De Prométhée à l’IA


Dans un cosmos où ne prévaut que l’harmonie, la présence d’une animation plus-ou-moins pimentée, ingrédient pourtant incontournable d’un bonheur parfait, ne peut être tolérée. Cette frustration a alors fait jaillir, de cette source que représente cette insipide banalité, l’ennui qui remplissait alors les coupes sans saveur des dieux. Ces derniers décidèrent alors de créer l’homme pour mettre de l’effervescence dans ce monde où « tout allait bien, trop bien ». Et c’est ainsi que, selon la mythologie grecque, les vies et les vicissitudes humaines vont pouvoir donner, à l’existence, l’indispensable goût épicé qui peut la guérir de cette fadeur insoutenable et lassante que peut infliger un ordre parfait. Mais l’homme a, depuis, défié ses créateurs sur le terrain de l’intelligence. Toujours d’après les récit mythiques, Prométhée a offert le feu, symbole de la technique, à l’humanité dont le cerveau a, depuis, été pénétré par la lumière éclatante qui a éclairé et développé les capacités mentales et intellectuelles, lui donnant des pouvoirs quasi-divins comme celui d’Héphaïstos qui a créé des automates pourvus d’intelligence artificielle, ou le trône d’Athéna qui pouvait emprisonner les téméraires qui ont eu le malheur de s’y asseoir. Ce territoire, dont on pensait que les dieux avaient le monopole, a été aussi conquis par l’homme dont l’union de l’imagination fertile et d’un riche savoir a fécondé des intelligences artificielles, et chaque nouvelle génération est plus évoluée que celles qui l’ont précédée. Surfant sur la vague du déploiement de l’intelligence « naturelle », le docteur Frankenstein, dans le roman Frankenstein ou le Prométhée moderne (M. Shelley, 1818), a fabriqué un être vivant qui deviendra un monstre. C’est en suivant ce même élan que l’homme a, d’après le roman 2001, L’Odyssée de l’espace (Arthur C. Clarke, 1968) mis au point l’intelligence artificielle Hal 9000 qui va se rebeller contre l’équipage du vaisseau spatial Discovery One qui était pourtant censée bénéficier de l’apport de ses extra­ordinaires facultés. Comme l’homme qui est toujours mû par le désir insatiable de dépasser les dieux, les créations humaines, à l’instar des Réplicants dans le film Blade Runner (R. Scott, 1982), peuvent céder à la tentation de se dresser contre leurs inventeurs. Et récemment, cette appréhension a atteint de fameux experts comme Elon Musk ou Steve Wozniak qui ont chacun exprimé leur inquiétude devant l’avancée spectaculaire du potentiel de la machine. Les dieux, ont d’après toujours les traditions antiques, puni les ambitions démesurées de l’homme. Mais comment ce dernier réagira-t-il face au progrès incoercible de sa créature ? La suite au prochain épisode.
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