Une contribution décisive de Girard et Robic


Situé près d’Ampasampito, l’Institut Pasteur de Tananarive, aujourd’hui de Madagascar, comprend un vaste domaine de six hectares avec parcs, pâturages et jardins, décrit le numéro spécial de la Revue de Madagascar sur Tananarive édité en 1952. Divers bâtiments et pavillons, équipés de façon très moderne, abritent les services et les nombreux laboratoires. « Grâce aux crédits sur fonds d’emprunt, le personnel est doté d’un matériel excellent. Une bibliographie offre aux employés une riche documentation. » Quarante années de recherches consacrent l’activité de l’Institut Pasteur, dans le domaine médical, au profit de l’hygiène et de la santé publique. Ainsi, la variole qui sévit gravement à Madagascar, y disparaît complètement. La rage est maitrisée. Le laboratoire des analyses biologiques exécute plus de 18  000 analyses en 1949. Et « en seize ans, plus de 100 000 nourrissons sont prémunis contre la tuberculose par le BCG préparé sur place ». Parallèlement, dans les années 1950, on diffuse dans les milieux malgaches la prophylaxie par la vaccination contre la fièvre typhoïde, avec un vaccin fait de souches locales. De plus, les anatoxines diphtérique et tétanique sont largement répandues dans les écoles et immunisent quantité de jeunes gens. « Mais ce sont les recherches sur la peste qui ont le mieux caractérisé l’œuvre scientifique de l’Institut Pasteur de Tananarive. » La peste s’introduit à Mada­gascar en 1898, au cours de la grande épidémie mondiale, originaire de la province du Yunnan, en Chine, sous diverses formes. Elle fait des ravages considérables et y devient endémique. Depuis 1924, sous la direction du Dr Georges Girard, les médecins de l’Institut Pasteur consacrent l’essentiel de leur activité à l’étude de toutes les questions qui ont trait à l’épidémiologie de la peste et, plus spécialement, de la peste pulmonaire primitive, « inconnue dans les autres colonies françaises ». Le Dr Girard fait alors de l’Institut « le centre français d’étude de la peste ». Aussi de longues et patientes recherches ontelles, enfin, conduit au succès. Dès 1935, les Dr Girard et Jean Robic apportent une contribution décisive à la prophylaxie de la peste, en réalisant la protection individuelle par la vaccination. Ils montrent qu’un vaccin, préparé avec les germes vivants d’une souche de bacilles pesteux de virulence atténuée, confère une protection absolument efficace aux animaux de laboratoire et « qu’un tel vaccin pouvait être inoculé sans danger à l’homme ». Des campagnes massives de vaccination, renouvelées chaque année depuis 1935, sont suivies d’effets immédiats. Ainsi, à partir de 1941, on n’enregistre plus, pour toute l’ile, qu’une moyenne annuelle de 200 cas de peste contre une moyenne de 3 500 cas observés pendant les années qui précèdent la première campagne de vaccination en 1935. « La ville de Tananarive, la première bénéficiaire, s’honore de la découverte du vaccin Girard et Robic et du mérite de ses auteurs ainsi que de son Institut Pasteur. » La direction de celui-ci est remise, en 1940, au directeur Jean Robic qui travaille, pendant vingt ans, en collaboration avec le Dr Girard. Ce dernier, revenu à Antananarivo, poursuit, dans les années 1950, ses recherches sur la peste et sur la tularémie, maladie voisine de la peste et qui se répand, à l’époque, en France. Le laboratoire de chimie et de recherche des fraudes alimentaires, le laboratoire du service vétérinaire et le laboratoire d’agriculture, groupés à l’Institut Pasteur de Tananarive, mènent une activité courante, mais considérable de caractère utilitaire. Ils poursuivent en même temps d’importantes recherches de caractère scientifique, « dans un domaine étendu qui est sans cesse alimenté par la connaissance toujours plus approfondie du milieu biologique malgache ».
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