NAINA ANDRIANTSITOHAINA - « Les caisses de la CUA sont à sec »


Durant une émission spéciale diffusée jeudi, le maire d’Antananarivo a affirmé que la trésorerie communale est à sec. Raison pour laquelle la CUA s’applique à optimiser la collecte des taxes, explique-t-il. Il n’y a pas de magie. “Je ne suis pas un magicien et mes collaborateurs non plus”, déclare Naina Andriantsitohaina, maire de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA). Des mots pour dire que sans approvisionnement de sa trésorerie, essentiel­lement par les taxes, la commune ne pourra pas travailler correctement. Durant cette sortie médiatique, le premier magistrat de la capitale a lâché une bombe. “Les caisses de la commune sont à sec”, affirme-t-il. En cause, à entendre ses explications, la CUA n’a pas effectué de perception des principales taxes depuis près de trois ans, à cause de la crise sanitaire. Naina Andriantsitohaina reconnaît que “durant les quatre ou cinq derniers mois, les finances de la commune se sont asséchées. Il n’y a plus d’argent pour travailler”. Ce qui explique pourquoi les autorités municipales s’appliquent à optimiser la collecte des taxes. L’Impôt foncier sur la propriété bâtie (IFPB), a notamment été discuté en long et en large durant cette sortie médiatique du maire d’Antanana­rivo. Un sujet explosif qui crispe sensiblement les habitants de la CUA, au point qu’il a fallu que le conseil municipal opte pour des abattements fiscaux. Cet objectif d’optimisation de la collecte des taxes est le motif de la digitalisation mise en branle dans la gouvernance financière de la CUA, explique le maire. “Il est nécessaire d’améliorer la perception des taxes”, martèle-t-il, en insistant également sur le fait “qu’il y a un lien direct entre les taxes et les activités de la commune”. Deux exemples ont été évoqués durant la sortie médiatique de l’édile de la capitale, la collecte des ordures et la réfection des routes. L’amoncellement des ordures dans pratiquement tous les quartiers d’Antana­narivo est de plus en plus insupportable. Pareillement pour l’état catastrophique des routes communales qui deviennent des bourbiers ou des petits lacs en ces temps de pluie. S’agissant des routes, le maire Andriantsitohaina reconnaît que la CUA n’a plus les moyens pour la réfection ou l’entretien des routes. S’agissant de la collecte des ordures, il indique que la Société municipale d’assainissement (SMA), est sous perfusion. Optimisme Le locataire de l’hôtel de ville sis à Analakely souligne la corrélation entre l’IFPB et la collecte des ordures. Aux contestations du paiement de l’IFPB donc, il réplique, “si vous refusez de payer cette taxe, la ville ne sera jamais propre”. Au sein de l’Impôt foncier sur la pro­priété bâtie, il y a les Rede­vances des ordures ména­gères (ROME), explique-t-il. Pour donner une idée de l’importance du ROME, le premier magistrat de la capitale indique que la SMA a besoin de 800 millions d’ariary par mois. Sur ces 800 millions d’ariary nécessaires pour la collecte des ordures dont 200 millions d’ariary pour payer les locations des camions. Outre la question du carburant qui pèse encore plus lourd depuis la hausse des prix, les salaires du personnel et l’entretien de ses équipements, la SMA doit aussi travailler avec des prestataires, à cause du manque de véhicules. Un accord avec l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), signé en juin est censé y apporter une solution durable. Seulement, l’opérationnalisation ne devrait être que pour 2023, note Naina Andriantsitohaina. Face à l’urgence de la collecte des ordures, la CUA, selon le maire, a décidé de mettre à contribution des marchands. À partir de la semaine prochaine, ils se chargeront de la collecte et du transport des ordures des marchés vers Andralanitra. L’argent prévu pour payer les prestataires de la SMA sera alors affecté au paiement journalier des locations des véhicules des marchands qui participeront à la collecte et au transport des ordures. Optimiste, Naina Andriantsitohaina affirme qu’en 2023, la situation dans la commune s’améliorera. Durant l’interview diffusée jeudi, l’impopularité des initiatives de la CUA a été soulignée. Un point qui pourrait être handicapant à une année de la fin du mandat du maire Andrian­tsitohaina. Surtout qu’il a déjà fait part de son intention de briguer un second mandat. Il me reste encore un an de mandat. Ma priorité pour l’instant, c’est de travailler.
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