À toi qui…


À toi qui, de ton lit de mort, entendais s’approcher petit à petit les sourds pas de la faucheuse. Toi qui t’es dit tout bas que tu ne verras sûrement pas le crépuscule de l’année 2023. Mais tu es encore là. La grande dame s’est-elle finalement désistée ou est-ce toi qui as confondu la démarche de la mort et celle de la nouvelle année entrante ? À toi qui cherchais la faucheuse en te donnant la mort. Mais elle n’a même pas daigné te regarder. Comme elle est hautaine, comme elle te nargue. Toi qui voulais juste en finir et ne plus endurer une année de plus. À toi qui as prié pour que ton cœur cesse de battre pour ne plus avoir à être battu(e), pour ne plus avoir à endurer cette vie de merde, ces échecs, ces factures à ne plus en finir et qui te forcent à une vie d’esclave. À toi qui es à bout de souffle, le cœur brisé, la vie brisée, l’amour brisé en le/la voyant si heureux(se) sans toi et toi si misérable sans elle/lui. Pourquoi continuer une année de plus ? Tu voulais tellement trouver l’étreinte glaciale de la dame en noire mais elle n’a même pas voulu te frôler du regard. À toi qui, sur ton lit de mort, priais pour que 2023 ne t’oublie pas. Pour qu’elle te laisse une chance de plus pour que tu puisses te battre, vivre, rire, aimer. Car tu n’en as pas fini de ce combat et que même si la maladie t’a cloué au lit, tu es encore debout. À toi qui as cherché du travail. Tu te dis que si tu ne trouves pas du travail, le travail te trouvera sûrement tellement tu vas faire l’impossible pour mettre toutes les chances de ton côté. À toi qui cherches l’amour et qui croit fort que 2023 est la bonne année. À toi qui rêves d’un enfant depuis tellement longtemps. A toi qui rêves de construire ton foyer. A toi qui rêves d’une vie de liberté, de joie. Toi qui as toujours voulu avoir ton poids idéal. Toi qui veux voyager, voir le monde, découvrir d’autres horizons. Toi qui veux aller aux-delà des horizons et qui veux découvrir, revivre Dieu, la foi, la spiritualité, la paix intérieure. À toi qui veux continuer les études malgré l’âge, qui veux avoir un autre diplôme malgré les enfants, le temps qui est passé, les charges du quotidien. Toi qui veux juste claquer la porte à ton actuel travail qui te ruine l’âme et la santé pour te réinventer, ravoir ta vie. À toi qui veux changer de ville, changer de compagnon/compagne ou juste goûter de nouveau la liberté du célibat, redécouvrir la joie d’être seule. À vous qui ne vous aimez plus depuis fort longtemps, qui faites semblant tout en se ruinant l’âme l’un l’autre pour préserver les autres. À toi qui ne rêves plus depuis… depuis… depuis tant d’années que tu ne te souviennes plus de qui tu es, qui tu voulais être, de ce que tu veux être. Toi qui veux faire du yoga, du sport, de la danse, faire un marathon. Toi qui veux te raser le crâne, te teindre les cheveux ou, au contraire, cesser de se teindre les cheveux, en signe de rébellion. Toi qui rêves depuis toujours de ce tatouage mais qui n’a jamais osé à cause des « que dira-t-on ? ». À toi qui dois re-vivre maintenant car les morts seront contents de ne plus être la cause de tes chagrins. À toi, bonne année. L’année sera ce que tu en feras. Tu as le choix de ce que tu vas écrire dans ce nouveau chapitre de ta vie. Alors, mange, prie, aime. Une pensée à Veve Prince parti pour un monde meilleur le jour de l’an, le jour de son anniversaire. À toi qui as toujours été là pour les autres, la jeunesse malgache. À toi qui t’es battu avec dignité et amour jusqu’au bout. Puisse ton âme s’envoler en paix. Puisse ta famille trouver la sérénité.
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