Tourisme d'après covid - La leçon thaïlandaise


« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière » La reprise du tourisme n’est pas seulement une échéance à attendre en se lamentant sur les méfaits de la pandémie et en plaidant auprès des pouvoirs publics l’urgente nécessité de mesures de survie. La catastrophe touche tous les domaines d’activité qui composent la première industrie mondiale. C’est en parlant de l’expérience thaïlandaise que Tom Andriamanoro ouvre sa chronique hebdomadaire. Des voyagistes à l’hôtellerie et aux prestataires de service, en passant par le transport aérien, la première indus trie mondiale es t sinistrée, c’est un fait Le touriste La morte saison, puisque c’en est réellement une, est à mettre à profit pour se réactualiser par rapport à la situation nouvelle, afin de ne pas être pris au dépourvu le moment venu. Car rien ne sera plus comme avant, non seulement dans les mesures sanitaires prises par les pays, mais aussi dans les attentes et exigences de la clientèle et, par ricochet, dans le nouveau profil de l’offre. Redémarrer dans les mêmes conditions «  qu’avant  », oublier que le coronavirus est passé par là, croire benoitement que les acquis antérieurs en matière de promotion suffiront à remettre une destination sur les rails, c’est là l’assurance d’un échec annoncé. Et la Thaïlande, une des toutes premières destinations mondiales, l’a fort bien compris. Bangkok est la ville la plus visitée au monde selon le Global destination cities Index de Mastercard, et les plus grands groupes hôteliers internationaux y sont présents. La Thaïlande a tout à gagner à réussir sa rentrée. Elle a été le premier pays après la Chine à signaler des cas de Covid 19, mais elle compte aussi parmi les tout premiers à être sortir du confinement, ce qui n’est pas synonyme de relâchement. L’optimisme est au rendez-vous, encore faudra-t-il savoir s’adapter à une situation nouvelle.  « Avant la Covid 19, le tourisme était en plein essor. Quand tout cela sera fini, les gens seront heureux de revenir ici, peut-être en septembre, quand les vols internationaux reviendront à la normale ». Donner un nouveau visage à son tourisme sous le signe de la distanciation et d’une hygiène irréprochable, voilà le nouveau credo des pro fessionnels thaïlandais du tourisme. Ils misent notamment sur une nouvelle manière d’accueillir le voyageur avec moins de contact, aussi bien avec le personnel qu’ entre les clients eux-mêmes. Au sanctuaire d’Erawan, au centre de Bangkok, les danseuses sont déjà revenues. Elles portent toujours leur coiffe à clochettes dorées, avec juste un petit détail en plus : le masque et une visière en plastique. Tout près de là et toujours dans l’optique d’une reprise effective, le personnel du grand hôtel Ananta Siam Bangkok se forme au nouveau protocole de nettoyage des chambres, lequel se rapproche de celui appliqué dans les hôpitaux. À la réception, les comptoirs sont dotés d’écrans en plexiglas. Les chaises et les tables sont soigneusement espacées, et au sol de petites croix de couleur rouge indiquent l’endroit où le client devra patienter en attendant son tour d’être reçu. La technologie du « sans contact » sera de plus en plus utilisée, depuis les interrupteurs jusqu’aux poubelles en passant par les portes et les ascenseurs. Pour le petit-déjeuner, on reviendra au service à table à la place du buffet. Les serveurs porteront des gants, mais la salade épicée de papaye sera toujours aussi succulente Les contraintes peuvent paraître réd­hibitoires à première vue, mais il est certain quelles rassureront une clientèle soucieuse de sa santé. Dorénavant, une hygiène et une propreté qui se veulent irréprochables, ainsi que des contacts humains limités mais personnalisés feront partie de la nouvelle offre hôtelière, notamment dans le haut de gamme. Comme le précise un responsable du groupe hôtelier de luxe Rosewood, « nous réduirons au maximum le nombre de personnes en contact avec les clients, mais le service n’en sera que plus fluide ». Le room service pour sa part sera maintenu, mais les chariots resteront à l’entrée, car « le client peut ne pas apprécier la présence, même brève, d’une personne étrangère dans sa chambre ». Tout peut si vite arriver… La Thaïlande s’attend à ce que la reprise du tourisme se fasse en trois étapes, en commençant par les Thaïlandais eux-mêmes et les expatriés. Les Chinois constitueront la deuxième vague, « car si l’envie de voyager leur revient, leur première destination sera la Thaïlande ». La troisième étape sera enfin celle des vols long courrier en provenance d’Europe et des États-Unis. Ce sera, sauf imprévu, pour la fin de l’année. Une chose est sûre : les destinations qui reprendront le mieux et le plus vite sont celles qui offriront les meilleures garanties sanitaires.
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