Code de la communication - La carte de presse bientôt en braderie


Nul besoin d’être journaliste professionnel, ni de tirer l’essentiel de son revenu du journalisme pour avoir sa carte de presse. Avec le code de la communication médiatisée en attente de promulgation, travailler au sein d’un organe de presse ou en collaboration avec une agence de presse n’est plus la condition pour obtenir sa carte d’identité professionnelle. Selon l’article 54, il suffira d’avoir un diplôme ou un certificat délivré par un établissement de formation professionnelle pour avoir droit à la fameuse carte de presse. Pour ceux qui n’ont pas reçu de formation spécifique, il faut « juste » avoir exercé la profession pendant trois années consécutives, et la carte est dans la poche pour toujours. Avec ce texte, de nom­breux sortants des centres de formation en journalisme peuvent avoir une carte de presse même s’ils n’ont jamais fréquenté un desk dans leur carrière professionnelle. Des chargés de communication et des attachés de presse peuvent se targuer d’être journalistes, même si leur tâche consiste à ne faire que la promotion et la publicité des organisations pour lesquelles ils travaillent. Des anciens profes­sionnels qui sont passés de l’autre côté de la barrière peuvent réclamer « assistance » auprès des autorités civiles et militaires dans l’exercice de leur fonction de « reporter » pour leurs organismes et institutions employeurs. Avec ce texte, la profession de journalisme, déjà peu crédible, risque de se décrédibiliser davantage en acceptant en son sein des communicateurs, des propagandistes et autres agents de publicité. Et quand on sait que la commission de délivrance des cartes professionnelles est  composée, en plus des représentants de l’Ordre des journalistes, des représentants du ministère de la Communication et des représentants des organisations patronales de la communication médiatisée, incluant ainsi patrons d’agence de publicité et de boîte de communication, l’indépendance des détenteurs de cartes de presse ne peut qu’être douteuse. Dans l’ancienne loi, et selon les standards internationaux, « le journaliste professionnel est celui qui a pour occupation principale et régulière l’exercice pour son compte ou pour celui d’autrui de l’une des activités intellectuelles que comporte la confection d’une publication quotidienne ou périodique, écrite, radiodiffusée, télévisée, filmée ou photographique, et qui en tire l’essentiel de son revenu ». Dans son article 40, la loi sur la communication mentionne clairement que « ne sont pas considérés comme journalistes professionnels les agents de publicité, les attachés de presse et de relations publiques, les rédacteurs de bulletins de liaison, de journaux d’entreprises, de périodiques didactiques ou de revues scientifiques, de recueil de textes, de bandes dessinées, de roman ou de roman-photo, et les réalisateurs de programmes de radio ou de télévision ». Lova Rabary-Rakotondravony
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