Disparition - Mamy Rabe, un pionnier part trop tôt


Mamy Rabe qui a toujours cru à l’efficacité des innovations des NTIC, pour promouvoir le développement socio-économique du pays s’en est allé. Nous sommes en avril 1997.Il a convié deux de ses amis journalistes pour un échange d’informations. Dans le local ou le « site » de la société Fermic Online sous sa direction, sise à Ankoron­drano. Spécialisée dans le traitement des données et des saisies. Employant de nombreux jeunes, très adroits devant leurs claviers d’ordinateur. Un peu l’ancêtre des call-center d’aujourd’hui, par l’agencement des box de la plateforme. Le pays comptait à peine une poignée de privilégiés, « porteurs » de téléphonie mobile. Qui trimbalait dans la rue avec une espèce de talkie-walkie, collée aux oreilles. Aux forfaits tarifaires facturés en dollars. Pourtant, Mamy Rabe, lors de cette rencontre informelle, avec ses copains de la presse écrite, a évoqué déjà les avantages que Madagascar pourrait tirer d’une jonction avec le back-bone sous-marin. Excusez du peu! Impensable à l’époque. La fibre optique, objet de tant de convoitises des années plus tard. Un « serpent de mer » bien réel et visible.Parti de l’Afrique du sud, passait du côté de Toliara, avant de rejoindre l’île Maurice. L’opportunité qu’il ne fallait pas louper, selon ses prévisions. Loquace et volubile à souhaits sur un sujet qui le tenait à cœur, il aurait été pris pour un dérangé mental par des néophytes que nous étions. En fait, Mamy Rabe était bien en avance sur son temps. Incompris par ceux qui ne voyaient que le bout de leur nez. Haut débit Maintenant, le monopole exercé de fait sur ce réseau tentaculaire, support de l’internet à haut débit d’une excellente qualité, détenu par un seul « fournisseur d’accès », fausse l’esprit de la libre concurrence. L’État a voulu modifier cette situation lésant les usagers de plus en plus nombreux, par une intention de casser cette domination unilatérale. Mais la crise sanitaire qui sévit a stoppé l’amorce de ce processus. Et au même moment, la bataille fait rage entre cette même société et l’État, à travers son organisme de régulation qu’est l’Artec, sur l’implantation ou non de la technologie 5G. Des prises de bec par médias interposés témoignent de l’âpreté des discussions. S’il était encore là, Mamy Rabe aurait eu ses mots et ses maux à dire sur un domaine qu’il maîtrise au bout des doigts. Afin d’éclairer les zones d’ombre d’une opération qui s’étale en… plein jour. Après avoir travaillé pour le compte de nombreuses entreprises de dimension internationale, Mamy Rabe a mis au service de son pays ses longues et riches expériences. Surtout en monétique, le système de paiement « à la carte » pour simplifier, qu’il a instauré en premier dans la Grande île. Un procédé de plus en plus adapté et adopté, respectant la distanciation sociale, pouvant aider grandement à la lutte contre le coronavirus. Il a été très sollicité par des entreprises pour l’installation des terminales. Ayant des suites dans les idées, il a créé la société Moneytech en 2001. Il a été membre fondateur du Groupement des opérateurs des technologies de l’information et de la communication, Goticom. Il était président du Groupe­ment Madagascar-USA Business Council, tout en étant un des initiateurs de la Chambre de commerce américaine, Amcham. Mamy Rabe a également sollicité des membres de la diaspora à rentrer au pays « où il y a tant à faire », selon sa formule préférée.
Plus récente Plus ancienne