Course contre la monstre


À défaut d'une troisième Guerre mondiale, une fiction (jusqu'à quand ?) dont l'écriture à plusieurs mains se fait surtout sur les réseaux sociaux, l'humanité est submergée dans une bataille qui met en jeu sa survie. Une guerre dont l'explication défie la logique : un bain de sang qui résulte d'une relation antagonique créateur-créature. C'est l'homme lui-même qui a créé les monstres qui le tuent à petit feu. Nous ne sommes pas dans un volet de la saga Terminator quoique... Et aucune référence au cercle vicieux venimeux de la politique malgache, un laboratoire où les monstres se créent à une folle célérité et échappent au contrôle de leurs créateurs. Celui qui a traumatisé l'histoire en immortalisant le terme auto-proclamation qui est maintenant inscrit dans le patrimoine de la mémoire collective, a été lui-même victime de ce monstre sept ans plus tard. Le spectre de sa créature annihilatrice de l'opposition (sa famille actuelle), frappée à l’époque de sa grandeur d'une interdiction de réunion, hante maintenant ses craintes. Le bourreau d'hier est l'exécuté d'aujourd'hui et par les mêmes armes qu'il a utilisées. Le casting s’inverse mais on est toujours contraint de visionner le même mauvais film depuis des décennies. « Je vis s’ouvrir l’œil jaune et terne de cet être ; sa respiration pénible commença, et un mouvement convulsif agita ses membres. (…) Mon désir avait été d’une ardeur immodérée, et maintenant qu’il se trouvait réalisé, la beauté du rêve s’évanouissait, une horreur et un dégoût sans bornes m’emplissaient l’âme. Incapable de supporter la vue de l’être que j’avais créé, je me précipitai hors de la pièce, et restai longtemps dans le même état d’esprit dans ma chambre, sans pouvoir goûter de sommeil. » Ainsi s’exprimait, dans le roman Frankenstein ou le Prométhée moderne (M. Shelley, 1818), la déception, le dégoût qui émanait du docteur Victor Frankenstein, désillusionné par son œuvre, sa créature qui lui a pris deux ans : le monstre (à ne pas confondre, comme c’est souvent le cas, avec Frankenstein, le savant qui l’a créé) qui est un assemblage de cadavres. Tel Frankenstein, on a donné vie à des monstres à partir des cadavres de la nature qu’on a massacrée et qu’on continue à massacrer. Et comme le monstre de Frankenstein qui soustrait à ce dernier frère, meilleur ami, … que la créature assassine, les monstres qu’on accouche (qui peuvent s’appeler sécheresse, inondations, …) déciment, petit-à-petit, la race humaine.Une question de survie. Le « Désenchan­tement du monde » ou la perte du côté mystérieux, magique, surnaturel et sacré du monde, a laissé ce dernier à la merci de la technique qui le piétine en permanence. Les monstres créés deviennent les instru­ments de la vengeance du monde contre l’humanité. Plus que jamais, l’heure est à la responsabilité selon la définition de Hans Jonas : éviter les actions qui mettraient en danger l’existence des générations futures.
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