FILIÈRE SEMENCIÈRE - Madagascar renforce ses ambitions


[caption id="attachment_137879" align="alignright" width="497"] Le Japon est très actif dans l’appui à la filière semencière du pays.[/caption] Pour doper l’économie agricole du pays et atteindre l’autosuffisance alimentaire, les autorités s’engagent à donner « une bouffée d’air frais pour le secteur semencier à Madagascar ». Semence certifiée, garantie de la production ! » Ce slogan nous montre la place prépondérante qu’occupent les semences certifiées dans le développement de la production agricole, et par conséquent, dans l’atteinte de l’objectif fixé par le président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina, dans son Velirano n°9 qui est l’autosuffisance alimentaire », a déclaré dernièrement le titulaire du ministère de l’Agriculture et de l’élevage (Minae), Harifidy Ramilison. En effet, l’État malgache a décidé d’accorder un intérêt prioritaire à la filière semencière pour booster l’économie agricole du pays. Le Minae s’engage à mettre en œuvre des efforts supplémentaires afin d’assurer, en temps et en heure, l’achat et la distribution de semences et d’engrais aux paysans des vingt-trois régions de Madagascar. La déclaration a été faite, le 10 octobre, en marge de l’annonce de la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation, jumelée à celle de la femme rurale. L’État a aussi décidé la mobilisation de 4 milliards d’ariary pour l’achat et la distribution à grande échelle d’engrais et de semences agricoles, afin d’assurer le début de la saison culturale 2022. L’enjeu est de préserver la prochaine production agricole nationale déjà perturbée par des séries de crises. Chaque retard pourrait davantage bouleverser les efforts déjà entrepris, a également expliqué le membre du gouvernement. D’où la nécessité de redoubler les efforts pour parer aux plus urgents, mais aussi pour asseoir la durabilité du secteur agricole du pays. Ainsi, pour aider les différents acteurs semenciers dans l’accomplissement de leurs activités respectives, des initiatives sont menées pour mieux informer et encadrer les différentes parties prenantes, notamment les agriculteurs et les producteurs de semences. C’est dans ce cadre qu’un portail internet a été mis en place pour permettre à ces derniers d’accéder aux informations concernant le système semencier de Madagascar, et en particulier les activités du Service officiel de contrôle des semences et du matériel végétal (Soc). « La mise en place de cette plateforme est la première étape du processus de digitalisation du secteur semencier à Madagascar », a indiqué le Soc qui se pose comme étant le garant de la qualité des semences certifiées circulant sur tout le territoire national. Cet organisme a ajouté que la mise en place d’un système de traçabilité des semences certifiées est aussi devenue un impératif. Homologation et contrôle strict Aussi, chaque établissement semencier aura-t-il sa propre espace d’information sur la plateforme. Chacun aura aussi son propre QR Code qui figurera sur le Permis d’activités semencières (Pas) ainsi que sur les étiquettes de certification apposées sur les emballages des semences certifiées. Les utilisateurs ou acheteurs de semences pourront ainsi scanner ce QR Code à l’aide d’une simple application et vont automatiquement être ramenés sur le portail. « Nous sommes convaincus que cette digitalisation du système semencier apportera un nouveau souffle dans la filière et portera ses fruits en augmentant, en quantité et en qualité la production de semences, facteur essentiel pour l’augmentation de la production agricole », a soutenu le Minae. Selon les règlementations en vigueur dans la Grande île, est producteur de semences toute personne physique ou morale portant la qualification d’établissement semencier. Tout producteur de semences peut passer un contrat de multiplication avec un ou plusieurs agriculteurs multiplicateurs pour la même espèce. Cependant, un agriculteur multiplicateur n’est pas autorisé à passer un contrat de multiplication avec plusieurs producteurs de semences de la même espèce. Seules peuvent être multipliées, en vue de la certification, les semences de variétés inscrites au Catalogue national des espèces et variétés végétales (Cnev) ou aux Catalogues des communautés régionales, dont Madagascar fait partie. La loi stipule en outre que les caractéristiques de ces variétés doivent être conformes à celles des échantillons déposés au moment de l’inscription au Cnev et conservés sous la responsabilité du SOC ou par le service officiel d’un pays de la région où la variété est inscrite. Signalons qu’il existe différentes catégories de semences comme le matériel parental, qui désigne le matériel initial dont la production est basée sur une méthode bien précise de sélection conservatrice, ou les semences de pré base dont la production est assurée directement par l’obtenteur de la variété ou son mandataire. Notons aussi que les semences certifiées désignent les semences qui sont issues directement de la première ou de la deuxième multiplication de la semence de base. Au niveau de l’homologation des produits, le processus imposé soumet la variété de semence à des tests DHS (Distinction, Homogénéité, Stabilité) et Vate (Valeurs agronomiques, technologiques et environnementales). Si les résultats des tests sont satisfaisants, l’homologation aboutit à l’inscription de la variété au catalogue national des espèces et variétés cultivées à Madagascar. Une fois inscrite, une variété peut faire l’objet de multiplication dans le cadre d’une production de semences certifiées. La certification de semences est également une démarche dans laquelle seuls les établissements semenciers agréés sont habilités à produire et commercialiser des semences. Dans le contexte d’agrément des établissements semenciers, le même service dispense la formation nécessaire sur le processus de certification suivant la législation en vigueur. Par ailleurs, le SOC dispose de plusieurs inspecteurs et contrôleurs semenciers répartis dans les vingt-deux régions de l’île qui sont périodiquement formés autant que de besoin. [caption id="attachment_137880" align="alignleft" width="477"] Distribution de semences aux agriculteurs dans la région Boeny.[/caption] Priorité à la riziculture Selon les autorités, il est légitime que les nouvelles ambitions de Madagascar, en matière de production de semences, donnent une place de choix à la riziculture. Le riz demeure, en effet, l’alimentation de base des Malgaches et un saut quantitatif et qualitatif dans le domaine rizicole permettra de se rapprocher des objectifs fixés en matière de sécurité alimentaire. Plusieurs partenaires sont actifs aux côtés du gouvernement pour accompagner Madagascar dans ses initiatives au profit de la filière semencière opérant dans le domaine rizicole. On peut citer l’Union Européenne à travers le programme Rindra, le Fonds international de développement agricole (Fida) à travers le programme Defis ou le projet Mionjo de la Banque Mondiale qui permet notamment la distribution de semences dans la partie Sud de Madagascar en partenariat avec la FAO. Mais force est aussi de constater que le Japon est un pays partenaire très actif dans le domaine de la coopération visant à doper la filière semencière. Le 26 août, le projet de don japonais, à hauteur de 65 milliards ariary, a été signé par le nouvel ambassadeur au Palais d’Iavoloha en présence du président de la République, Andry Rajoelina. Selon les explications fournies à cette occasion, cette aide a pour objectif d’augmenter la production nationale de semences certifiées hautement productives en mettant à niveau et en améliorant les champs, les installations et équipements des entités chargées de la production de semences certifiées et originales, contribuant ainsi à l’augmentation de la production de riz et à l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. [caption id="attachment_137881" align="alignright" width="415"] Madagascar veut produire 20 000 tonnes de semences par an d’ici 5 ans.[/caption] Le Centre multiplicateur de semences à Anosiboribory, la Fofifa et de Service officiel de contrôle des semences en seront les premiers bénéficiaires de ce projet de deux ans qui va travailler dans les régions Alaotra-Mangoro et Analamanga. Il a été souligné que le succès des projets d’envergure réalisés avec le Japon via l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) sont porteurs d’espoir pour l’avenir, dans la filière rizicole. Le Projet d’appui pour l’amélioration de la productivité et de l’industrialisation du secteur riz (Papriz) a été cité en particulier. Ce dernier a permis à un panel de paysans d’augmenter leur rendement moyen à 5,58 tonnes/ha, et ce, grâce à des « paquets techniques » comprenant notamment l’amélioration des techniques culturales et l’utilisation des semences améliorées. [caption id="attachment_137882" align="alignleft" width="584"] La fimière rizicole est priorisée par la nouvelle stratégie semencière.[/caption] « En développant la filière semencière, Madagascar avance vers l’industrialisation de son écosystème rizicole, pour parvenir dans un premier temps à l’autosuffisance et élaborer une stratégie de commercialisation dans le futur », a-t-on aussi fait savoir avant de noter que le projet de recherche et d’appui technique « Fy Vary » a, pour sa part, permis l’homologation de deux nouvelles variétés de semences certifiées adaptées à nos terres peu fertiles, ayant une forte résistance et une croissance rapide. L’avancée notable en matière de certification et de traçabilité des semences de riz, puis de cartographie des acteurs semenciers, a aussi été notée. Il a également été annoncé que le ministère de tutelle est en train de mettre en place des laboratoires de semence ainsi que des banques communautaires de semences, répartis à travers le pays. « Nous savons que l’industrie semencière a connu une trajectoire fluctuante, caractérisées par des hauts et des bas, et que très peu d’établissements semenciers fonctionnement actuellement », a rappelé le ministre Ramilison, en précisant que les projets en cours et à venir vont « renforcer durablement les capacités nationales en matière d’approvisionnement, production, inspection, distribution et commercialisation de semences certifiées hautement productives. Le renforcement de l’efficacité technique des entités impliquées, à savoir le CMS d’Alaotra-Mangoro, le centre de recherche Fofifa et le Service officiel de contrôle des semences, sera une bouffée d’air frais pour le secteur semencier à Madagascar. »

VERBATIM

Harifidy Ramilison, ministre de l’Agriculture et de l’élevage

« Nous savons que l’industrie semencière a connu une trajectoire fluctuante, caractérisées par des hauts et des bas, et que très peu d’établissements semenciers fonctionnement actuellement. Mais les actions que nous entreprenons et particulièrement notre coopération avec les Japonais vont renforcer durablement les capacités nationales en matière d’approvisionnement, production, inspection, distribution et commercialisation de semences certifiées hautement productives. »

Abe Koji, ambassadeur du Japon à Madagascar

« Le projet de Développement de champs et d'installation pour la production de semences de riz à Madagascar vise à accroître la production de semences certifiées nécessaires à l'augmentation de la production de riz, en renforçant les fonctions des institutions impliquées dans la production de semences certifiées. Il s'agit d'un projet nécessaire à la réalisation de la Stratégie nationale de développement rizicole (SNDR) qui s'est fixé pour objectif de porter la production de semences certifiées à dix mille tonnes. Le gouvernement du Japon a apporté plusieurs contributions dans le domaine de la riziculture. Ces contributions et engagements ont été renforcés lors de la 8e édition de la Ticad en Tunisie au mois d'août. »

Projet Mionjo

Trois-cents tonnes de semences distribuées La distribution de semences pour la campagne agricole dans le Sud de Madagascar a été lancée au début de cette année. Plus de trois cents tonnes de semences de qualité de sorgho, de niébé et d’arachide ont été distribuées au profit de cinq cent mille ménages agricoles dans les régions Anosy et Androy. Ceci entre dans le cadre du projet Mionjo, financé par la Banque Mondiale d’un montant de 100 millions USD, exécuté par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et titularisé par le ministère de l’Intérieur et de la décentralisation, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture et de l’élevage. Le projet Mionjo prévoit également que plus de quarante tonnes additionnelles de semences de sorgho seront distribuées suivant la segmentation de mises en terre et des récoltes pour une production réussie. Deux cent cinquante mille mètres de rayons pour les greffes de manioc, avec cent soixante mille kits de semences sont encore attendus pour la prochaine distribution, afin d’éviter la vente ou la consommation des semences. À noter que les bénéficiaires ont déjà suivi des formations sur l’agriculture intelligente face au climat ou AIC, axée sur quatre thématiques.  Il s’agit de la préparation et fertilisation des sols à l’aide des matières organiques, des pratiques agricoles climato-résilientes, la gestion des maladies et des ravageurs à travers la lutte biologique ainsi que les bonnes pratiques nutritionnelles et hygiène alimentaire. Des équipes ainsi que des matériels agricoles accompagnent les bénéficiaires. Le but étant d’améliorer la production agricole des ménages les plus vulnérables dans les deux régions, mais surtout d’appuyer la relance agricole. L’État prévoit récolter plus de sept tonnes pour grande saison. LA FILIÈRE SEMENCIÈRE EN CHIFFRES  
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