Présidentielle de 2018 - Le soutien politique des Ampanjaka sollicité


Hery Rajaonarimampianina compte profiter du soutien politique des Ampanjaka pour gérer les communautés de plus en plus excédées par les défaillances du pouvoir central mais aussi pour assurer sa réélection. Instrumenta­lisation. En visite à Farafangana à l’occasion de ce que l’équipe de la communication d’Ambohi­tsorohitra qualifie de « Sommet des Ampanjaka du Sud-Est et du Vatovavy-Fitovinany », le président de la République, Hery Rajao­narimampianina, n’a pas caché sa volonté de se servir de l’autorité de ces chefs traditionnels pour asseoir sa légitimité auprès des habitants de la région. Ce sont, certes, les Ampan­jaka qui, dans leur résolution, ont sollicité la candidature du chef de l’État, deux ans avant la fin de son mandat, mais celui-ci n’a pas hésité à reconnaître que la collaboration avec eux coulait de source. Alors que les chefs traditionnels ont indiqué leur volonté « à voter et à faire voter pour vous », Hery Rajaonarimampianina les y a encouragés. « En tant que raiamandreny, vous pouvez parler avec la population, vous pouvez l’orienter, vous pouvez la mobiliser », a-t-il déclaré. Les remerciements et les encouragements présidentiels ont évidemment porté sur les actions promises par les Ampanjaka pour soutenir le développement de leur région, mais le pacte conclu entre les deux parties semble aussi avoir porté sur des engagements politiques à plus long terme. « C’est un pacte que nous nous faisons, un défi que nous lançons ensemble pour développer le pays », a soutenu le locataire d’Ambohitsorohitra, dans un discours particulièrement complaisant. Après la multiplication récente des vindictes populaires meurtrières dans les différents districts de la région, l’on pouvait s’attendre à une prise de position officielle de Hery Rajaonari­mam­pianina sur le sujet lors de son déplacement à Fara­fangana. D’autant que, à en croire les comptes-rendus officiels, la cérémonie à laquelle il avait été convié avait réuni les Ampanjaka de tout le Grand Sud-Est. Clin d’œil Mais alors que les chefs traditionnels ont clairement mis en avant dans leur résolution leur volonté d’appliquer les « dina » locaux, le chef de l’État, du moins dans le discours officiel transmis par les chaînes publiques, n’a pas insisté sur la nécessité de respecter les lois nationales, ou du moins la nécessité de les adapter au droit positif. Comme s’il ne voulait pas heurter la susceptibilité de ces hommes qui, selon son service de communication, restent « très respectés » et « honorés » dans cette région qu’il dit « attachée aux valeurs et aux traditions ». En guise de clin d’œil à une population qui a, plus d’une fois, montré son ras-le-bol face aux défaillances du pouvoir central à travers des vindictes populaires, frappant aussi bien des civils que des sociétés d’État, voire des représentants de l’État, Hery Rajaonarimampianina a insisté sur le fait que « vous êtes la première région que je visite cette année, avant toutes les autres ». Pour s’excuser du retard pris dans la réalisation des travaux qu’il avait promis durant les premières tournées qu’il avait effectuées dans la région, il n’a pas hésité à laisser entendre que ses ordres ne sont pas toujours exécutés. « J’avais promis certains travaux, mais comme je m’aperçois que ceux-ci ne sont pas encore faits, je vais moi-même prendre les choses en main », a-t-il assuré, pointant ainsi du doigt la défaillance des autorités civiles locales. « Faites-moi confiance, je vous promets que cela sera fait », a-t-il ajouté, non sans avoir annoncé de nouvelles promesses, comme la dotation de poteau électrique fonctionnant à l’énergie solaire à la ville de Farafangana. Lova Rabary-Rakotondravony
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