Toamasina - Le calme avant la tempête


Cyclone tropical intense. Voilà le statut acquis par Batsirai durant la nuit. A 22 heures, il se trouvait à 500 kilomètres de l’île de la Réunion et à un peu plus de 900 kilomètres de Madagascar. Les prévisions météorologiques annoncent qu’il transpercera les côtes de la Grande île d’ici la fin de semaine. Les régions Atsinanana et Analanjirofo, dont la ville de Toamasina, figurent dans la zone qui sera fortement frappée par les rafales de vent, les flèches diluviennes, les vagues et les crues qui accompagneront Batsirai. Les habitants paraissent pourtant indifférents face au danger qui se profile à quelques centaines de kilomètres, au large. Le long du bord de mer de Toamasina, les tables et chaises, les gargotes, les vendeurs de boissons et de grillades, sont toujours bien installés en attendant les clients. Dans les rues, les bureaux et les écoles, tous vaquent à leurs occupations quotidiennes. Le ciel dégagé et le soleil qui a rayonné durant lundi et mardi ne laissaient pas transparaître l’imminence d’un cyclone tropical, encore moins d’un cyclone tropical intense, effectivement. Seul un moment de grisaille accompagnée d’une larme de pluie de quelques secondes, a semé le doute. Un fait habituel, pourtant, selon un natif de la capitale de la région Atsinanana. Dans l’école primaire adossée à la Maison de la jeunesse et des sports de Toamasina (MJST), ou encore le collège d’en face, rien ne perturbe les cours. Aucune action pour renforcer les bâtisses n’est entreprise, non plus. Au regard de l’état de ces établissement scolaires, pourtant, une violente rafale de vent risquerait d’emporter la toiture. Une grande salle de l’école primaire n’a plus de mur, juste une large grille de protection. Il est certain qu’une forte pluie pourrait l’inonder. Pareillement, pour les maisons et bâtiments faisant directement face à la mer. Ils ont l’air solides, de prime abord. Anticipation et coordination Contrairement à certains habitants d’Antananarivo qui se ruent sur tout ce qui s’achète pour faire des provisions, il n’y a pas de psychose d’une pénurie à Toamasina. “Affronter un violent cyclone n’est pas nouveau pour nous. Nous y sommes confrontés à chaque saison des pluies”, relativise une réceptionniste d’un hôtel à Toamasina. À s’en tenir aux prévisions météorologiques, cependant, Batsirai risque d’être singulièrement dévastateur. Si une insouciance est constatée chez les citoyens, les autorités, quant à elles, sont sur le qui-vive. Durant sa visite dans la ville du grand port, hier, Andry Rajoelina, président de la République, a même sonné le branle-bas de combat, afin que tous soient au taquet en vue de l’arrivée du cyclone Batsirai. “Anticipation, coordination et rapidité d’action”, sont les mots d’ordre qu’il a martelés. Il a notamment mis l’accent sur le fait que le Bureau de la gestion des risques et des catastrophes (BNGRC), les éléments du corps de protection civile et le personnel de santé, avec le matériel nécessaire, sont aux aguets afin de répondre présents le moment venu. Le chef de l’État a, par exemple, soulevé le fait que les autorités “doivent dès maintenant identifier les zones inondables et procéder à une évacuation préalable des familles qui risquent d’être sinistrées”. Une manière d’éviter les difficultés logistiques et surtout les drames, comme à Antananarivo, durant les intempéries de janvier. Durant la visite du hangar de stockage de vivres et matériels d’urgence et de sauvetage du BNGRC, le Président a, toutefois, déclaré, “je reconnais qu’il est difficile de convaincre les gens de quitter leurs foyers pour rejoindre les sites sécurisés, mais nous devons les sensibiliser à cela dès maintenant”. Au hangar du BNGRC, des vivres, des kits de secours, des matelas et des zodiacs, ainsi qu’une vedette rapide, sont entreposés. En marge de la visite présidentielle, les gouverneurs des régions Atsinanana et Analanjirofo ont mis en avant les préparatifs en vue du danger cyclonique qui s’annonce. Ils rassurent le sur “le prépositionnement”, de Produits de première nécessité (PPN), ainsi que l’aménagement de sites d’hébergement pour les éventuels sinistrés.
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