O ry zandrikely!


Jeudi après-midi l’établissement scolaire catholique ESCA Antanimena a été pris d’assaut par des soi-disant grévistes. Il s’agirait de lycéens qui ont commencé à sortir dans la rue la veille. En regardant les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, de jeunes gens habillés de tabliers bleu-marine, courant dans tous les sens brandissaient un message qui a été écrit à la-va-vite : « Miala Rajao » ! Mais pourquoi? Certes, si on avait pris la peine de demander à l’un d’eux cette question, il aurait dit une raison ou une autre. Car il faut le dire, ce ne sont pas les raisons qui manquent. Ne serait-ce que sa vie misérable de lycéen, dans le pays le plus pauvre du monde, les conditions d’étude pitoyables ainsi que son avenir hypothétique. Tout à fait à l’opposé de la vie de pacha de Rajao qu’il n’a même pas élu. Seulement, pas sûr que de cette poignée folle de jeunes esprits, il y en avait un qui aurait pu répondre aux deux questions suivantes : pourquoi maintenant? Et après ? Sans vouloir les rabaisser mais tout en étant juste et réaliste, d’aucun n’aurait même pu dire ne serait-ce qu’un article de la fameuse loi électorale. Revenons à la scène qui s’est produite à l’ESCA Antanimena. Des enfants grévistes ont tenté de forcer l’entrée de l’établissement scolaire. La vidéo amateur prise de l’intérieur de l’école montre des dizaines de personnes qui tentent avec toute leur force de soutenir le portail et éviter que les fauteurs de troubles pénètrent dans l’enceinte. On y voit également et très clairement des jets de pierres venant de l’extérieur. Il ne s’agissait nullement de petits cailloux de rien du tout, mais de vrais projectiles qui auraient pu sérieusement blesser ceux qui tentaient de protéger les enfants. Des enfants ont attaqué des enfants! Plus directement : des enfants ont attaqué des enfants parce que des grandes personnes leur ont dit de le faire. D’où diantre ont-ils pu avoir, un matin comme les autres, l’idée d’aller sortir dans la rue et de scander le départ d’un personnage dont ils ne connaissent même pas les tenant et aboutissant ? Puis, l’affaire est trop grave pour se voiler la face et se dire qu’ils sont assez « grands » et « intelligents» pour manifester leurs « volontés ». N’incriminant qui que ce soit, cette crise a démontré que les politiques abusent de plus en plus des lignes à ne pas franchir en matière de manipulation de masse. Des enfants soldats, heureusement nous n’en sommes pas là mais l’idée est presque la même. Quand les politiciens (de tous bords) n’arrivent plus à intéresser la masse à leurs guéguerres, ils endoctrinent les plus faibles pour en faire de la chair à canon. Ceux-là, qui, pour des questions politiques, tiennent en otage la vie économique du pays utilisent nos enfants pour créer un chaos. Mais ceux-là même, combien d’entre eux ont des enfants qui étudient dans des écoles comme l’ESCA? Mieux, combien ont des enfants dans les lycées publics ? De ces enfants-pantins, on peut dire combien deviendront un jour député, sénateur, Président de la République. Un cap a été franchi. Que chacun prenne ses responsabilités pour que cela ne se reproduise plus jamais. O ry zandrikely ! Petit frère, ils veulent te sacrifier sur l’autel de la crise. Demain t’appartient alors n’accepte pas d’être le vassal aujourd’hui. par Mbolatiana Raveloarimisa 
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