Pourquoi pas une élection vers un mandat transitoire ?


Aussi bien les partisans des élections que ceux qui militent pour une refondation ont des raisons légitimes. La proposition suivante a donc pour objectif de résoudre le différend par une solution qui créerait un consensus entre les deux approches. Le principe est de procéder à une élection présidentielle, afin d’attribuer la Magistrature suprême pour une transition. Cette légitimité électorale évitera la levée de bouclier que ne manquera pas de provoquer une transition générée par un coup d’État ou une manœuvre soutenue par des apprentis-sorciers sans aucune envergure nationale. Le mandat sera transitoire pour trois raisons. Premièrement, sa principale mission sera d’organiser la refondation, qui va bien au-delà d’une simple refonte du processus électoral, mais devra aussi reformater le système politique. Le principal résultat attendu est l’élabora­tion d’une nouvelle Constitution et d’une loi électorale dans le cadre d’un processus serein. En effet, toutes les Constitutions depuis 1975 ont été rédigées pendant des crises, ce qui ne permet pas à leurs auteurs de prendre du recul par rapport aux contingences de l’actualité, ou aux intérêts des protagonistes des crises politiques. Nous voyons le résultat avec la Constitution de 2010 et son amas d’incohérences, mais cela est aussi valable pour 1992. Le processus d’élaboration de cette Constitution devra s’attacher à répondre aux grandes questions que les Malgaches n’ont jamais voulu se poser de façon sérieuse et dépassionnée. L’État doit-il avoir une forme unitaire ou fédérale ? Le Chef de l’État doit-il être élu au suffrage universel direct ou indirect ? Le pouvoir doit-il être présidentiel ou parlementaire ? Certaines institutions sont-elles véritablement utiles, telles que le Sénat ou le poste de Premier ministre ? Que faut-il faire des dirigeants qui ont commis des fautes ? Comment les mécanismes de redevabilité doivent-ils garantir un contrôle indépendant du pouvoir exécutif ? etc. Deuxièmement, le Président qui serait élu pour diriger cette Transition ne pourra pas se présenter à l’élection présidentielle suivante, car, pour paraphraser la fameuse citation de James F. Clarke, ce chef d’État transitoire doit se concentrer sur ce qu’il y a à bâtir pour la prochaine génération, et non pour la prochaine élection. Il doit donc être libéré des tentations manipulatrices. Troisièmement, le mandat transitoire n’aura pas la durée d’un mandat présidentiel normal, mais devrait être réduit (par exemple à deux ou trois ans). La plupart des problèmes que nous vivons aujourd’hui résultent de l’application de solutions prises dans la précipitation et l’urgence. Aller aux élections sans une modification du système politique, et donc lui laisser ses tares crisogènes, maintient une voie prédestinée à l’instabilité chronique. Pour paraphraser Albert Einstein, la folie étant la façon de s’attendre à un résultat différent en répétant les mêmes actes, il faudrait donc oser des solutions innovantes qui permettraient d’aller au fond des choses, au lieu de se contenter de vivre un électoralisme fallacieux qui ne fait que décaler la survenue de la prochaine crise. par Andrianirina
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