Antanimena - Les fils d’un général de la Primature sèment la terreur


Un avocat a été roué de coups et menacé à l’arme automatique en pleine rue par les fils d’un général, directeur de la sécurité auprès de la primature. Le premier ministre est intervenu. La loi de la jungle. Une violence mêlée de barbarie a eu lieu à Anta­nimena, tout près de la discothèque le Taxi-Be. Avant-hier à l’aube, l’avocat Aly Roma a enduré en pleine rue, devant des témoins pantois, des traitements cruels, inhumains et dégradants, perpétrés par trois individus. De source auprès de la gendarmerie, deux des tortionnaires sont les fils d’un officier général de l’Armée malgache, directeur de la sécurité auprès de la primature. Militaire de carrière, le plus violent des trois sert au Bataillon de Sécurité de la Primature (BSP), qui l’a préposé à la protection d’une haute personnalité en tant que garde du corps. Dans une vidéo suscitant émoi et colère, prise par un témoin oculaire et publié sur facebook, le garde du corps assomme l’avocat d’un coup de pied en pleine figure, avant de le frapper à la tempe de coups de crosse d’arme de poing. Sous la menace du pistolet automatique, lequel serait l’arme de service du militaire, l’avocat est couvert d’ insultes et sommé de s’agenouiller sur le bitume. « T’es le fils de qui ? Je ne crains personne… », nargue avec confiance le militaire, fils de général. Pendant la bastonnade, il a accusé l’avo­cat d’avoir roulé sur son pied. Dans l’enregistrement, le frère de celui-ci, de taille imposante, frappe lui aussi durement le juriste. À côté, le troisième compère semble rester dans l’expectative. En revanche, dans une autre vidéo prise un peu plus tôt à bord d’un véhicule, celui-ci se jette sur l’avo­cat tel un fauve en lui assénant coups de poing et coups de pied au ventre et à la poitrine. Face à ses agresseurs enragés, Aly Roma s’est plié sans opposer de résistance, leur obéissant au doigt et à l’œil. Son compagnon a fait profil bas, sombrant dans la peur et le silence, et s’est recroquevillé. Pétrifié, la face contre l’asphalte, ce dernier fuyait les regards des forcenés et évitait de les regarder en face. À une trentaine de mè­tres de lieu de l’agression gisait « l’épave » de la Citroën C4 de l’avocat. Le pare-brise a volé en éclats après que ses agresseurs l’ont broyé à coups de moellons. La partie avant est par ailleurs tout cabossée. Les deux camps se trouvaient dans la discothèque le Taxi-be avant que la virée nocturne ne dégénère. Des personnes sur place indiquent que le trio y avait déjà saccagé une table et battu un individu. Trafic d’influence La sidération a saisi les passants devant cette violence sans pareille. Un policier muni de Kalachnikov est intervenu sitôt alerté, mais l’imposant fils de général et son frère armé l’ont visé d’un geste menaçant, pour ensuite rengainer leur pistolet et montrer une carte professionnelle. Se faisant passer pour des victimes du blessé qu’ils accusent d’avoir tenté de les renverser avec son véhicule, les trois quidams ont signifié à la police d’embarquer celui-ci au commissariat de Tsaralalàna. Sur intervention de leur père, directeur de la sécurité de la primature, les forcenés ont pu quitter le commissariat sans être inquiétés, pendant que l’avocat sérieusement blessé a été entendu. Il a fallu que ses proches interviennent avant qu’il soit enfin évacué à l’hôpital. Après que la vidéo ait circulé et provoqué un tollé, le Premier Ministre Ntsay Christian a exigé qu’une enquête soit ouverte et diligentée sans ingérence. Il a, dans la foulée, suspendu l’officier général de sa fonction, pour prévenir tout trafic d’influence dans cette délicate affaire, nous a indiqué une source auprès de la police judiciaire. Le blessé, quant à lui, a porté plainte à la Section des Recherches Criminelles (SRC) de la gendarmerie nationale à Fiadanana. Dans la journée du samedi, l’officier général a remis lui-même aux enquêteurs l’un de ses fils. Celui qui tenait l’arme automatique pendant l’agression serait pour sa part sur son lit d’hôpital, souffrant d’une fracture de la jambe. Celui-là ,même que l’on voyait dans la vidéo infliger un coup de pied aérien à l’avocat. De son côté, le SRC a lancé les convocations. Les enquêteurs entendent se déplacer pour l’interrogatoire si le militaire ne se présente pas dans le délai imparti. Aux dernières nouvelles, les agresseurs vont eux aussi, porter plainte contre l’avocat.
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