Portrait - Un policier linguiste redéfinit le sens des mots


Clovis Louis Ralaivola, un commissaire de police « linguiste » qui aurait eu 100 ans aujourd’hui jour pour jour, a expliqué l’origine et le sens des mots. Il est né le 3 décembre 1918 à Andoasoamahainty, à 7 km du district d’Ambohima-soa et a fait partie d’une troupe qui a parcouru à pied Ambohimasoa-Fianarantsoa pour décrocher son premier diplôme. Après avoir travaillé au service des Mines dans le district d’Antanifotsy, il a réussi sur concours à devenir fonctionnaire et rejoint son poste d’inspecteur de Police à Nosy Be Hell-Ville. Mais lors de son affectation à Vohémar où il y ouvre le premier commissariat de police en 1962, le policier démontre son amour pour les lettres et les langues en rédigeant des articles et des poèmes sur divers thèmes. Les recherches sur les lettres et les langues lui ouvrent les portes de l’Académie malgache où il devient le vice-président de la section linguistique de l’établissement. Clovis L. Ralaivola redéfinit le sens profond de certains mots et en a fait un recueil. Le sens étymologique de « Rasikajy », premiers habitants de Vohémar au XIIIe siècle a été étudié avec Pierre Vérin, un linguiste français. « Les Rasikajy peuvent alors correspondre à la locution dialectale tsy kazo (infatigable) », écrit le policier linguiste. Comme le relatent certaines analyses, « cette version est d’autant plus vraisemblable que l’art de tailler des ustensiles dans du chloristoschiste exigeait beaucoup de patience, de soins, de répétitions, surtout à une époque où les outils étaient encore rudimentaires ». Traducteur L’académicien relie le terme « hova » à d’autres mots qui traduisent l’idée d’indépendance et de liberté… Cette explication des sens et de l’origine des mots se retrouve également dans les mots « manga » et « fotsy ». « La couleur bleue, « manga », est, dit-on, en honneur à Madagascar. Aussi sert-elle à qualifier l'élite, « olomanga» (hommes bleus) ou la belle voix, « manga feo » (voix bleue). Des pourparlers positifs sont des causeries bleues, « manga ny resaka ». Un quartier ou un village exposé au bon vent s'appelle « mangarivotra » (vent bleu), bel air . Il écrit par ailleurs des articles d’analyse ou de commentaire sur «le Code des 307 articles » de la reine Ranavalona II, « La bourgeoisie », « Les Sakalava », « Les Merina » ou encore des études approfondies sur les relations entre la langue malgache et le swahili. Rédacteur du Bulletin de l’Académie malgache et l’ancien quotidien Madagascar Matin, Clovis Louis Ralaivola a été le premier traducteur national de la Police nationale. Sa fonction de commissaire de police n’a jamais été délaissée pour autant, le commissaire-linguiste figure parmi les rares policiers qui ne versent pas facilement dans la colère durant une enquête. Sa vie se termine le 24 septembre 1985 à l’âge de 67 ans, mais son oeuvre restera à jamais indélébile dans le cœur de ses six enfants et seize petits-enfants.  
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