Grandes mines - Base Toliara et Kraoma SA, toujours dans l’impasse


À part la refonte du Code minier, Christian Ntsay, Premier ministre et ministre des Mines et des ressources stratégiques, a deux dossiers chauds sur son bureau. Base Toliara et Kraoma SA. Il est peut-être temps de trancher. Avec sa double-casquette, Christian Ntsay semble avoir les épaules assez larges et les coudées assez franches pour prendre et surtout imposer une décision cruciale. Autoriser Base Toliara à exploiter le gisement d’ilménite de Ranobe ou interdire de façon définitive le projet en question, Toliara Sands. Les pro-Base Toliara mettent en avant les millions de dollars à être investis avec les retombées économiques d’une telle pluie financière. Pour ne citer que les nombreuses créations d’emplois directs et induits. Les antis font valoir des arguments culturels liés aux traditions, aux us et coutumes des populations concernées. Tout en laissant entendre les éventuelles dégradations de l’environnement par l’exploitation proprement dite. Les deux camps s’affrontent par médias interposés. À coups de communiqués et de conférences de presse à n’en plus finir. Il s’agit bien d’une grosse épine au pays du cactus, plantée sur les pieds des dirigeants. Dans la mesure où, parmi les protagonistes en première ligne du conflit, se trouvent des membres de la mouvance présidentielle. La prise de position du gouvernement, penchant dans un sens ou dans un autre, peut froisser et frustrer les perdants de cette lutte sournoise. D’autant que Marc Ravalomanana, sentant qu’il y a des voix à récupérer ou à piocher dans cette partie du pays où sévissent la famine et la malnutrition chronique, y tente une percée à visée électoraliste. Machination Pour Kraoma SA, l’urgence serait de trouver un partenaire à même d’acheter le chrome produit depuis l’usine d’Andriamena. Après le départ des Russes de Ferrone-mining. Un moment, au mois de septembre, la direction générale sous la houlette de Nirina Rakotomanantsoa, a partagé sur les réseaux sociaux, un clip de quelques minutes, pour attester la reprise effective des activités de la Kraoma SA. Avec des exportations vers la Chine. Mais des employés n’y croient pas trop. Ils parlent même d’une « machination » pour faire bonne figure devant Christian Ntsay. Très remonté à sa prise de fonctions en tant que ministre par intérim des Mines et ressources stratégiques. Contre le laxisme et le relent de corruption dans ce département qui a l’allure d’un terrain infesté par des charges explosives. Mais les constatations des cadres supérieurs de la Kraoma SA prêtent plutôt à l’optimisme. « L’exploitation du minerai du chrome sur trois sites par la société nationale Kraoma, devait être le fer de lance de l’économie. Hélas, cette entreprise fait face aujourd’hui à d’énormes difficultés financières. Sans que des solutions crédibles et valables ne soient avancées (validées) par les autorités pour la sortir de l’ornière» avance l’un d’eux. Il poursuit ses explications. « Du gâchis. Voilà le moins que l’on puisse dire de la situation actuelle de la Kraoma, une société d’État qui exploite et exporte du chrome. À elle seule, pourtant, elle peut être un important levier du développement économique du pays. Deux chiffres résument les difficultés accusées et accumulées par la Kraoma au fil des années. 39 milliards d’ariary de pertes et 1 450 000 dollar d’impayés salariaux. Mauvaise gestion, mauvais choix sur la stratégie à adopter, accord douteux avec des partenaires tout aussi peu crédibles, vache à lait des régimes en place. Ce sont autant des raisons et des motifs ayant conduit la Kraoma SA au bord du précipice de la faillite aujourd’hui. Mais des techniciens sont convaincus qu’avec un plan de relance cohérent dans ses objectifs, Kraoma SA peut remonter très vite la pente. Car le montant de ses dettes n’est pas aussi colossal que cela par rapport au fonds minier à constituer (et à la bonne volonté du propriétaire en tant que Société Anonyme)». Ils donnent ainsi des pistes de réflexion aux principaux décideurs. En tout cas, ce sont deux sources de revenus pour l’État. À négocier avec subtilité.
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