Affaire Soamahamanina - Trois autres manifestants placés sous mandat de dépôt


À la suite d'un déferrement au Parquet du tribunal de première instance d'Antananarivo, trois autres manifestants de Soamahamanina ont été placés en détention provisoire. Ce qui porte à cinq le nombre de villageois détenus à Antanimora. Poursuite. Les arrestations et la mise en détention provisoire s'enchaînent contre les leaders identifiés et présumés de la contestation villageoise de l'exploitation minière à Soamahamanina. Quatre nouveaux prévenus ont été déférés au Parquet du tribunal de première instance (TPI) d'Anosy hier, vers onze heures. Trois d'entre eux ont été placés sous mandat de dépôt à Antanimora, tandis que l'un a bénéficié d'une liberté provisoire. D'après les informations qui ont filtré du déferrement d'hier, trois chefs d'inculpation sont retenus contre ces présumés leaders des contestataires. Il s'agit d'atteinte à la sûreté intérieure de l'État, coups et blessures volontaires contre les forces de l'ordre et la tenue d'une manifestation sans autorisation. Les trois accusés placés en détention provisoire portent à cinq, le nombre des membres de l'association Vona Soamaha­manina, à Antanimora, suite aux mouvements villageois contre le projet de la société Jiuxing Mines. À l'issue d'une manifestation qui s'est soldée par un heurt entre les villageois et les forces de l'ordre, le 22 septembre, Pierre Robson et Tsihoarana Andrianony, deux figures de l'association Vona Soamahamanina, ont été appréhendé et déféré au Parquet du TPI d'Antana­narivo le lendemain. Le 23 septembre, le couperet est tombé, un placement sous mandat de dépôt, à la maison d'arrêt de la capitale. Un lieu qu'ont rejoint Tony Guillaume Andriara­joniaina, Fenohasina Randria­hendri­karivo et Augustin Ranaivoa­rivelo, après leur déferrement d'hier. Ces trois prévenus ont donc fait les frais de la brutale altercation à coup de jets de pierre et de gaz lacrymogène entre contestataires et éléments de la gendarmerie nationale, jeudi dernier, à Soamahamanina. Jusqu'au-boutisme Une rixe d'environ une heure et demie ayant fait onze blessés dont cinq dans les rangs des bérets noirs et six du côté des manifestants. De prime abord, épingler les présumés meneurs de l'opposition à l'exploitation aurifère semble être la stratégie choisie pour taire, voire éteindre le mouvement du Vona Soamahamanina. Au regard des événements de jeudi dernier, toutefois, l'absence de vrais meneurs ne paraît pas avoir entamé la détermination des villageois à défendre la terre de nos ancêtres, comme ils l'ont scandé. Quelques dizaines d'habitants de Soamaha­manina ont même fait le déplacement jusqu'au tribunal d'Anosy, hier, pour soutenir les leurs. Ce qui a amené les forces de l'ordre à prendre des précautions et faire en­trer les quatre prévenus par une porte dérobée, bien qu'aucune agitation n'ait été constatée, ni recensée sur place. Sur une page Facebook dénommée Vonjeo Soama­hamanina, qui relaie l'écho des mouvements de contestations des habitants de cette commune rurale de la région Itasy, une déclaration, en date du 1er octobre et soi-disant signé par les villageois, publiée, hier, affirme ce qui s'apparente à un jusqu'au-boutisme, des contestataires de l'exploitation aurifère. Au nom du patriotisme, nous affirmons que nous ne concèderons jamais à ce que notre terre fasse l'objet d'une exploitation de 40 ans dont le contrat est opaque, quel qu'en soit le prix à payer, soutient cette déclaration. Dans le document publié sur les réseaux sociaux, hier, les manifestants lancent également un appel à la société civile, aux défenseurs des droits de l'homme et toute autre organisation nationale ou internationale à leur prêter main forte. L'authenticité de ce document publié sur Facebook est difficilement vérifiable. Seulement, il semble que le cas de Soamaha­manina soit réduit à une simple guerre de communication, à des tentatives de récupérations politiques et à des représailles tendant dangereusement à la xénophobie. Une situation qui cache un malaise profond inhérent à la politique en matière d'investissements miniers, et visiblement à la corruption qui mine l'administration publique. Garry Fabrice Ranaivoson
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