Les Français s’installent sur Sainte-Marie


Poursuivant son exposé, su cours du Café-histoire du 19 novembre au Musée de la photographie de Madagascar à Anjohy, revient sur la vie dans l’ile Sainte-Marie avec le retour des Français. Le 15 octobre 1818, le baron de Mackau, capitaine du navire « le Golo » et Sylvain Roux, agent français, reprennent possession de Sainte-Marie. Ce dernier, « négrier notoire », doit pourtant quitter son poste à la suite de l'abandon dans lequel le laisse la « mère-patrie »,et ce , malgré qu’il ait lutté pendant plusieurs années, en faveur de l’établissement d’une présence française. Sylvain Roux part ainsi en France pour exposer ses doléances au roi Louis XVIII, en personne. Il obtient de revenir à Madagascar avec des moyens militaires. Le 30 octobre 1821, l’expédition qu’il commande débarque à Sainte-Marie pour s’y livrer à des travaux de colonisation car outre le soutien militaire, il reçoit un crédit de 410 000 francs, une aide accordée également par le gouvernement. À cette époque, il n’y réside que deux colons, Carayon et Albrand, et deux soldats. Il n’y a sur le plan matériel, aucune habitation pour abriter les nouveaux venus et aucun magasin pour stocker les vivres et marchandises. En 1822, Radama Ier fera construire un fort à Foulpointe pour protéger la côte des incursions étrangères. De dimensions imposantes (remparts hauts de 6 mètres, circonférence de 70 mètres), le Fort Manda peut abriter vingt-cinq hommes et résiste aux assauts grâce à ses canons fournis principalement par les Anglais. Cependant, il ne tentera pas d’investir l’ile de Sainte-Marie, « soit parce qu’il est difficile d’y déployer son armée en franchissant le bras de mer et d’attaquer une position assez bien défendue, soit parce qu’il a rempli le vœu de son père en atteignant la côte, ce qui le dispense d’aller au-delà ». En 1828-1830, l’artillerie de la garnison de Sainte-Marie est commandée par le capitaine Bellet du 4e régiment d’artillerie de Bourbon. Les nombreuses lettres adressées à son épouse, restée à Toulouse et dont la séparation lui pèse énormément, ont été pieusement conservées par sa famille avant d’être dispersées il y a quelques années. Dans sa 15e lettre du 27 novembre 1828, il attend la venue « de plusieurs navires de S(a) M(ajesté), dont l'un est aux iles Comores et doit nous visiter en retournant à Bourbon. L'Astrolabe qui revient de la recherche des compagnons du célèbre et infortuné Lapeyrouse est à Maurice et doit nous visiter, de même que la corvette la Bayonnaise qui vient de faire le tour du monde. Ces deux derniers navires mettront longtemps pour se rendre en France, faisant de longues et nombreuses relâches ». M. Belet informe également son épouse « de la difficulté de correspondre à une aussi grande distance depuis une ile aussi peu fréquentée. Les premiers navires d'Europe n'arriveront à Bourbon qu'en mai ou juin et ne repartiront pas avant juillet. Ainsi tu seras six, sept ou huit mois sans lettres et tu ne devras pas t'en étonner et te livrer à de fausses conjectures, d'autant plus que toutes celles que je t'adresse par Foulpointe et ensuite Maurice et Bourbon sont bien incertaines. Tu pourras en juger par la série des numéros qui te seront parvenus. Par ma dernière, partie par la corvette de S.M. Heureuse (?), je t'accuse réception de six de tes lettres reçues à la fois le 1er septembre ». L’Astrolabe est le nouveau nom de la frégate La Coquille, commandée par Dumont d’Urville. Celui-ci est chargé en 1826-1829, d’une mission autour du monde au cours de laquelle il confirme, dans l’ile de Vanikoro (Iles Salomon), les traces probantes du naufrage en 1788 de l’expédition La Pérouse, découvertes en 1827 par le capitaine écossais Dillon. En 200 , les épaves de La Boussole et de l’Astrolabe, les deux navires de La Pérouse, seront formellement identifiées.
Plus récente Plus ancienne