Faites vos jeux !


Notre conscience, délestée du poids de la routine de la vie quotidienne, peut lourdement chuter, aspirée par la pesanteur des jours de confinement qui lui injectent l’ombre de la période sombre que nous traversons. L’enfermement attise le feu de l’enfer déposé par cette crise sanitaire et que les différentes occupations des jours ouvrables ont adouci. L’étau devient alors plus oppressant, car comme l’a affirmé Blaise Pascal, on ne sait pas « demeurer au repos dans une chambre ». Le même Pascal qui a dénoncé le divertissement comme « la plus grande de nos misères » mais cependant « il nous détourne de nos misères ». Le divertissement est alors la clé qui peut déverrouiller la porte d’un monde meilleur. Et le confinement est favorable aux différents jeux, les premiers dans le classement de l’univers ludique. Le confinement nous aide à mieux comprendre un personnage du court roman Le Joueur d’échecs (S. Zweig, 1943) qui, enfermé et isolé, n’a pour seule compagnie qu’un livre d’échecs, le seul divertissement à sa portée. Il se met alors, pour subsister, à jouer contre lui-même, tout en continuant à parcourir la route de la folie tracée par la solitude. Quand on est coupé du monde extérieur par le désert du confinement, l’oasis qui peut nous maintenir en vie peut se présenter sous la forme d’un jeu: Échecs, Dames, Cartes, Cluedo, Scrabble, Risk, Donjons et Dragons, Ludo, … Les jeux ont le pouvoir de nous extirper du monde cruel, exauçant notre vœu d’évasion. On s’échappe, le temps d’une partie, du monde réel pour celui de l’imaginaire. Platon, à travers sa célèbre allégorie de la caverne (Cf. La République), a révélé que la balance du cœur humain a tendance a penché en faveur de l’illusion au détriment de la réalité. Ainsi aimons-nous être enlevés de l’univers sensible pour être transportés dans l’univers d’un Monopoly où on peut devenir un magnat de l’immobilier, ou encore dans une partie de mille bornes où on peut braver la vitesse maximale autorisée, … Les jeux nous ouvrent les portes d’un monde de liberté. Et quand les tortures de la réalité nous oppriment, le virtuel scintille d’un éclat plus que jamais attractif. Les lourdes minutes des heures de confinement sont aussi propices aux jeux. Et les jeux peuvent satisfaire nos désirs d’évasion. Si vous voulez vous extraire de l’étreinte étouffante de la réalité, rentabilisez le confinement et jouez.
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