Judicaël Ramangalaza - « L’exportation de vanille connait une ambiance moins animée »


Le maire de Sambava, Judicael Ramangalaza aborde les enjeux actuels de la filière vanille dans sa ville où l’or vert est réputé pour sa qualité. Maintenant où le kilo de vanille préparé exportable se vend à 250 000 ariary, on évoque la vente à perte. Il faut cinq kilos de vanille verte pour parvenir à un kilo de vanille préparée. Si le kilo de la vanille verte équivaut à 40 000 ariary et que le coût de revient d’un kilo de vanille préparée s’élève alors à 200 000 ariary, le vendeur ne gagne que 50 000 ariary de bénéfice. Il faudrait que le prix du kilo de la vanille prête à être exportée soit au minimum 300 000 ariary . Tout simplement, à côté de la valeur de la vanille verte, des coûts ont été engagés en surplus pour que la vanille soit préparée et exportable. Le problème actuel réside dans une crise de la demande. Et que faut-il faire face à ce problème? Les producteurs se disent victimes du prix d'achat de la vanille préparée par les exportateurs. L’idée selon laquelle l’Etat est en mesure de faire augmenter les prix se répand auprès des producteurs. L’État a certes fixé un prix minimal de 250 dollars pour le kilo exportable de vanille préparée mais avec le temps, la tendance vers l’entente s’accomplit entre le producteur qui cherche à écouler ses vanilles préparées et l’exportateur persuadé à en acheter pour honorer les demandes d’un importateur. L’ambiance est actuellement moins animée mais elle prendra une dimension basée sur des compromis personnels . En temps normal, tout le monde vient à Sambava , comme les opérateurs de la capitale et des autres régions, pour tirer profit de l’exportation de la vanille. L’opérateur ne réside pas forcément dans la ville mais reste en contact avec un négociant. Comment va se dénouer le problème de la chute des prix? L’offreur et le demandeur vivent tous les deux des recettes de la vanille. L’offreur ne peut pas manger sa gousse de vanille et cherchera par tous les moyens à la vendre. De même, le demandeur qui est d’abord l’exportateur s’efforcera à conclure un marché avec son fournisseur. Ce même exportateur se débrouille en même temps au préalable ou bien en temps de campagne d’exportation pour se trouver un acquéreur pour les vanilles achetées au producteur. Il faut préciser que ce producteur peut être juste le préparateur et en même temps, le planteur et le préparateur. C’est tout un cycle vital dont la vie de tous en dépend. Et le coût de la vie réputé élevé dans la ville de Sambava connaîtra-t-il un assouplissement? Les produits de première nécessité à Sambava viennent de la capitale. C’est une raison parmi tant d’autres justifiant la cherté de la vie. Dès que le prix du kilo de la vanille augmente, le coût de la vie suit le même rythme. En ce moment, la vie est déjà chère à Sambava. Une localité où la vanille existe en énorme quantité et en qualité recherchée. Malheureusement, l’argent obtenu par chaque opérateur n’est pas réinvesti dans la ville car on achète tout de la capitale. Matériaux de constructions et véhicules sont commandés à prix fort à Antananarivo par les habitants de Sambava lorsque les affaires de vanille vont bien. Lorsque les moyens existent, tout s’acquiert sans marchandage. Il faut aussi comprendre que la ville manque d’infrastructures. Toutes les recettes obtenues de la vanille sont dépensées ailleurs et même à l’étranger. Les habitants de la ville qui excellent dans la filière vanille passent leurs vacances à Antananarivo, à Nosy-Be, à Maurice et même en France. Sambava est-elle en train de devenir alors la ville la plus riche du pays? L’opulence n’est pas visible dans la ville mais la richesse des habitants est évidente. L’argent obtenu de la vanille est réinvesti ailleurs. Dès que les devises s’obtiennent à l’issue d’une vente conclue de vanille, elles seront dépensées pour différents besoins satisfaisables en dehors de Sambava. L’argent entre et sort et ne se maintient pas du tout dans la ville où les transactions autour de la vanille s’opèrent. La Municipalité entreprend des efforts dans l’incitation au paiement de l’impôt sur les propriétés bâties. Il s’agit d’une ressource nécessaire pour mener des projets dans la ville or le recouvrement de cet impôt n’a jamais été une priorité des précédents administrateurs de la commune de Sambava. N’y-a-t-il pas un moyen de récupérer l’argent dépensé et investi en dehors de Sambava? Une maison de la vanille est prévue être fonctionnelle bientôt à Antalaha. C’est dans ce t te ville qu’a eu lieu la rencontre entre le Président de la République et les opérateurs de la vanille de toute la région Sava. Le Président de la République a effectué une visite de cinq heures de temps, vendredi dernier, à Sambava où il a fait une remarque sur la propreté de la ville. D’après ce que l’on rapporte des discussions, l’infrastructure dédiée à la vanille sera un centre pour la promotion internationale de la vanille, elle sera équipée de musée et de laboratoire. S’ensuivra une implantation d’usines de transformation de la vanille. Les villes où la vanille est commercialisée pourront attirer de la consommation et de l’investissement dès lors l’industrialisation implantée. Que génère finalement la vanille pour une ville comme Sambava en cette période d’incertitudes autour de la filière? Le niveau de vie de la population est très élevé. Beaucoup reste à faire pour que la consommation à Sambava ne dépende pas de l’extérieur. Ce mode de vie, marqué par la hausse du prix de la vanille auprès du producteur depuis 2016, se retrouve menacé aujourd’hui par la chute du prix. Pour un produit exclusivement exportable, la crise liée au coronavirus pénalise le monde entier et les opérateurs d’où les attentes divergentes de l’offre et de la demande.
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