Exportations vers les États-Unis - Madagascar maintenu dans le giron de l’AGOA


Cela aurait pu être la pire nouvelle de ce début de l’année. Mais Madagascar n’a pas été exclu des pays africains bénéficiant des retombées fiscales avantageuses de l’AGOA sur le marché américain. Un ouf de soulagement pour ceux qui vivent par et pour les entreprises franches. L’administration Biden n’a pas pris une quelconque sanction pour Madagascar. Alors que beaucoup craignaient une mauvaise tournure des évènements. Ce, après l’absence ou la non invitation de la Grande île au Sommet africain de la démocratie, organisé à l’initiative de l’actuel « papy» de la Maison Blanche. Le verdict inattendu est tombé. Trois pays africains ont été éjectés des rouages du système et du mécanisme des rouages des échanges commerciaux américains. Le Mali, la Guinée Conakry et l’Éthiopie. Ce qui leur prive de nombreuses largesses fiscales. Les deux premiers cités se trouvent depuis des mois sous la coupe des militaires putschistes. L’Éthiopie, en plein essor économique, tente une diversification dans l’industrie du textile et de l’habillement, devenue une sérieuse concurrente même pour l’île Maurice, une pionnière en la matière. Mais la hausse aux sécessionnistes de la région du Tigré par les autorités et troupes d’Addis-Abeba, qui se fait parfois avec des violences inouïes, des exactions dépassant l’entendement, sans le moindre respect des droits de l’homme, a réveillé « Sleepy Joe » de sa longue hibernation au «Bureau ovale ». Il a trouvé là une belle occasion d’imposer ses marques de fabrique sur l’échiquier diplomatique international. Pour effacer, d’un revers de la main, les coups tordus et les frasques de Donald Trump. Les États-Unis restent ainsi intransigeants sur le respect des dogmes de la démocratie et ceux des droits de l’homme. Même envers un allié objectif géostratégique qu’est l’Éthiopie, capable de jouer des rôles-clés dans la région dite « Corne de l’Afrique », face à la montée en puissance des factions islamistes, l’addition a été la même que pour les autres coupables d’actes blasphématoires à l’encontre de « l’idéal américain ». Ce véto américain, ne peut qu’arranger les affaires des zones et entreprises franches installées à Madagascar. Un peu secouées qu’elles sont par la suppression de leurs avantages fiscaux dans la loi de finances 2022. Des mesures restrictives souhaitées par le Fonds monétaire international, FMI, afin d’augmenter les recettes publiques. De fil en aiguille, l’État espère engranger 22,1 milliards d’ariary de surplus financier dans la caisse du Trésor public. En contrepartie, le pays risque de perdre des points décisifs en termes d’attractivité. D’autant que pour la relance économique attendue, les investissements directs étrangers, si rares en ces moments difficiles, seront les bienvenus. Ces « entorses fiscales » mêmes limitées, Vendeurs à la sauvette L’exclusion de Madagascar de cette même plateforme commerciale transactionnelle en 2009, suite aux péripéties au Falda Antanimena, le mardi 17 mars, après le départ précipité de Marc Ravalomanana, vers un transit au Swaziland avant de rallier l’Afrique du sud pour son exil volontaire, a généré de graves conséquences sur le plan économique et financier. Des milliers de personnes ont été jetées sur les trottoirs de la capitale, après voir perdu leurs emplois. Ils étaient devenus des vendeurs à la sauvette. Peut-être pour une durée indéterminée. Aujourd’hui, ils refusent d’occuper les marchés construits pour eux par la Commune urbaine d’Antananarivo. Les entreprises franches font vivre dans les cent cinquante mille salariés. Et profitent aux habitués du secteur informel. Comme ces gargotiers qui s’agglutinent devant le portail des usines de confection dans les quartiers d’Andraharo, deTanjombato, d’Ankorondrano ou du côté d’Ambohimangakely. Mais tout ne se résume pas aux textiles et aux habillements. Dont la qualité d’orfèvre des « petites mains» est reconnue, appréciée à sa juste valeur par les grandes maisons de la haute couture. L’outsourcing, avec la venue des « majors » de l’externalisation, jouissant des régimes fiscaux des zones franches, passe pour être un créneau d’avenir. Les rémunérations y sont plus gratifiantes. Et la formation professionnelle presque une obligation. Pour être au diapason des innovations et des évolutions technologiques. Un recrutement massif de trois mille personnes se profile sur le court- terme. Et l’Agoa offre aussi des opportunités à un millier de produits. Au-delà de ces classiques bien connus. Des niches à exploiter dans le creuset de cette aubaine américaine. La journée du mardi 17 mars 2009, plus que mouvementée, vécue et « placée » sous les yeux bienveillants de Niels Marquardt, ambassadeur américain à l’époque des faits, est ainsi à oublier. Ce, malgré l’insistance des opposants extrémistes et des militants « radicalisés » de la société civile, selon laquelle « une dictature de la pensée unique s’instaure à Madagascar». La Maison Blanche n’a pas suivi ces « bobardnements ». Mais attention, rien n’est acquis de façon définitive avec l’Agoa. Une bavure des Forces de l’ordre à l’encontre de quelques manifestants anti-régime, des maltraitances infligées aux journalistes « indépendants», peuvent faire changer d’avis Joe Biden.
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