Paludisme - Un combat acharné éclipsé par la lutte contre le coronavirus


Le paludisme tue davantage que le coronavirus. Il n’a jamais fait l’objet d’une grande mobilisation de moyen comme c’est le cas actuellement avec la Covid-19. Le palu reste tenace. La région Analamanga actuellement la plus touchée par la Covid-19 fait partie des régions qui ont pratiquement éliminé le paludisme. Mais dans d’autres régions du pays comme l’Est et le Sud-est, la lutte contre maladie est une lutte de longue haleine, qui ne peut être menée à bien sans le soutien des partenaires techniques et financiers de la Grande île. Mais l’aggravation des cas de covid dans la capitale et ses environs éclipse cette autre lutte acharnée. « Le paludisme continue de menacer la santé et le bien-être du peuple malgache », a récemment déclaré le Directeur Général de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), John Dunlop. On l’oublie souvent mais les cas de paludisme sont toujours en hausse dans le pays. Près de 2 millions de cas ont été enregistrés en 2020 contre 1 016 327 cas en 2019, dont six cent cinquante-sept décès, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a également attiré l’attention sur la hausse du nombre de cas de paludisme en 2020 à Madagascar. Car près de 6% de la population ont contracté la maladie. Il y a quelques années pourtant, Antananarivo et Antsirabe ont été déjà classées « zones d’élimination » du paludisme avec une incidence inférieure à 1%. Mais d’autres régions continuent ainsi d’en souffrir terriblement. Madagascar n’est cependant pas le seul endroit au monde où le paludisme a progressé. En 2019, on estime à 229 millions le nombre de cas de paludisme dans le monde contre 228 millions l’année précédente. Quatre cent neuf mille décès ont été enregistrés, dont 67% sont des enfants de moins de cinq ans. L’Afrique subsaharienne est la région du monde la plus concernée par cette maladie. Toutefois, selon l’OMS « les Régions de l’Asie du Sud-Est, de la Méditerranée orientale, du Pacifique occidental et des Amériques sont également des zones à risque ». C’est l’une des raisons de la mobilisation d’une somme colossale pour faire face à la maladie dans le monde: 3 milliards de dollars ont été mobilisés l’année dernière dont 900 millions (31 % du financement) émanant des pays où la maladie sévit le plus. Lutte ultime ? L’utilisation de moustiquaires constitue l’un des principaux moyens de lutter contre le paludisme. Les campagnes de distribution ont été accélérées au cours des dernières décennies à travers le monde. Ainsi, selon l’OMS, 46% de la population en Afrique exposée au risque de paludisme était protégée par des moustiquaires imprégnées l’année dernière, contre 2 % seulement en 2000. A Madagascar, l’USAID est le principal partenaire du pays pour cette lutte. L’agence américaine a fait don de deux millions de tests de diagnostic rapide en 2020, tout en assurant le traitement pour environ deux millions de personnes également. A cela s’ajoute le don de 3,67 millions de moustiquaires qui devraient permettre de protéger au moins six millions de personnes à travers l’île. A noter aussi que le Fonds mondial de lutte contre le paludisme, également financé en partie par les Etats-Unis, fournira au pays dix millions de moustiquaires en plus. Près de quatorze millions de moustiquaires seront ainsi disponibles prochainement. Soit de quoi protéger l’ensemble de la population dans toutes les zones à risque de la Grande île. C’est le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) qui en assurera la distribution à partir du mois d’août de cette année. L’USAID est aussi le principal partenaire de Madagascar pour les pulvérisations d’insecticide pour lutter contre les moustiques dans différentes régions du pays. L’accent est cependant mis actuellement sur la distribution de moustiquaires. En effet, la pulvérisation d’insecticide est de moins en moins pratiquée dans le monde, en raison de la hausse du coût des produits utilisés, mais également en raison de la capacité de résistance des anophèles à ces produits. Par ailleurs, la vaccination est progressivement mise en avant pour faire reculer la maladie dans le monde. Actuellement, cela concerne trois pays pilotes d’Afrique: le Ghana, le Kenya et le Malawi. Le vaccin RTS,S est pour le moment le seul vaccin antipaludique reconnu.
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