Coopération - L'Allemagne insiste sur la bonne gouvernance


Du concret. C'est visiblement ce qu'attend le gouvernement allemand de son homologue malgache, en matière de bonne gouvernance. Une condition de ses coopérations bilatérales sur laquelle la République fédérale ne semble pas prête à déroger. En visite à Madagascar, Günter Nooke, délégué personnel de la chancelière fédérale allemande pour l’Afrique, n'a pas manqué de rappeler ce qui s'apparente à des impératifs que sont la bonne gouvernance et la transparence dans les affaires publiques de leurs partenaires. Durant une conférence de presse, à l'issue de la cérémonie de célébration du 27e anniversaire de l'Allemagne réunifié, à Ambatoroka hier, il a notamment déclaré : « Nous sommes toujours prêts à soutenir Madagascar, nous avons juste besoin de l'engagement du gouvernement malgache ». Durant l'entretien avec les journalistes, le délégué personnel d'Angela Merkel a indiqué que son gouvernement dépenserait le budget d'aide prévu selon le programme de son homologue malgache. Laissant entendre un financement à hauteur de 200 millions d'euro, qui attendrait la signature d'un accord devant cadrer la coopération bilatérale entre les deux pays. Günter Nooke a ajouté qu'il ne serait pas surtout question de montant, mais « des conditions cadres ». Il y aurait « des contreparties » que la Grande île devrait remplir de son côté. Des conditionnalités qui concerneraient la concrétisation des efforts annoncés en matière de bonne gouvernance, de transparence et de lutte contre la corruption, en particulier. Avec la nouvelle configuration du Parlement allemand, notamment, avec la percée de l'extrême droite, « il est difficile de justifier de dépenser de l'argent dans un État comme Madagascar, que si les conditions sur place s'améliorent (…) Il n'est pas possible de simplement virer de l'argent sur les comptes d'un gouvernement », affirme le délégué Nook. Défis « D'une manière générale, je pense que depuis 2 ou 3 ans, nous sommes sur la bonne voie », a-t-il soutenu. Dans ses réponses, il a, cependant, mis l'accent sur de gros bémols. Le représentant de la chancelière allemande a soulevé l'exemple du « retard » pris dans la mise en œuvre de la transition vers l'énergie renouvelable. « (…) nous pensons que ce n'est encore que de la théorie, que c'est encore sur le papier, et qu'en ce qui concerne sa mise en œuvre dans la réalité, ce n'est pas suffisamment rapide ». En matière de développement, Günter Nooke, a souligné l'importance des investissements privés. « Ces investissements privés doivent être gérés de manière responsable par le gouvernement malgache. La corruption rend pourtant les choses difficiles pour les entreprises allemandes et européennes, entre au­tres, désireuses de s'installer à Madagascar », a-t-il ajouté. Il a ainsi insisté sur le fait que le gouvernement « ne doit pas seulement lutter contre la corruption sur le papier, c'est-à-dire en théorie, mais dans la réalité ». Lors d'une rencontre hier avec Hery Rajaonarimam­pianina, président de la République, le délégué de la chancelière allemande, comme le rapporte le communiqué de presse du rendez-vous, a réitéré « les importants défis du gouvernement malgache ». Des défis qui sont « le financement des communes, le secteur minier, l'énergie, la bonne gouvernance et une bonne administration, la protection des ressources naturelles, ou encore la lutte contre la corruption ». La missive rapporte que Günter Nooke a déclaré « nous comptons sur Mada­gascar pour être sûr que l'argent du contribuable allemand soit dépensé à des fins raisonnables ». Garry Fabrice Ranaivoson
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