Foutez-nous la paix


Le Prix Nobel de la paix au Père Pedro Opeka? Pourquoi pas? C’est plus que mérité. Il a fait beaucoup mieux que certaines personnalités qui ont eu droit à ce titre et dont le seul mérite était d’avoir fait la prison pour avoir lutté pour la démocratie. Il est vrai que le Prix Nobel de la paix a été souvent attribué plus pour des actions politiques que pour des oeuvres humanitaires. Néanmoins le Prix Nobel de la paix a été attribué à Mère Teresa de Calcutta en 1979. La religieuse catholique d’origine albanaise naturalisée indienne a eu presque le même parcours que le Père Pedro. La fondatrice des Missionnaires de la charité a débuté sa « carrière » par l’éducation des enfants de rue avant de consacrer sa vie aux pauvres, aux laissés pour compte, aux mourants partout dans le monde. À sa mort en 1997 à l’âge de 87 ans, Mère Teresa de Calcutta a laissé comme héritage six cent dix missions à travers le monde incluant des soupes populaires, des centres d’aides familiales, des écoles, des orphelinats, des hospices, des centres d’accueil des malades de la lèpre, de sida ou de la tuberculose. Mère Teresa de Calcutta a supplanté la défaillance de l’État dans cent vingt-trois pays. C’est exactement le même dévouement, le même engagement pour le Père Pedro mais a l’échelle nationale. Et s’il n’a pas eu le titre à plusieurs reprises, c’est certainement à cause de la comparaison avec Mère Teresa qui avait été par la suite béatifiée par le pape Jean Paul II en 2003 et canonisée par le pape François en 2016. Mais les œuvres du Père Pedro sont aussi grandioses et si le premier ministre slovène Janet Jansa a proposé son nom c’est que les actions du Père des pauvres ont un rayonnement international. Le père Pedro fait d’ailleurs l’objet de nombreuses sollicitations médiatiques partout où il va. Il a eu droit à des plateaux dans les plus grandes chaînes de télévision du monde. C’est dire que depuis la mort de l’abbé Pierre en 2007, le Père Pedro reste désormais le seul apôtre des pauvres vivant. Le Père Pedro a fait mieux que tous les régimes successifs en matière de logements sociaux. Avec peu de moyens mais beaucoup de volonté, de foi et de détermination, il a réussi à doter de logements décents vingt-cinq mille personnes arrachées de la pauvreté, de la rue, de la mendicité. Et pourtant, il n’a jamais eu un soutien des pouvoirs publics dans ses initiatives. Le seul président de la République qui l’a soutenu reste Andry Rajoelina. Depuis la Transition la famille présidentielle est aux côtés du Père Pedro et le président de la République a facilité l’acquisition de terrains domaniaux aux environs d’Andralanitra pour que le prêtre argentin puisse étendre son « empire ». S’il remporte cette fois le Prix Nobel de la paix, il est clair que Père Pedro va réinvestir l’argent dans le développement d’Akamasoa qui est déjà un village pourvu de tout. Croisons les doigts en attendant la décision du comité désigné par le Parlement norvégien pour l’attribution du prix. La paix, on en a plus que jamais besoin.
Plus récente Plus ancienne