Législatives - Pré-campagne sur fond d’anarchie


Faute de cadrage légal, les candidats députés s’adonnent abondamment à la précampagne. La plupart des activités faussent le regard sur le rôle premier des députés. Carte blanche. À l’instar de l’élec­tion présidentielle, le constat est que la précampagne en vue des élections législatives du 27 mai, devient hors de contrôle. En l’absence de balises législatives claires et précises, les prétendants à siéger à l’Assemblée nationale rivalisent de stratégies de communication pour affirmer leur présence sur terrain et charmer leurs électorats. Dès l’officialisation de leur investiture par leur formation politique pour certains, ou l’officialisation de leur candidature par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), pour d’autres, les participants à la députation investissent la scène politique depuis plusieurs jours. Entre les incon­tournables actions sociales et les figurations aux événements publics ou les commémorations de dates historiques, l’usage des réseaux sociaux et les matraquages médiatiques ont la côte. Dans un communiqué publié le 26 mars, la Haute cour constitutionnelle a crié haro contre ce qu’elle qualifie de « dérive », de la part des participants à la course pour la députation. « Tout usage des moyens de propagande électorale prévus par l’article 92 de la loi organique relative au régime général des élections et des référendums est interdit avant l’ouverture officielle de la campagne », soutient la HCC. La Cour d’Ambohidahy fustige surtout, « les activités publicitaires dans les différents médias audiovisuels, écrits et électroniques ». Une mise au point faite par la CENI sur sa page Facebook, lundi, semble, toutefois, avoir désinhibé les candidats et leurs partisans. Apportant des éclairages sur la différence entre « campagne électorale, campagne avant l’heure et précampagne », Thierry Rakotonarivo, vice-président de la CENI, a indiqué que la seule limite en « précampagne », est d’inciter directement ou indirectement les électeurs à voter ou à ne pas voter pour un candidat, sinon il s’agit de « campagne avant l’heure ». Incitation au vote La campagne avant l’heure « est interdite par la loi et peut entraîner l’annulation totale des voix d’un candidat ou d’une liste de can­didats », affirme Thierry Rakotonarivo. Le vice-président de la Commission électorale affirme que lors de « la précampagne », les candidats « peuvent user de tous les moyens pour faire connaître leur candidature. Que ce soit par le biais de meetings, de tournées politiques, d’affichages, ou par voie de presse ». Le commissaire électoral ajoute que les participants à la joute électorale peuvent d’emblée utiliser leur numéro sur le bulletin unique. S’agissant des actions sociales des candidats, par exemple, le membre de la Commission électorale parle « d’animation de la vie politique ». Un précepte prévu dans les dispositions légales comme étant le rôle des politiciens, souligne-t-il. Là où le bât blesse, toutefois, est que la large majorité des candidats n’ont animé la vie politique qu’une fois leur prétention confirmée. C’est avec leur étiquette de candidat qu’ils s’adonnent donc, aux organisations de compétition sportive, ou font des dons et multiplient les tournées et les meetings politiques. Marc Ravalo­manana, ancien chef d’État, par exemple, fait une tournée dans les circonscriptions électorales pour présenter le candidat du « Tiako i Madagasikara » (TIM). Quand il scande « c’est notre seul candidat, le seul qui a eu ma bénédiction. Je ne connais aucun autre candidat que lui », il semble s’agir de propos incitatifs à destination des électeurs. Une formule matraquée, également, par les candidats du camp présidentiel qui s’enorgueillissent de l’adoubement par le Président de la République pour supplanter leurs concurrents. Comme le soulignent les observateurs, dans un contexte électoral, bien que l’expression « votez pour moi », n’est pas lâché, chaque geste, chaque acte d’un candidat est une incitation à voter pour lui. Les actions de la majorité des candidats, par ailleurs, faussent la perception du rôle d’un député qui est un législateur. Bien qu’ancien ministre des Travaux publics, la réhabilitation d’une route n’est pas le rôle d’un candidat député. La précampagne qui n’est pratiquement pas règlementé pose, par ailleurs, un autre problème, la traçabilité des recettes et dépenses électorales des candidats durant cette période.  
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