Texto de Ravel - De l’espoir à Mahajanga


Les vacanciers commencent petit à petit à rejoindre le fameux bord de Mahajanga. Fuyant le froid et profitant des petites pauses de la fête nationale, les gens des Hautes Terres profitent du soleil de la ville nonchalante. Il y fait toujours bon vivre et la mer apporte une certaine tranquillité. Le rythme de vie est tout à fait différent de celui d’Antananarivo. Peu d’embouteillages, moins de pollution, moins de stress au point où l’on a presque envie de s’y installer. Entre l’envie réelle et la réalité, certaines difficultés ne permettent pas la migration vers ce beau soleil. La scolarisation des enfants reste une grande problématique surtout pour ceux ayant des besoins spécifiques en matière d’éducation. En effet, hors d’Antananarivo, il est toujours difficile de trouver certaines compétences. Par exemple, pour la ville de Mahajanga, on ne compte qu’un psychologue qui vient de s’installer. Entre les consultations à l’hôpital, les consultations dans son cabinet et autres engagements professionnels, ailleurs, la personne est déjà surbookée. Les demandes sont très loin d’être satisfaites. De même, trouver des structures spécialisées pour les enfants qui ont besoin d’accompagnement spécifique est également très difficile pour les familles. La volonté de changer cette situation est bien présente. Malgré les réticences au départ, on sent que les établissements scolaires souhaitent s’ouvrir et se former pour pouvoir recevoir tous les enfants, peu importe leurs différences. Seulement, même si la volonté y est les compétences techniques ne sont pas encore suffisantes. C’est ainsi que les parents des enfants différents se sont regroupés pour organiser des sessions de formation spécifique pour les éducateurs avec l’appui d’organisations venant d’Antananarivo. Une bonne trentaine d’enseignants étaient présents. Certains établissements ont déjà dans leurs classes des enfants différents. Ils déclarent que la demande augmente d’année en année. Au fil de la formation, les questions sont nombreuses. Les besoins de renforcement sur la thématique de la différence ainsi que l’inclusion sociale et scolaire des personnes différentes sont énormes. En sachant que de nombreux enseignants, surtout en province, exercent ce métier, non pas par conviction mais par défaut de trouver du travail, le défi est immense. Ceux qui ont suivi des formations académiques pour devenir éducateurs sont aussi pédagogiquement dépassés. Leurs cursus n’ont pas intégré l’enseignement des enfants différents et vivant avec un handicap. Aussi, ne savent ils pas comment faire et apprennent généralement sur le tas. La mise en situation par les jeux de rôle a démontré que les maîtresses avaient compris l’importance de leur adhésion à la cause. Le chemin est long mais l’espoir est là. Les barrières psychologiques et culturelles sont à surmonter. Des fois, elles sont étonnantes. Par exemple, sur les trentaines de participants, il n’y avait que deux hommes. Pour cause, on pense que l’éducation de la petite enfance et celle des enfants différents sont strictement l’apanage des femmes. Une forme d’exclusion des hommes qui complique, par exemple, l’adhésion des éducateurs spécialisés hommes dans les écoles. Un pas de plus est fait en espérant que le système éducatif change plus rapidement.
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