Selon la banque mondiale - La Jirama accuse une perte d’un milliard de dollars


Elle revient à la charge. Idah Z. Pswarayi-Riddihough, directrice des opérations de la Banque Mondiale pour les Comores, Madagascar, Maurice et le Mozambique rappelle les intérêts du système tarifaire Optima de la Jirama. Ne rien lâcher. Elle a fait sensation par une lettre adressée au ministre malgache de l’économie et des finances, Richard Randriamandrato. Dans laquelle elle a indiqué que la Banque mondiale peut suspendre et annuler des aides financières de 475 millions de dollars si les autorités suspendent l’application des tarifications Optima de la Jirama. Idah Z. Pswarayi-Riddihough, directrice des opérations de la Banque mondiale pour les Comores, Madagascar, Maurice et le Mozambique repasse à l’offensive sur une tribune. Où elle soutient la démarche de la Banque mondiale par des arguments plus techniques, sans oublier le caractère à visage humain de l’opération en cours. Une réponse cinglante pour Richard Randriamandrato qui voulait reporter l’application dans sa lettre et dans son esprit la formule Optima. Cette seconde sortie d’un haut responsable régional de la Banque mondiale recadre les diverses explications données ces derniers jours. Et elle consolide la position, certes inconfortable de Vonjy Andriamanga, directeur général de la Jirama, mais salutaire pour sortir la Jirama des ténèbres. D’abord la directrice se pose une interrogation. « Que faut-il faire pour donner accès à l’électricité à tout le monde, ou à presque tout le monde, à Madagascar ? Actuellement, seulement 15% de la population a accès à l'électricité fournie par la JIRAMA. Il faudra de l'argent, de nouveaux investissements dans le secteur, ainsi que des réformes d’une grande portée pour surmonter les anciennes mauvaises dynamiques qui continuent d'empêcher les résultats que le peuple malgache mérite ». Elle poursuit par des constats implacables. « La pandémie COVID-19 nous a montré la valeur d'avoir accès à l'électricité et à Internet pour que les enfants puissent continuer à aller à l'école, que les adultes puissent continuer à travailler et que nos travailleurs essentiels soient en sécurité. L'accès à l'électricité n'est ni un luxe ni une option, c'est une bouée de sauvetage, une utilité sociale, un moteur de l'économie et une base essentielle sur laquelle l'économie s’appuie pour se développer ». Enjeux élevés Avant d’entrer dans le vif du sujet, « les réformes, quelles qu'elles soient, ne sont jamais faciles, car il y a toujours ceux qui en profitent et ceux qui doivent s'adapter. Mais, les perdants de la réforme ne devraient pas être les plus pauvres, les plus vulnérables ni les plus nécessiteux. Et les réformes soutenues par la Banque visent expressément à garantir que les plus pauvres bénéficient de ses retombées, paient une juste part et puissent jouir d'un accès qui leur permettra de participer de manière productive à l'économie. Cela ne peut se réaliser qu'en révisant les barèmes payés par ceux qui en bénéficient aujourd'hui ». Et elle finit par crever l’abcès. « Pourquoi voudrais je expliquer ce que nous espérons réaliser avec le gouvernement dans les mois à venir ? Je vous en parle car les enjeux sont élevés. Depuis 2009, JIRAMA a accumulé un déficit opérationnel d'environ trois-mille-sept cent milliards d'ariary, soit un milliard de dollars ! C'est la somme du déficit créé par le maintien d'une politique tarifaire inefficace et non ciblée du secteur électrique malgache pendant plus de dix ans. Imaginez combien de nouveaux clients auraient pu être connectés au réseau pour cette somme! Cependant, cette somme n'a pas profité aux 85% de Malgaches qui n'ont pas accès à l'électricité, mais principalement à deux groupes : - Les 10% des grands consommateurs résidentiels les plus riches des clients de JIRAMA (équivalent à 1% de la population), grâce à des tarifs résidentiels subventionnés qui revendent l'électricité 40% moins chère que JIRAMA l'achète à ses fournisseurs. - les fournisseurs d'électricité de la JIRAMA, à travers les marges excessives d'un grand nombre de contrats d'achat d'électricité, dont la plupart ont été attribués illégalement de gré-à-gré au cours de la période 2009- 2017. (Certains de ces contrats ont été renégociés par la nouvelle direction de la JIRAMA pour revoir les marges et les clauses abusives des contacts, mais il reste encore beaucoup à faire) ». EIle continue, « il est important de bien comprendre et de ne pas déformer notre objectif de changer cette dynamique. Il ne s'agit pas de retirer le pouvoir à certains et de le donner à d'autres. Notre objectif est d'assurer une électricité suffisante pour tous en veillant à ce que les tarifs tiennent compte de (i) la capacité de payer des clients, en particulier des plus vulnérables; (ii) permettent à la JIRAMA d'entrer dans une trajectoire lui permettant de retrouver son équilibre financier dans un délai de 3 à 4 ans ». Des précisions, sans être des scoops, ont eu le mérite de faire la lumière sur des zones d’ombre dans les comptes d’exploitation de la Jirama. Il reste pour les abonnés des incertitudes. Sur quelle base de calculs leurs prochaines factures ont été élaborées ? La Banque mondiale, eu égard à ces pistes de réflexion, se soucie des plus démunis de la société. Et ne cherche pas à attiser le feu sur la braise d’une explosion sociale latente. Comme certaines mauvaises langues essaient de colporter à son encontre.
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