Rabary-Rakotondravony
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