Révision de la liste électorale - Indifférence générale de la population


La période de révision annuelle de la liste électorale démarre. Il s’agit d’une étape importante pour la crédibilité de tout processus électoral, mais qui fait face à un désintérêt citoyen. MOBILISATION générale. C’est ce que la Commission électorale nationale indépendante (CENI), souhaiterait voir en cette période de révision annuelle de la liste électorale. Le but est d’éviter qu’à l’instar des années précédentes, la réouverture du registre des électeurs se fait dans l’indifférence générale. La loi organique sur le régime général des élections et des référendums, prévoit que la révision annuelle de la liste électorale se déroule du 1er décembre au 15 mai. Au regard de l’ambiance dans laquelle démarre cette période de révision du registre des électeurs, la CENI pourrait difficilement parvenir à la mobilisation générale escomptée. Le coup d’envoi officiel donné lors d’un événement organisé à Fianarantsoa, mardi, est passé presque inaperçu. Outre le travail des chefs Fokontany et de ses collaborateurs, le bon déroulement de ce processus nécessite l’implication de chaque citoyen. Rien qu’une erreur dans la retranscription du nom, ou du numéro de Carte d’identité nationale (CIN), d’un électeur peut, en effet, vicier la fiabilité de la liste électorale. Aussi, la CENI martèle la nécessité pour chaque citoyen de vérifier auprès des bureaux de Fokontany leur inscription dans le registre des électeurs et l’exactitude des informations les concernant qui y sont retranscrites. Quelle que soit l’ampleur des opérations de sensibilisation déployées, la CENI a toujours eu des difficultés à mobiliser les citoyens pour s’inscrire ou vérifier leur inscription dans la liste électorale. Une opération d’autant plus difficile lorsque, comme c’est le cas actuellement, il n’y a pas d’échéance électorale dans la ligne de mire. « Kara-pokontany » Pour lui prêter main forte dans la mobilisation citoyenne en période de révision de la liste électorale, la CENI lance systématiquement un appel aux partis politiques et aux organisations de la société civile (OSC). Là aussi, les renforts escomptés répondent rarement présents. À chaque élection au suffrage universel direct, pourtant, les failles de la liste électorale sont quasi-systématiquement de contestations crisogènes et de remise en cause de la crédibilité des résultats du vote. Les défaillances de la liste électorale ne se révèlent au grand jour qu’au moment des votes. S’ils trainent les pieds durant la période de révision du registre des électeurs, citoyens, OSC et partis politiques ne tarissent pourtant, pas de critiques et de contestation en martelant ces failles. À l’allure où vont les choses, le prochain rendez-vous électoral majeur sera la présidentielle de 2023. « Pourquoi ne pas profiter de cette période d’accalmie électorale pour penser à la meilleure solution pour améliorer la liste électorale ? », avance un ob­servateur. Maître Hery Rako­tomanana, président de la CENI, martèle que le passage de l’alphanumérique à une liste biométrique devrait résoudre les problèmes comme les doublons. Etant donné le manque d’engouement des citoyens à s’y inscrire, l’usage de la technologie pourrait ne pas suffire. En début d’année, la CENI a révélé que plus d’un million de la CIN ont des numéros similaires. Une bourde monumentale des autorités administratives qui impacte sur la fiabilité du registre des électeurs. A part les efforts des acteurs électoraux, une liste des électeurs fiable et exhaustive implique aussi, un engagement étatique, jusqu’à la base de ses services déconcentrés. Conjuguer la révision du registre électoral et un recensement de la population pourrait être une piste crédible. Au plus fort de la crise sanitaire et face aux désorganisations de la distribution des aides sociales, Andry Rajoelina, président de la République, a annoncé le remplacement des carnets de Fokontany. Le « kara-pokontany » 2.0, présenté par le chef de l’État, en août, devrait contenir toutes les informations concernant chaque ménage et chacun de ses membres. Il devrait permettre l’identification de chaque citoyen à la base. Cela pourrait être une alternative au recensement général et être bénéfique pour la liste électorale. Sa concrétisation se fait, toutefois, attendre.
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