Urgence sanitaire - La fin du purgatoire


Clap de fin pour les quinzaines d'état d’urgence sanitaire. Un décret mettant un terme à la situation d’exception a été pris durant un conseil des ministres spécial, hier. Comme le rapporte le communiqué de pres­se de la réunion impromptue de l'Exécutif, la décision de mettre fin à la période d'état d’urgence est la nette amélioration de la situation sanitaire. « Le taux de contamination à la Covid-19 est à son niveau le plus bas », affirme la missive. Les dernières statistiques publiées par les autorités font état de deux cas positifs, pour près de sept cent tests effectués. Le nombre de malades présentant des formes graves, selon les chiffres officiels, est de sept. Au regard des chiffres et de la situation sur terrain, Madagascar semble s'être dépêtré de la deuxième vague de forte propagation du coronavirus. Voici plusieurs jours qu’aucun décès à cause du virus n’a été comptabilisé. La valse incessante des ambulances dans les rues s’est tue. Les Centre de traitement Covid-19 (CTC), ont fermé leurs portes. Les urgences et les chambres des hôpitaux ne sont plus bondées de patients atteints de cette maladie qui paralyse le monde. La semaine dernière, la Grande île a même déjà passé une journée sans qu’aucun cas positif n’ait été comptabilisé. Une information soulignée par Andry Rajoe­lina, président de la République, himself. Il l’a, notamment, mis en avant comme un argument de séduction des investisseurs durant la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), à Paris, la semaine dernière. Même à Antananarivo qui a toujours été l'épicentre des contaminations, la vie est revenue à la normale depuis quelques semaines. Les journées macabres au plus fort de la deuxième vague semblent ne plus être qu’un lointain souvenir. A un moment donné, les morts à cause du coronavirus se comptaient par dizaine dans la capitale et ses districts limitrophes. L’image d’un charpentier qui, faute de place, devait exposer sur le trottoir des cercueils que des familles lui ont commandé avait fait froid dans le dos. L'état d’urgence sanitaire a été de nouveau décrété sur tout le territoire, le 3 avril. Madagascar entrait alors dans une deuxième vague de propagation de la Covid-19. Cette fois-ci la Grande île devait faire face au variant Sud-africain du virus. Une variante qui se transmet plus facilement et plus meurtrière que sa souche. La conjoncture sanitaire s’est, toutefois, améliorée depuis le mois de juin. Les restrictions sanitaires ont été réaménagées et allégées en conséquence et au fur et à mesure de la situation. Éviter une troisième vague La grande messe du football au stade Barea, à Maha­masina, jeudi, démontre que les autorités sont confiantes sur le fait que le pays est sorti gagnant de la seconde offensive de la Covid-19. Les spectacles et autres réunions populaires reprennent dans toute l'île. Depuis le début de la situation d’exception, pourtant, et même durant l’accalmie faisant suite à la première vague, entre décembre 2019, jusqu’en avril, l’Etat n’a pas transigé sur un point. Celle concernant la réouverture des frontières, notamment, aériennes. L'entrée de façon clandestine par la mer de voyageurs venus des Comores aurait été la cause de l’invasion du variant sud-africain. Aussi, les autorités sont restées inflexibles sur la question de la réouverture des frontières. Il y a, toutefois, des exceptions, sous réserve d’avoir des tests PCR négatifs, d’une période de quarantaine et d’effectuer un contre-test, en principe. La semaine dernière, toutefois, le président Rajoelina a annoncé que la réouverture des frontières est prévue en octobre. Maintenant que l’urgence sanitaire est levée, les acteurs du tourisme et du transport, particulièrement, le transport aérien doivent donc accélérer les préparatifs pour être au taquet au moment de la réouverture des frontières. L’Etat compte vacciner tous les acteurs de ces secteurs, ainsi que les habitants des principales stations balnéaires que sont Nosy Be et Sainte Marie. Il y a, aussi, les normes sanitaires internationales à assimiler et mettre en pratique afin de rassurer les touristes. Avec les déboires de la compagnie Air Madagascar, il faudra, également, trouver un moyen pour faire redécoller le secteur du transport aérien pour ne pas rater le momentum de la réouverture des frontières. Cette levée de l’auto-embargo pourrait, toutefois, se faire progressivement. À Paris, la semaine dernière, le chef de l’État a été clair, elle dépendra de la situation sanitaire au niveau mondial. Les autorités ne veulent pas, en effet, que d’autres variantes du coronavirus n’envahissent le pays. Le but principal reste d'éviter une troisième vague. « Le confinement coûte plus cher que la fermeture des frontières», a affirmé Andry Rajoelina, à la REF, en réponse à un représentant du Groupe ADP. Le conseil des ministres d’hier, maintient, par ailleurs, les recommandations sur le respect des gestes barrières, comme la distanciation sociale et le port du masque. Des réflexes que certains citoyens semblent avoir déjà oubliés, pourtant. Les journées noires de la deuxième vague ont, néanmoins, marqué les esprits. Personne ne souhaite revivre les heures sombres durant lesquelles les avis de décès se ramassaient à la pelle et les morts étaient enterrés immédiatement, hors de caveaux familiaux, sans passer par les rites traditionnels ou religieux. Tôt ou tard, la vie devait reprendre son cours normal. Seule une prise de conscience et une vigilance individuelle permettront d'éviter une nouvelle vague de forte propagation de la Covid-19.
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