Trafic d'or - L’affaire Comores piétine


Jusqu’ici, il n’y a pas de communication officielle sur l’affaire de l’or saisi aux Comores. Deux Malgaches figurent parmi les présumés trafiquants et les informations sont confuses sur le lieu de départ d’un avion privé loué par les présumés contrebandiers. Silence radio. Jusqu’à l’heure, les autorités malgaches restent muettes concernant l’affaire des 49 kilos d’or saisis aux Comores, avec l’arrestation de trois présumés contrebandiers, dont deux Malgaches. Le Pôle anti-corruption (PAC), d’Antananarivo est la seule entité à avoir réagi sur ce trafic d’or présumé. Cette entité judiciaire a ouvert une instruction sur cette affaire. Aux multiples questions de la presse, toutefois, Solofohery Razafindrakoto, procureur du second degré du PAC d’Antananarivo, requiert jusqu’ici, «la patience en attendant que l’enquête fournisse des éléments concrets». À entendre le magistrat, l’instruction table sur des hypothèses. Une des hypothèses retenues par la juridiction anticorruption et l’ayant amené à ouvrir une instruction est que les 49 kilos d’or saisis à l’aéroport international de Moroni, le 28 décembre, viennent de Madagascar. Le fait que deux Malgaches soient parmi les trois personnes arrêtées en est le socle. Selon les réponses du procureur du second degré du PAC, toutefois, «nous aurons certainement des informations plus précises sur les origines de cette cargaison d’or une fois que nous aurons interrogé ces présumés trafiquants». Une demande d’extradition des deux Malgaches a été envoyée aux autorités comoriennes, le jour même de leur arrestation. La procédure serait toujours en cours. En attendant, la gendarmerie comorienne poursuit l’enquête sur l’affaire de l’or saisi. Outre les trois larrons appréhendés le 28 décembre, le directeur général des aéroports des Comores et un ancien receveur des douanes basé à Anjouan sont également happés par le dossier d’après La Gazette des Comores. Il y a eu également des perquisitions. Si les investigations semblent avancer aux Comores, à Madagascar, il n'y a toujours rien. Il n’y a même pas de communication officielle sur d'éventuels échanges d’informations avec les autorités comoriennes sur le dossier. La douane malgache qui aurait ouvert une enquête, également, est toujours muette jusqu’à présent. [caption id="attachment_129148" align="aligncenter" width="553"] La Une de La Gazette des Comores parue hier.[/caption] Un même réseau? À en croire la presse comorienne, pourtant, l’or saisi à Moroni appartiendrait à un réseau de trafiquants dont «le big boss» serait basé à Madagascar. Toujours selon les informations rapportées par la presse locale, la cargaison saisie le 28 décembre pourrait n’être que la partie émergée d’un trafic d’or juteux impliquant ce réseau. Le Comorien arrêté aurait été déjà condamné dans une affaire de tentative d’assassinat d’un homme politique avant d’être gracié, selon la presse locale. La destination finale de la cargaison saisie à Moroni serait Dubaï. Pour joindre cette ville de l’émirat, les trois présumés contrebandiers arrêtés à Moroni ont affrété un avion privé. C’est au sujet de cet avion privé, justement, qu’il y a un grand flou. Au départ, il a été dit que l’aéronef venait de Dubaï pour récupérer les trois larrons. Ensuite, au fur et à mesure que l’enquête avançait, la presse comorienne a rapporté que l’appareil venait de Madagascar, avec à son bord l’un des deux Malgaches mis en cause dans l’affaire. Mahajanga serait le point de départ de l’avion privé qui devait transporter les présumés contrebandiers d’or jusqu’à Dubaï. À Madagascar, des sources proches des autorités chargées du contrôle et de la sûreté de l’aviation civile affirment que cela fait longtemps qu’il n’y a plus de vol transnational qui part de l’aéroport de Mahajanga. L’une des sources met un bémol, cependant, face aux différentes pièces indiquant des plans de vols qui circulent sur les réseaux sociaux, depuis une semaine. À l’Aviation civile de Madagascar (ACM), les responsables sont particulièrement regardant sur tout ce qui est vol privé, ajoute une autre source. Surtout depuis que son ancien direc teur général a é té mis en cause dans l’affaire des 73 kilos d’or saisis en Afrique du Sud, le 31 décembre 2020. La contrebande d’or présumé déjouée à Moroni rappelle en effet celle de Johannesburg. Trois Malgaches y sont en détention, depuis. Ils attendent la décision des autorités sudafricaines quant à la demande de leur extradition. Ces trois présumés contrebandiers détenus en Afrique du Sud, eux aussi, avaient loué un avion privé pour amener leur cargaison de métal jaune à Dubaï. Selon Solofohery Razafindrakoto, le PAC d’Antananarivo retient aussi l’hypothèse que les présumés trafiquants détenus en Afrique du Sud et ceux arrêtés aux Comores feraient partie du même réseau. «Il a été décidé de joindre les deux enquêtes. Nous verrons si ces deux affaires et les personnes qui y sont impliquées ont un lien ou non entre elles», indique le procureur du second degré du PAC d’Antananarivo. La question sur l’hypothèse que les deux équipes de présumés contrebandiers d’or auraient emprunté des aéronefs d’une même compagnie a également été posée au magistrat. «Il y a plusieurs choses qui se disent, mais seule l’enquête déterminera le vrai du faux», réplique-t-il, toutefois.
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