Engrais - Madagascar subit aussi la conjoncture


Dans le sillage de l’augmentation du coût du fret de transport et de la guerre en Ukraine, qui a été un choc important sur les marchés des denrées alimentaires de base, la hausse des prix des engrais et d’autres intrants est un élément qui nourrit l’inflation. « Dans les nations situées notamment en Afrique où le niveau d’utilisation d’intrants est déjà faible comparativement au reste du monde, une hausse durable des prix des engrais menace d’effacer les gains réalisés durant la dernière décennie », a indiqué, pour sa part, Monika Tothova, économiste à la FAO. Certes, Madagascar n’est pas un gros consommateur d’engrais. La dose moyenne d'utilisation sur l'ensemble des terres cultivées n’est que de l'ordre de 6 à 8 kg par hectare. Ce qui est nettement en-deçà de la moyenne régionale. Mais le pays est loin d’être épargné par cette situation qui risque de fragiliser davantage son secteur agricole déjà mis à mal par les effets du changement climatique. Pour faire face à ce retournement de conjoncture, les autorités cherchent à renforcer leur coopération avec les partenaires techniques et financiers. Le pays peut miser, entre autres, sur la Banque africaine de développement qui a fait savoir , la semaine dernière, que l’initiative baptisée « Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine » permettra aux pays comme Madagascar d’atténuer les effets de la crise alimentaire par le biais d’un mécanisme dédié qui fournira les ressources nécessaires pour augmenter la production alimentaire locale et se procurer des engrais. Le gouvernement se tourne également vers les producteurs locaux de fertilisants biologiques, en développant le partenariat public-privé. « Ce qui permettra de faciliter l’accès des paysans aux engrais de qualité à un prix raisonnable », a-t-on expliqué. Harmoniser la gestion D’autres remettent sur la table la nécessité de construire des usines d’engrais. Sur ce point, rappelons que Madagascar avait déjà signé avec le gouvernement indien un accord visant à mettre en place un dispositif industriel dédié aux intrants agricoles. Pour la filière rizicole, domaine clé pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, on recommande aux décideurs publics de multiplier les projets de type PAPRIZ (Projet d’Appui pour l’Amélioration de la Productivité et de l’Industrialisation du Secteur Riz) qui intègre la mise à la disposition d’engrais minéraux pour l’augmentation des rendements. À savoir que PAPRIZ intervient actuellement dans les 22 régions de Madagascar avec 200.000 bénéficiaires intervenant sur une superficie de 300.000ha. Mais le contexte actuel justifie également la nécessité pour le pays d’avancer dans l’harmonisation de l’utilisation et de la gestion durable des engrais et un meilleur accès des agriculteurs aux engrais à prix compétitif et aux bonnes normes de qualité. À savoir que le pays réfléchit déjà, avec l’appui de la FAO, au développement d'un cadre réglementaire harmonisé sur les engrais dans un cadre régional. L’heure est actuellement à l’évaluation technique en termes de nutrition végétale et dans la rédaction des cadres réglementaires et de la législation sur les engrais qui répondent à des normes de qualité élevées, avant l’élaboration du programme proprement dit. Selon la FAO, à Madagascar, l'une des principales contraintes à la croissance économique et à la sécurité alimentaire est la faible productivité agricole, en partie due à une utilisation faible ou inadéquate d'engrais. Il faut ainsi booster la productivité agricole à travers la facilitation de l’accès des exploitants agricoles à des engrais de qualité et à prix raisonnables, mais aussi promouvoir leur utilisation raisonnée pour une agriculture durable. L’un des objectifs annoncés est de faire en sorte que la fertilisation ne se heurte plus à l'inexistence d'un cadre juridique harmonisant le commerce et l'usage des engrais. Un tel cadre peut faciliter la mise en place de normes régionales et définir des paramètres pour faciliter le commerce des engrais dans la région. Cette harmonisation devrait aider les pays de la SADC à améliorer l'accès de leurs agriculteurs à des engrais à un prix compétitif plus proche du marché mondial et aux bonnes normes de qualité. En outre, l’utilisation d’engrais doit être envisagée au niveau du paysage et de la région en raison des pertes potentielles de nutriments dans l’environnement et de leurs incidences négatives. À cet égard, il serait nécessaire d’adopter une approche intégrée de l’utilisation des nutriments et de leurs cycles dans les sols, les plantes, les animaux, les êtres humains, l’eau et l’environnement.
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