Douanes malgache et française côte à côte


Le général commandant du Corps d’occupation et résident général de France à Madagascar, Joseph Gallieni, publie le 11 novembre 1896, la circulaire N°106 destinée aux Douanes malgaches. Elle porte sur les importations de marchandises françaises et les importations d’alcool et d’armes (lire précédente Note).Concernant l’importation de marchandises françaises, la disposition prise précise que toute marchandise, même française, qui serait débarquée sans être décrite dans un passavant ou passeport délivré par une douane française de Madagascar et de ses Dépendances, doit payer le droit de 10% de sa valeur. Pour ce qui est de l’importation d’alcool et de produits à base d’alcools, à partir du 1er janvier 1897, les Douanes malgaches ne laisseront plus débarquer les produits qui contiennent de l’alcool. Sauf s’il leur est présenté un passavant ou passeport délivré par une douane française de Madagascar où ces produits sont décrits. Quand il n’y a pas de passavant, la Douane agira de manière différente. Du 1er janvier au 1er février, elle fera « immédiatement » réexporter les produits. À partir du 1er février, elle les saisira et enverra sans retard au receveur français des Douanes dont elle dépend, un rapport où sera expliqué exactement comment tout s’est passé. Ce rapport sera signé par les officiers présents à la saisie. La circulaire donne alors la liste des produits qui contiennent de l’alcool. Ce sont les vins, les liqueurs, les cidres, les poirés, les bières, les absinthes, les essences d’absinthe, les alcoolats d’absinthe, les rhums, les eaux de vie, les cognacs et les alcools proprement dits. Quant aux armes et munitions, la circulaire du résident général y inclut les armes à feu quelconques, la poudre, les balles, les cartouches, la dynamite et toute autre matière assimilable. Leurs importations sont interdites dans toute l’ile de Madagascar et ses Dépendances. Si les Douanes constatent qu’on en débarque, néanmoins, elles les saisiraient, maintiendraient en état d’arrestation les personnes qui auraient effectué le débarquement et confisqueraient le bateau. Les douaniers relateraient dans un rapport, signé par les officiers présents à la saisie, comment tout cela est arrivé et elles l’enverront au receveur français des Douanes avec une copie au résident général. « Mais elles laisseraient passer ce genre de marchandises s’il y a une autorisation de ce dernier. » L’auteur de l’article indique que s’il donne les détails de la circulaire du général Gallieni destinée aux Douanes malgaches et qui fait aussi mention des Douanes françaises de Madagascar, c’est pour démontrer « l’existence simultanée des deux services ». Visiblement, le rédacteur de la circulaire s’est efforcé d’employer le langage le plus simple possible pour s’adresser à des fonctionnaires « qui n’avaient peut-être qu’une connaissance élémentaire du français ». Et de spécifier : « Mieux valait évidemment leur demander de raconter dans un rapport comment tout cela est arrivé que les inviter à relater dans un compte rendu les circonstances exactes de l’affaire. » Et s’il s’agit de s’adresser à des subordonnés français, le directeur aurait craint de les vexer « en leur énumérant les produits qui contiennent de l’alcool » ! Le chef du service des Douanes françaises à Madagascar, l’inspecteur Huard, s’installe à Antananarivo, dès son arrivée. Pourtant, les difficultés de communication avec les bureaux établis sur la côte, l’insécurité qui règne sur les Plateaux et interdit les déplacements, ne lui permettent pas de s’y maintenir. Aussi, le 18 novembre 1896, le général Gallieni lui adresse-t-il une lettre pour que l’inspecteur Huard se fixe à Toamasina. Il explique cette décision par « l’importance croissante qu’est appelé à prendre le Service des Douanes, la nécessité de donner aux questions qui s’y rattachent, une solution rapide ». Et il demande à l’inspecteur Huard la date approximative de son installation définitive à Toamasina. L’exécution est immédiate. Quarante huit heures plus tard, la direction du service des Douanes déménage sur la côte Est.
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