Conjoncture - Une atmosphère sociale tendue


La situation socio-économique se crispe. Le pouvoir paraît avoir des difficultés à résoudre des foyers de tension et des problèmes récurrents. Tendu. Béné­ficiant toujours d’une période de grâce politique, le pouvoir connaît, toutefois, depuis quelques jours une mise à l’épreuve sociale et économique. Des faits d’actualité sur ces deux domaines bousculent le début de mandat relativement calme de Andry Rajoelina, président de la République. L’actualité la plus bruyante est la manifestation des étudiants de l’École supérieure polytechnique, à Vontovorona. Les condamnations judiciaires contre le président de l’association des étudiants et de trois de ses camarades pourraient mettre un cran d’arrêt aux manifestations. Elles ne résoudront pas, pour autant, le problème. Établissement universitaire qui forme une grande partie des cerveaux du pays et vivier d’innovations techniques et technologiques, l’Éco­le supérieure de Vonto­vorona manque de tout. Les conditions nécessaires à une formation académique digne de ce nom manquent cruellement. Une situation que vit l’ensemble des universités publiques de Madagascar. Le sujet a été évoqué en conseil des ministres, la semaine dernière. Les décisions passées indiquent que le paiement ou l’augmentation des bourses d’étude ne suffit plus à colmater le gouffre dans lequel s’enfoncent les universités. L’État semble, par ailleurs, dépassé par les urgences sanitaires dans certaines régions durement frappées par l’épidémie de rougeole. Attentes Le nombre élevé des malades révèle le manque de médicaments, mais aussi, les limites des infrastructures sanitaires. Une situation tout aussi vraie à Antana­narivo, où la bronchiolite fait des ravages chez les enfants en bas âge et les nourrissons. Les hôpitaux sont submergés. Sur le plan économique les problèmes de la JIRAMA reviennent à la charge avec un retour en force du délestage. Parmi les solutions, le Président de la République, a affirmé son intention d’autoriser la JIRAMA à importer elle-même le carburant dont-elle a besoin. Une initiative qui déplairait aux « créanciers », de la société. En difficulté économique et à cause de ses infrastructures vieillissantes, la JIRAMA a été amenée à requérir l’appui d’entités privées. L’entreprise a contracté des accords la mettant dans un état de dépendance vis-à-vis de ses créanciers. Pour y remédier, Christian Ntsay, Premier ministre, a « ordonné », la révision de ces contrats pour cette semaine. Réussir à s’imposer face aux créanciers de la JIRAMA serait un premier fait d’arme politique majeur pour l’administration Rajoelina. Il pourrait, toutefois, être amené à gérer une grogne sociale. Les employés de la JIRAMA risqueraient de scinder en deux camps. L’un serait partisan du remplacement du directeur général et l’autre s’y opposerait. Pour marquer le coup en ce début de mandat, le pouvoir fait de la lutte contre l’insécurité et la corruption ses priorités. Le Premier ministre effectue fréquemment des descentes sur terrain pour impulser une synergie d’action de l’administration, comme, hier, à Maevatanana. La décision de suspendre la mission de police de la route fait, cependant, face à une résistance au sein de la police nationale. Bien que la présence des Forces de défense et de sécurité (FDS), soit accentuée, l’insécurité continue, du reste, de faire des ravages autant en zone urbaine que rurale. Les arrestations et traductions en justice de ces derniers temps, par ailleurs, tendent à confirmer la détermination de l’État dans la guerre contre la corruption et l’impunité. Une partie de l’opinion publique chuchote ses doutes sur l’impartialité des intentions étatiques, alors qu’un membre du gouvernement est éclaboussé par une enquête sur le trafic de bois de rose. Le Chef de l’Etat s’est engagé à travailler vite et efficacement pour avoir des résultats rapides dans tous les domaines. Il a affirmé vouloir trancher avec les mauvaises pratiques du passé et prône une administration exemplaire et performante. « Un mois ne permet pas d’évaluer les performances du pouvoir », arguent ses défenseurs. Les discours de campagne du Président ont, toutefois, suscité de grandes attentes, de l’espoir chez les ménages, notamment, les plus vulnérables. Pour l’instant, le pouvoir se démarque par son « autorité ».
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