Achat de drogue avec des ordonnances de Madagascar


Une Franco-malgache s’est munie d’ordonnances provenant de Madagascar pour acheter des boîtes d’Artane à Paris. Son procès a eu lieu, hier, à La Réunion. La quadragénaire se tient tête baissée à la barre du tribunal. À première vue, la petite femme n'a rien d'un trafiquant. Pourtant, la quantité de comprimés saisie en sa possession par la douane à l'aéroport Roland-Garros, La Réunion laisse place à beaucoup d'interrogations. Pas moins de 15 260 cachets ont été retrouvés dans ses bagages, le 1er avril dernier, alors qu'elle avait pris l’avion pour se rendre à Madagascar, via La Réunion, depuis l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Les douaniers avaient également retrouvé sur elle 131 ordonnances médicales, trois cartes SIM, deux passeports (un malgache, un français), ainsi que six téléphones portables. L'instruction a permis d'établir que la ressortissante franco-malgache s'est rendue dans quatre pharmacies parisiennes afin de se procurer les 763 boîtes d'Artane grâce à des ordonnances provenant de Madagascar. Selon ses explications, elle aurait agi ainsi à la demande d'un homme qu'elle connaissait à peine, un certain « Nani », responsable d'une association humanitaire, qui lui aurait affirmé qu'il s'agissait de médicaments pour soigner la population malgache. Hier, elle expliquait avoir payé de sa poche les cachets pour une valeur de 1600 euros. Naïveté Christophe Gourlaouen, au parquet, soulève un certain nombre de questions : « Comment quelqu'un en surendettement peut-il sortir 1 600 euros comme ça   » Il s'interroge aussi sur le voyage de la prévenue à la Réunion. Selon ses dires, celle-ci serait venue récupérer du matériel de plongée pour l'entreprise qu'elle a ouverte dans la Grande île. Seulement, elle n'a pas été en mesure de donner l'identité d'un éventuel fournisseur. Le substitut du procureur requiert trois ans de prison ferme à son encontre. « La naïveté de ma cliente ressort du dossier, plaide Me Judicaël Mangataye, pour la défense. Elle a été une mule malgré elle. Il y a aussi un souci avec les pharmaciens qui lui ont délivré ces médicaments. À Paris, quand on exerce une profession réglementée comme celle-ci, on devrait savoir qu'il s'agit d'un produit détourné de son usage ». Le conseil demande une peine proportionnée et en lien avec la personnalité de la prévenue. Le tribunal a, quant à lui, décidé de suivre les réquisitions du parquet. JIR
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