Cadrage Macro-économique - La mission de revue du FMI attendue


Une tradition presque un rituel. Des émissaires du Fonds monétaire international, FMI, vont débarquer pour évoluer les critères de performances de Madagascar au premier semestre. Une question de temps. Une mission d’inspection du FMI devrait faire le déplacement à Madagascar. Sinon, tout se ferait par visioconférence comme lors des négociations de la Facilité élargie de crédit, FEC, au mois de janvier- février. Dans tous les cas de figure et d’exercice de style, le FMI entend consulter de près la Loi de finances rectificative, LFR, le document de référence, censé être une esquisse de réponses du gouvernement à ses recommandations pour l’octroi des 312 millions de dollars de la FEC. La première tranche du déblocage de 69 millions de dollars a été annoncée le 30 mars. Depuis, Madagascar a été placé « sous programme», une première pour l’actuel régime, avec ses avantages et ses contraintes. Même si les détails du Plan d’émergence de Madagascar, PEM, n’ont pas été dévoilés en public, devant les partenaires techniques et financiers, comme il a été programmé le 19 janvier, date anniversaire de l’investiture de l’actuel président de la république, Andry Rajoelina. À titre de rappel, les 333 millions de dollars du FMI « offerts » au titre de l’aide financière à la riposte antiCovid en 2020, ont été déboursés sans contrepartie. Sauf la transparence dans l’affectation de ce fonds, comme l’a souligné Marc Gérard, représentant du FMI lors d’une conférence de presse en ligne au mois de février. Le ministère de l’Économie et des finances, MEF, s’y attèle avec régularité par la publication en ligne des tableaux de répartition des dépenses engagées dans la lutte contre la pandémie. Sur la base des contributions financières des bailleurs de fonds. Aussi, pour avoir accepté l’obtention de la FEC pour Madagascar, le FMI a émis des réserves sur certains points sensibles des grands équilibres macro-économiques. Dans son communiqué daté du 12 février, signé par Charalambos Tsangarides, le chef de mission, il a été stipulé que le gouvernement s’engage à augmenter de façon significative les budgets alloués aux secteurs sociaux, SS. Que sont l’éducation nationale, la santé publique, l’eau- l’assainissement et l’hygiène- la population et la promotion des femmes. Qu’en est-il de cette suggestion dans la LFR ? Puisque les députés, durant l’examen dudit projet de loi, n’ont pas jugé utile de s’attarder sur ces considérations, voilà que des inquisiteurs de la société civile s’en donnent à cœur joie. Par des analyses pointues et bien argumentées. Peut-être aussi pour alerter et ouvrir les yeux des cadres du FMI sur certaines contradictions et incohérences. Avec quand même une once de satisfecit. Ces observateurs à l’oreille fine ont fait la constatation suivante « dans la LFR 2021, le budget des SS s’élève à 2.410 milliards Ar, soit 22.8% du budget de l’État. L’évolution du budget des SS a toujours été positive de la LFR 2018 à la LFI 2021 avec une moyenne de 12,5% d’augmentation chaque année. Pour 2021, on constate:
  • une baisse importante de -12.4% entre la LFI 2021 et la LFR 2021 et une diminution de la part des SS dans le budget de l’Etat (25% dans la LFI 2021). Cette baisse du budget des SS s’accentue à -18,3% en valeurs réelles par rapport à la LFI,
  • une diminution du budget des SS entre la LFR 2020 et la LFR 2021 de -2.4%,
  • une baisse de la part du budget des SS par rapport au PIB à 4.2% du PIB dans la LFR 2021 au lieu de 4.7% dans la LFR 2020. Pour 2022, ce budget est prévu d’augmenter de 24.6% par rapport à la LFR 2021, soit une allocation de 3.003,8 milliards Ar et garde la même proportion dans le budget de l’État de 22.8% ».
Ces premières déductions semblent ramer à contre courant de ce que le FMI espérait voir. En dépit de quelques avancées dans la considération des SS. D’autant que les conséquences désastreuses de la crise sanitaire ont accentué davantage le taux et l’ampleur de la paupérisation de la population. Justifiant plus que jamais la priorisation des préoccupations sociales. Les images terrifiantes venues du sud profond rappellent la longueur du chemin à parcourir pour arriver à la suffisance alimentaire. Un des objectifs de la révolution socialiste de Didier Ratsiraka. Il serait ainsi illusoire d’espérer un recul du taux de pauvreté par une croissance révisée à 4,3% rapporté au PIB, contre 4,5% pour la LFI. Il s’agit d’une prévision optimiste. Le FMI présage 3,2 et la Banque mondiale, par la persistance du coronavirus et par la lenteur de l’opération vaccinale, elle a débloqué 100 millions de dollars pour accélérer le mouvement, mise sur une progression d’à peine 2%. Après une récession de -3,2%, à chacun de trouver la bonne réponse en valeurs absolue. Deux autres points focaux intéressent au plus haut point le FMI. Il a été mentionné que « Les autorités maintiendront également les prix des carburants à un niveau conforme avec les coûts du marché, afin d'éviter l'accumulation de nouveaux passifs envers les distributeurs de carburant ». Une formule diplomatique pour le retour à l’application de la vérité des prix du carburant. Jean- Baptiste Olivier, directeur général de l’Office malgache des hydrocarbures, OMH, a fait un exposé dans ce sens. En faisant une préparation psychologique à une éventuelle revue à la hausse des prix à la pompe. Mais l’atmosphère politique et sociale est trop pesante pour franchir le Rubicon. Enfin, il reste la poursuite des réformes structurelles de la Jirama. Si les dirigeants de cette société nationale d’eau et d’électricité se félicitent de la réussite de l’application du système tarifaire Optima, de nombreux abonnés se plaignent de devoir payer ce qu’ils n’ont pas consommé. Une incompréhension à l’image du nouvel format de facture, tout aussi compliquée à décrypter. En somme, le courant ne passe pas entre la Jirama et ses fidèle « otages ».
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