Dans notre dernière Note, il est question d’Andriamahazonoro et de Ratsilikaina, les deux personnalités antemoro que le roi d’Imerina choisit pour le représenter dans les négociations avec les plénipotentiaires anglais envoyés par le gouverneur de Maurice, Sir Robert Farquhar. Les traditions les présentent comme deux frères et qu’ils appartiennent au groupe des lettrés anakara, astrologues et médecins appelés à la Cour d’Antananarivo par Andrianampoinimerina. Ludvig Munthe, Charles Ravoajanahary et Simon Ayache précisent que les Anakara comme les Zafitsimeto appartiennent aux castes sacerdotales de la société antemoro. Les premiers descendraient d’Andriandranalitavaratry, astrologue, prêtre et devin, qui conduit les siens vers la Matitanana, aux origines du peuple antemoro. Les seconds auraient pour ancêtre Andriantsimeto-Ranaha qui, selon certaines traditions, est architecte, grand spécialiste de la construction des villages. Plusieurs manuscrits arabico-malgaches célèbrent « l’alliance de la force militaire merina et de la puissance religieuse antemoro ». « Une première ambassade anakara se présenta au père de Radama alors qu’il était roi d’Ambohimanga. Les devins lui prédirent qu’il vaincrait bientôt tous ses rivaux en Imerina. » Devenu roi d’Antananarivo, Andrianampoinimerina n’a de cesse qu’il fasse venir auprès de lui d’aussi puissants personnages. Quand ils arrivent dans sa capitale, le roi manifeste sa joie en les installant auprès de lui dans la case Besakana, construite pour eux, au Rova d’Antananarivo. Dans son ouvrage sur Besakana et le Rova de Tananarive, V. Belrose-Huyghues écrit : « Qu’on aille me chercher ces Anakara célèbres qui habitent là-bas au Sud : qu’on leur porte 1 000 piastres et une pièce de tissu de soie rouge et une chaîne d’or. » Arrivés à Soanierana où les attend le roi, ils échangent avec lui de solennelles promesses, pacte d’alliance consacré par serment. « Cette ile au milieu de la mer est à toi Andrianampoinimerina, à tes enfants et tes petits-enfants. » Andrianampoinimerina dit alors : « Je suis heureux de vous entendre. Et soyez sans crainte, Anakara et Zafitsimeto, vous, vos enfants et vos petits-enfants. Je n’attenterai en rien à votre noblesse ni à vos usages… Mes paroles ne changent pas. » Andrianampoinimerina leur donne pour mission d’enseigner le sorabe à Ilaidama, d’initier sa famille à la connaissance des astres et des sorts, à la fabrication de l’encre et du papier, mais surtout « d’arranger le destin du jeune Ilaidama pour que son accession au trône fût fermement approuvée par le sort », et pour lui assurer la victoire sur tous ses adversaires. Les Anakara remplissent leur tâche avec loyauté et efficacité. « Lorsque Andrianampoinimerina fut mort, le roi Radama de concert avec les Anakara, déclara la guerre à Ambalika. Le roi Radama partit avec les Anakara guerroyer à Ambositra. Il fut vainqueur… Le roi Radama fit ensuite une expédition contre le roi Rouge de Tamatave avec les Anakara. Ce roi se rendit sans combat. Le roi Radama envoya Andrahovy et Ratafika… les Anakara partirent de Toamasina pour aller à Maurice. » En confiant à Andriamahazonoro et Ratsilikaina le soin de conclure les négociations avec Farquhar, Radama veut arracher aux Anglais des fusils, des uniformes, de la poudre pour les soldats ambaniandro, « et il fut vainqueur ». Fin stratège, il aide le roi à disposer ses arguments, à calculer l’agencement des diverses phases de la négociation. « Il arrange encore une fois le sort de Radama, il attire les forces surnaturelles dans le camp de son maitre.» Plus tard, en 1820, on lui demandera de déployer les mêmes vertus de science et d’efficacité lorsqu’il accompagnera le beau-frère de Radama, Ratefy, autre prince instruit par ses soins, devant le roi d’Angleterre, George IV. Dans ce cas, « il lui faudra vaincre la mauvaise foi des Vazaha, durement ressentie en 1817, et les obliger à appliquer réellement le traité signé ». Ratsilikaina, le destinataire immédiat des instructions royales, possède le même savoir que son frère. Mais en 1817, il a sans doute une expérience plus poussée des relations diplomatiques avec les Vazaha. Expérience acquise, surtout lors de son voyage à Maurice où il accompagne les deux jeunes frères de Radama, invités par Robert Farquhar. Depuis 1802, il joue auprès du trône le même rôle 04culturel et religieux qu’Andriamahazonoro. Avec lui, il entre au Conseil du roi dans les premières années du règne de Radama. Il siège ainsi auprès des douze représentants de l’Imerina, des douze législateurs et grands juges du royaume, des vadintany ambony, des quatre « élites de la caste des Noirs » et des membres de la famille royale que Radama peut inviter aux délibérations de son gouvernement.
Dans notre dernière Note, il est question d’Andriamahazonoro et de Ratsilikaina, les deux personnalités antemoro que le roi d’Imerina choisit pour le représenter dans les négociations avec les plénipotentiaires anglais envoyés par le gouverneur de Maurice, Sir Robert Farquhar. Les traditions les présentent comme deux frères et qu’ils appartiennent au groupe des lettrés anakara, astrologues et médecins appelés à la Cour d’Antananarivo par Andrianampoinimerina. Ludvig Munthe, Charles Ravoajanahary et Simon Ayache précisent que les Anakara comme les Zafitsimeto appartiennent aux castes sacerdotales de la société antemoro. Les premiers descendraient d’Andriandranalitavaratry, astrologue, prêtre et devin, qui conduit les siens vers la Matitanana, aux origines du peuple antemoro. Les seconds auraient pour ancêtre Andriantsimeto-Ranaha qui, selon certaines traditions, est architecte, grand spécialiste de la construction des villages. Plusieurs manuscrits arabico-malgaches célèbrent « l’alliance de la force militaire merina et de la puissance religieuse antemoro ». « Une première ambassade anakara se présenta au père de Radama alors qu’il était roi d’Ambohimanga. Les devins lui prédirent qu’il vaincrait bientôt tous ses rivaux en Imerina. » Devenu roi d’Antananarivo, Andrianampoinimerina n’a de cesse qu’il fasse venir auprès de lui d’aussi puissants personnages. Quand ils arrivent dans sa capitale, le roi manifeste sa joie en les installant auprès de lui dans la case Besakana, construite pour eux, au Rova d’Antananarivo. Dans son ouvrage sur Besakana et le Rova de Tananarive, V. Belrose-Huyghues écrit : « Qu’on aille me chercher ces Anakara célèbres qui habitent là-bas au Sud : qu’on leur porte 1 000 piastres et une pièce de tissu de soie rouge et une chaîne d’or. » Arrivés à Soanierana où les attend le roi, ils échangent avec lui de solennelles promesses, pacte d’alliance consacré par serment. « Cette ile au milieu de la mer est à toi Andrianampoinimerina, à tes enfants et tes petits-enfants. » Andrianampoinimerina dit alors : « Je suis heureux de vous entendre. Et soyez sans crainte, Anakara et Zafitsimeto, vous, vos enfants et vos petits-enfants. Je n’attenterai en rien à votre noblesse ni à vos usages… Mes paroles ne changent pas. » Andrianampoinimerina leur donne pour mission d’enseigner le sorabe à Ilaidama, d’initier sa famille à la connaissance des astres et des sorts, à la fabrication de l’encre et du papier, mais surtout « d’arranger le destin du jeune Ilaidama pour que son accession au trône fût fermement approuvée par le sort », et pour lui assurer la victoire sur tous ses adversaires. Les Anakara remplissent leur tâche avec loyauté et efficacité. « Lorsque Andrianampoinimerina fut mort, le roi Radama de concert avec les Anakara, déclara la guerre à Ambalika. Le roi Radama partit avec les Anakara guerroyer à Ambositra. Il fut vainqueur… Le roi Radama fit ensuite une expédition contre le roi Rouge de Tamatave avec les Anakara. Ce roi se rendit sans combat. Le roi Radama envoya Andrahovy et Ratafika… les Anakara partirent de Toamasina pour aller à Maurice. » En confiant à Andriamahazonoro et Ratsilikaina le soin de conclure les négociations avec Farquhar, Radama veut arracher aux Anglais des fusils, des uniformes, de la poudre pour les soldats ambaniandro, « et il fut vainqueur ». Fin stratège, il aide le roi à disposer ses arguments, à calculer l’agencement des diverses phases de la négociation. « Il arrange encore une fois le sort de Radama, il attire les forces surnaturelles dans le camp de son maitre.» Plus tard, en 1820, on lui demandera de déployer les mêmes vertus de science et d’efficacité lorsqu’il accompagnera le beau-frère de Radama, Ratefy, autre prince instruit par ses soins, devant le roi d’Angleterre, George IV. Dans ce cas, « il lui faudra vaincre la mauvaise foi des Vazaha, durement ressentie en 1817, et les obliger à appliquer réellement le traité signé ». Ratsilikaina, le destinataire immédiat des instructions royales, possède le même savoir que son frère. Mais en 1817, il a sans doute une expérience plus poussée des relations diplomatiques avec les Vazaha. Expérience acquise, surtout lors de son voyage à Maurice où il accompagne les deux jeunes frères de Radama, invités par Robert Farquhar. Depuis 1802, il joue auprès du trône le même rôle 04culturel et religieux qu’Andriamahazonoro. Avec lui, il entre au Conseil du roi dans les premières années du règne de Radama. Il siège ainsi auprès des douze représentants de l’Imerina, des douze législateurs et grands juges du royaume, des vadintany ambony, des quatre « élites de la caste des Noirs » et des membres de la famille royale que Radama peut inviter aux délibérations de son gouvernement.