Lutte contre la covid-19 - Le manque de personnel de santé se fait sentir


Les hauts responsables du ministère de la Santé publique ont reçu les syndicats et associations des professionnels de santé, hier. Ils ont trouvé des points d’entente. «L’HEURE est grave. Personne n’est à l’abri du virus », lance le Dr Liva Andrianarijaona, secrétaire général du Syndicat des médecins fonctionnaires, durant la rencontre qui a réuni les représentants du ministère de la Santé publique, des syndicats et des associations des agents de santé, hier. Parmi ces derniers, le nombre des contaminés par ce virus est de plus en plus nombreux, avec quatre morts dont trois médecins. Plus d’une centaine est infectée, dont une cinquantaine au Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHU JRA) à Ampefiloha, selon les syndicalistes. « Si tous les agents de santé sont soumis au test, nous sommes certains que ces chiffres vont fortement augmenter», avance Jerisoa Ralibera, président du Syndicat des infirmiers et sages-femmes. C’est pour ces raisons que ces agents de santé ont insisté à avoir cette rencontre avec les premiers responsables de leur ministère. « Nous allons avoir des soucis, si le nombre des professionnels de la santé infectés augmente. C’est pour trouver des solutions ensemble, que cette réunion a lieu », reconnait le directeur de cabinet du ministère, le Dr Lamina Arhtur Rakotonjanabelo. Les représentants des Syndicats des médecins, des paramédicaux, des agents de l’administration, de l’Association des professeurs, celle des internes, ont déballé les maux qui les rongent. Ils sont débordés et fatigués. « La volonté de travailler est là, mais nous sommes fatigués», lance le Pr Solofo Rakotoarimanana qui représentait les professeurs. Les heures de travail augmentent pour eux. « Je viens de sortir de soixante douze heures de garde, à l’heure où nous parlons, car mes deux collègues sont indisponibles», avance un infirmier d’une unité de service au CHU JRA. Pression sur le ministère «Nos agents travaillent vingt quatre heures tous les quatre ou cinq jours si, auparavant, leur tour de garde tombait tous les huit jours. Vingt quatre heures de garde, ce n’est pas facile, avec les nombreux massages cardiaques qui vous épuisent complètement», explique le directeur d’un hôpital de la capitale. Les professionnels de la santé ont sollicité le redéploiement de tous les agents du ministère de la Santé publique. Les paramédicaux, en particulier, ont mis la pression sur le ministère, en annonçant « une grève organisée », afin qu’il résolve dans le plus bref délai la défaillance de la protection des agents de santé. Ils exigent aussi une formation pour tous les agents de santé dans la prise en charge de la Covid-19. « Nous avons fait un serment, celui de promouvoir la santé, mais non de nous donner la mort », rajoute le Dr Liva Andrianarijaona. Pendant leurs interventions, le ministère de la Santé publique, représenté par le ministre, le secrétaire général et le directeur de cabinet, a tenté de tempérer la situation et de rassurer leurs interlocuteurs sur les efforts que le département a déjà entrepris. « Nous avons des stocks d’équipement de protection individuelle (EPI). Quatre cent mille masques FFP2, dix mille sur-blouses et dix mille combinaisons, des sur-chaussures, et des lunettes. Tous vont bénéficier d’indemnités. En revanche, les primes seront accordées aux plus exposés», explique le Pr Ahmad Ahmad, ministre de la Santé publique. Il a fallu trois heures de temps aux deux parties pour trouver un point d’entente dans cette lutte contre l’épidémie de Covid-19. Les agents de santé sont sortis « satisfaits » de cette rencontre. « Cela nous a permis d’éclaircir certains points qui sont restés flous pour nous », réagit l’un des participants. Les deux parties ont convenu de se donner la main dans cette lutte de longue haleine.
Plus récente Plus ancienne