Relent de déstabilisations? - Troubles et déclaration politique à Toamasina


Journée mouvementée hier, à Toamasina. La blessure d’un jeune homme que la foule affirme avoir été tabassé par la police, a créé une vive tension. ATMOSPHÈRE tendue. Il y a quatre jours, un groupe de personnes se présentant comme une association de notables défenseurs de Toamasina, parmi lesquels figurent des personnalités politiques de l’opposition, a fait une déclaration demandant la démission sous 72 heures du président de la République. Dans sa déclaration circulant sur les réseaux sociaux, ce groupe reproche au Président de n’avoir rien fait pour Toamasina, à part la promotion du Covid-Orga­nics dont il met en doute l’efficacite, à en juger le nombre de cas de coronavirus à Toamasina. Pour le moment, les auteurs de la déclaration n’ont pas été inquiétés. « Il n’est pas bon d’avoir des réactions épidermiques », s’accordent à dire le ministre de la Défense le général Richard Rakotonirina et le chef d’État-Major des Armées, le général Jean Claude Rabenaivoarivelo. Comme par enchantement, les affrontements d’hier ont éclaté 24 heures après l’expiration de l’ultimatum. Ils sont partis d’un prétexte plus ou moins fallacieux. Un jeune homme venant d’acheter un médicament aurait été tabassé à mort par des policiers à Androranga. Venus constater les faits sur place, les responsables locaux de la police ont été lapidés par la foule devant un barrage de fortune dressé à côté du jeune homme qui a perdu connaissance. « Il a été rapporté par des témoins que le jeune homme a reçu un coup de matraque de couleur blanche. Tous nos éléments sur terrain n’utilisent pourtant que des matraques noires », précise la police nationale dans un communiqué. Mot d’ordre clair La personne blessée a été transportée à l’hôpital où il a repris connaissance. Mais les échauffourées se sont propagées dans d’au­tres quartiers dans la soirée. Les forces de l’ordre ont dû recourir à l’usage de bombes lacrymogènes. Le bataillon de deux cents cinquante hommes envoyés pour faire respecter les dispositions de l’état d’urgence sanitaire a eu du pain sur la planche. Visiblement, ce renfort de taille ne semble pas effrayer les Tamataviens, outrés par le maintien du confinement. « Pareille situation est prévisible. L’émeute est une des réactions déjà envisagées car il n’est pas certain d’accepter le confinement, de se soumettre à un certain niveau de discipline », analyse le général Jean Claude Rabenaivoarivelo. La consigne qu’il a donnée à ses hommes est claire pour éviter les bavures aux conséquences difficiles à gérer. « Le mot d’ordre est clair. Souple mais ferme. Il ne faut pas céder à la provocation sans accepter les actes illégaux. Un certain niveau de souplesse est nécessaire car ce sont des concitoyens. Le but est de convaincre la population du caractère opportun des dispositions sanitaires », souligne l’officier général. Mais il est clair qu’il suffit d’une étincelle pour que tout s’embrase à Toamasina où la tension est réelle avec ou sans les manœuvres politiques. Hier, les conducteurs de tuk-tuk ont également interpellé l’Etat par rapport à leur situation. Ils ont réclamé leur part de Tosika Fameno ou Vatsy Tsinjo, à l’instar des chauffeurs de taxi et taxi-be. La situation est propice aux manipulations politiques de toutes sortes. Les forces de l’ordre ont justement pour mission de désamorcer les mines enfouies ici et là dans une ville où le coronavirus fait visiblement perdre la tête à certaines personnes.
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