Bemiray - Histoire - Et le Rova devint un musée…


Le départ pour l’exil de la dernière reine de Madagascar, Ranavalona III, a été le signal pour le pouvoir français colonisateur pour transformer le Palais de la Reine en musée. Le deuxième sujet traité par Tom Andriamanoro est l’esclavage, problème loin d’être résolu. Enfin, il fait une incursion dans l’histoire des tribus islamisées en évoquant Raminia. [caption id="attachment_79827" align="alignleft" width="205"] La reine Ranavalona III a quitté son palais, à 2h du matin le 28 février 1897 sous une pluie battante, pour un exil sans retour.[/caption] Triste, choquant, inhumain, les mots manquent pour qualifier le traitement réservé par cette grande puissance civilisatrice qu’est la France à Ranavalona III, la petite Reine vaincue de Madagascar. La fête royale du Bain (le Fandroana) fut célébrée pour la dernière fois au Palais le 22 novembre 1896. Laissons parler Le Temps, un journal français de l’époque : « Ce fut l’occasion du plus cinglant affront que nous puissions faire à la Reine et à son peuple. Au milieu de la cérémonie qui se passait dans une salle du Palais, les rires, les moqueries, la tenue indécente de certains colons furent en quelque sorte approuvés par la présence du chef de l’État-major. Ce jour-là, sans la moindre apparence de raison, sans l’ombre d’un respect pour la femme qui était la Reine, nous bafouâmes publiquement la plus ancienne et la plus chère des traditions malgaches. Ranavalona abrégea la cérémonie et, rentrée dans ses appartements, elle fondit en larmes ». Et le chroniqueur Jean Carol de poursuivre dans ses écrits : « Dix jours après l’affront du Fandroune (sic), Ranavalona fut constituée prisonnière dans la partie du Rouve appelée Tsarahafatra, privée de toute communication avec ses dames d’honneur et les princesses de sa famille… Mon Dieu, si je pouvais intéresser mes confrères, je leur raconterais le martyre qu’endura la petite Reine de Madagascar durant ses trois mois de captivité dans le Palais où fut assassiné Radame, dans ce grand Rouve désert, peuplé de tombeaux et de fantômes, aux escaliers tortueux, aux recoins muets et sinistres qui suent la tragédie. S’imaginant que nous n’en voulions plus à sa couronne mais à son existence, elle vécut cent jours et cent nuits dans l’épouvantable angoisse d’un bruit de pas qui s’approche, d’une porte qui va s’ouvrir, d’une tenture qui remue… » Le 27 février 1897 à 20 heures, le commandant Gérard accompagné de l’officier du Palais Rasanjy se rendit à Tsarahafatra, et donna à la Reine quatre heures pour faire ses bagages, avec interdiction absolue d’emporter les attributs de la royauté. Elle devait partir seule, sa sœur Rasendranoro et sa nièce Razafinandriamanitra devant la rejoindre par la suite. À deux heures du matin, à l’abri des regards dans un filanjana aux capotes baissées, elle quittait le Rova sous une pluie battante, pour Toamasina. Le 11 mars, le Lapérouse l’emmenait pour un voyage sans retour à destination de La Réunion d’abord, d’Alger ensuite où elle « tournera le dos » en 1917. [caption id="attachment_79826" align="alignleft" width="200"] La couronne de Ranavalona Ière, disparue du palais d’Andafiavaratra dans la nuit du 3 au 4 décembre 2011, figurait parmi les objets royaux
exposés à Manjakamiadana
avant le 6 novembre 1995.[/caption] Offense Le 3 mars 1897 par arrêté N°433, le Résident général de France déclarait la royauté « inutile ». Un autre arrêté portant le N°435 installait trois nouvelles entités dans le Palais de la Reine : l’école Le Myre de Vilers, un musée commercial, et un musée historique. L’inauguration de l’école eut lieu le 20 avril lors d’une cérémonie précédée de La Marseillaise. Elle occupait la grande salle du rez- de- chaussée transformée en amphithéâtre pouvant contenir 300 élèves, et cèdera plus tard la place à l’Histoire naturelle, quand la vocation exclusivement muséographique des lieux se confirmera. Concernant ce musée du Rova, les objets de valeur trouvés dans les tombes d’Ambohimanga lors du transfert des restes royaux constituèrent une partie du fonds. La Salle du Trône au premier étage de Manjakamiadana reçut la collection des lits royaux et des filanjana. On mentionnera tout particulièrement le lit de parade de Radama 1er plaqué d’argent, et celui de Rasoherina en velours bleu tissé d’arabesques en argent. Le filanjana de Ranavalona 1ère pour sa part était si volumineux qu’il fallait cinquante personnes pour le porter. Sans qu’on puisse se l’expliquer, un espace y était réservé… aux Comores. Le deuxième étage fut pour sa part affecté aux Beaux-arts. Du côté des palais annexes, Manampisoa fut réservé aux objets personnels les plus caractéristiques des souverains, pour ne citer que les pistolets, la tabatière, et le cahier d’écriture de Radama 1er dans la salle 2, une soupière d’argent, les couronnes et… le sabre de Ranavalona 1ére dans la salle 3. N’avait-elle pas averti sa cour et ses sujets qu’elle se comporterait comme un homme ? La salle 8 était celle de Ranavalona III. Parmi les objets qui y étaient exposés figuraient de nombreuses horloges, des Bibles et livres de cantique, ainsi que des couronnes et des sceptres. Mais la plus grande offense à la sacralité du Rova a été l’affectation du Temple à l’ethnographie. Le 20 juillet 1869 pourtant, Ranavalona II avait scellé dans la première pierre de cette chapelle royale un parchemin disant notamment : « J’ai édifié cette maison de pierre pour qu’elle soit consacrée à la prière, à la louange, et au service de Dieu le Roi des rois, et le Maître des maîtres…Ainsi j’ai signé de ma propre main et mis le cachet de mon royaume ». Signé Ranavalomanjaka, Reine de Madagascar. [caption id="attachment_79825" align="alignleft" width="300"] Le commissaire européen Louis Michel (à dr.),
avec le président de la Commission africain Jean Ping
et le Président burkinabè Blaise Compaoré (à g.),
lors de l’ouverture du forum Média et développement,
en septembre 2008.[/caption] Rétro pêle-mêle En ce jour d’après le 3 mai, une date importante pour la presse, il est opportun de se souvenir du forum tenu en 2008 à Ouagadougou sur le thème « Média et Développement ». Organisé conjointement par l’Union européenne et l’Union africaine, il a vu la participation active de plusieurs professionnels ainsi que de responsables politiques. Comment avoir les moyens de favoriser l’émergence de média de qualité, libres, et leur faire jouer un rôle plus marqué et déterminant dans le développement du Continent ? Selon le Président du pays-hôte, « il y a surtout de la part du pouvoir public une nécessité de créer un environnement plus favorable, pour que les média s’assument mieux sur les questions de développement ». Le Forum s’est engagé à élaborer à court terme une Charte sur les droits et devoirs des média. D’après le commissaire européen Louis Michel, cette Charte serait une référence que les États seront invités à ratifier, et qui aura véritablement valeur d’obligation pour ces États. Il a également été décidé la création d’un portail panafricain pour tous les média, ainsi que la mise en place d’un observatoire qui servira de médiateur dans les contentieux touchant les média. Le problème est malheureusement qu’il y a un monde entre les résolutions prise s autour d’une table, parfois dans une euphorie bien éphémère, et les réalités vécues sur le terrain. [caption id="attachment_79830" align="alignleft" width="300"] La petite île de Gorée, au large de Dakar, est devenue le symbole de la traite des Noirs, qui pendant trois siècles a envoyé des millions d’esclaves vers les Amériques.[/caption] Condition humaine - L’esclavage, une page toujours pas refermée Il faut malheureusement se rendre à l’évidence : beaucoup, parmi les iliens que nous sommes, continuent à avoir la mer comme limite de leur vision du monde, dans l’espace comme dans le temps. Ils n’ont par exemple rien compris au sauvetage des domestiques émigrées au Koweit, « personne n’ayant obligé ces bonnes femmes à aller là-bas. Elles n’ont eu que ce qu’elles méritent, d’autres priorités existent au pays ». Comme si ce n’était pas du devoir de tous les gouvernements du monde de se préoccuper du sort de leurs ressortissants où qu’ils soient ! Et ce d’autant plus qu’il s’agissait d’un cas mondialement reconnu d’esclavage moderne, dont seul le mode de « recrutement » des victimes a changé par rapport aux siècles précédents. La maltraitance, une fois au pays de destination, est restée la même, a même empiré. Ce n’est pas la première fois que l’esclavage, véritable crime contre la dignité humaine, a sévi dans l’histoire de Madagascar. Nous avons déjà parlé des esclaves razziés dans toute l’Imerina pour aller travailler les champs de La Réunion. Un dernier regard sur la terre des ancêtres à Ampamoizankova, et c’était le grand départ en aller simple. Sudel Fuma, historien et vice-doyen de la Faculté des Lettres de La Réunion, tragiquement disparu en mer, avait pu remonter sa généalogie jusqu’à son ancêtre Eugène dont la mère était arrivée de Madagascar en 1785. Sur sa fiche de recensement figurait la mention : peau claire, cheveux lisses. Sans commentaire… [caption id="attachment_79831" align="alignright" width="300"] Le rapatriement sans gloire des travailleuses malgaches du Koweit,
où elles ont enduré une forme d’esclavage moderne.[/caption] Le Sénégal a fait de l’Île de Gorée un véritable mémorial avec notamment la Maison des esclaves et la « Porte du non-retour » par laquelle on embarquait de véritables troupeaux humains. À Madagascar on préfère avoir la mémoire courte, et laisser le passé au passé … Difficile à croire, mais dans un pays comme la Mauritanie, l’esclavage n’a été éradiqué que dans les années 1980, mais on constate que plus on s’éloigne des villes, et plus les séquelles se font encore sentir. Le 10 mai 2001, le Parlement français adopte une loi assimilant l’esclavage à un crime contre l’humanité. Outre-Manche, 2007 a été déclarée Année de la commémoration du Bicentenaire de la traite négrière. C’est en effet le 25 mars 1807 que l’Angleterre a aboli la Traite, précédée en cela par la France (1794) avant que Napoléon ne la rétablisse en 1802. Une autre déviation de l’esclavage dans le monde moderne est l’exploitation sexuelle. D’après des statistiques parues il y a dix ans de cela, il y aurait en France quelque vingt mille prostituées dont 75% sont d’origine étrangère. D’un engagement qu’on leur impose à un autre, elles arrivent facilement à un total à rembourser pouvant atteindre les 50 000 dollars. Autant dire un montant hors de leur portée, qui les condamne au trottoir jusqu’à ce qu’elles soient hors service… [caption id="attachment_79829" align="alignleft" width="300"] Muslim worshippers pray and circumambulate around the Kaaba, Islam's holiest shrine, at the Grand Mosque in Saudi Arabia's holy city of Mecca on August 25, 2018. (Photo by BANDAR ALDANDANI / AFP)[/caption] Régions - Raminia, de La Mecque à Taolagnaro Raminia est un personnage des légendes musulmanes malgaches, que presque toutes les tribus islamisées de l’Est et du Sud-Est considèrent comme leur grand ancêtre. Madagascar, en effet, aurait connu trois vagues de migrations communément classées comme « arabes », à savoir : -celle des Zafe-Hibrahim se disant descendants d’Abraham, qui peuplèrent le Nord et le Centre-Est, depuis le Sud de Toamasina jusqu’à la Baie d’Antongil. -celle des ZafindRaminia ou descendants de Raminia, que Flacourt situe aux environs du XIIème siècle. -celle des Zafinkazanambo, envoyés par le calife de La Mecque pour instruire ces peuples lointains. Raminia eut une naissance glorieuse annonçant son extraordinaire destinée. D’après les légendes recueillies auprès des tribus du Sud-Est, il était un grand prophète qui ne tenait pas son origine d’Adam comme les autres hommes, mais aurait été créé de Dieu à la mer, soit qu’il l’ait fait descendre du ciel et des étoiles, soit qu’il l’ait créé de l’écume de la mer. Cette naissance par association de l’eau et du feu se retrouve aussi dans la mythologie indo-iranienne qui la réserve aux élus de Dieu., aux « Kavi ». Il aurait fait deux voyages à Madagascar, dont le premier avec son frère cadet Racoube ou Andriandrakovatsy. Celui-ci tenta plus tard d’usurper ses terres pendant son absence, et dut s’enfuir vers le Nord. De là Racoube s’enfonça à l’intérieur des terres où il épousa une Vazimba, et on n’entendit plus jamais parler de lui. Raminia pour sa part s’appliqua à organiser son royaume. Quand ce fut fait, il le confia à ses enfants et rentra à La Mecque où il resta jusqu’à sa mort. Lettres sans frontières - Une sagesse éternelle À la différence des autres grands courants spirituels, l’hindouisme ne dérive pas d’un fondateur particulier. C’est une conception unique d’ordre spirituel et social reposant sur quelques notions fondamentales : la reconnaissance d’un Absolu suprême à la racine de tout, Esprit-Conscience-Énergie universel, la réalité de la vie spirituelle et sa primauté sur tout ce qui est temporel, l’évolution à travers des incarnations successives suivant la loi du Karma. Quand la brise caresse doucement les délicates fleurs Et que les frondaisons résonnent du chant des boulbouls, Une rivière de beauté inonde mon cœur Entrainé dans une exquise joie Gita Govinda Il n’y a jamais eu un temps où je n’étais pas, ni toi, Ni ces chefs des hommes, Et il n’y aura jamais un temps futur Où nous cesserons d’être Bhagavad Gita Respecte tout ce qui vit Mahavira Mon ciel est partout, Je suis heureux partout, Il y a Félicité pour moi partout Yoga Vasishtha Comme dans la graine l’arbre existe Avec ses feuilles, ses fleurs, ses branches, Fruits, troncs et racines, Ainsi ce monde existe en Brahman Yoga Vasishthat Je suis le commencement, la durée de la vie, et la fin de tout… Radieux comme le soleil, comme le feu, flamboyant, sans limite Bhagavad Gita De l’irréel conduis-moi au Réel De l’obscurité conduis-moi à la Lumière De la mort conduis-moi à l’Immortalité Prière védique
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