Andry Rajoelina - «Il faut quatre alternances démocratiques pour le développement»


À deux ans de l'élection présidentielle, le Chef de l’État a parlé d’alternance démocratique dans son discours de fin d’année. Il en faudra quatre pour parvenir à l'émergence, affirme-t-il. La stabilité. Ce sera la clé de l’émergence. En substance, c’est un des messages que l’on peut retenir du discours de fin d’année de Andry Rajoelina, président de la République, vendredi. «Pour sortir Madagascar du marasme, il faut quatre alternances démocratiques successives. C’est la condition pour atteindre le niveau de croissance des autres pays émergents en Afrique», soutient le Chef de l’État. Cette phrase vient conclure une tirade où le locataire d’Iavoloha a passé en revue les réalisations de son administration durant l’année passée, tout en reconnaissant les difficultés de redresser et développer un pays qui sur plusieurs points est au fond du gouffre. «Cela n’est pas facile, mais nous avons la volonté et la foi d’atteindre les objectifs et de réussir les défis que nous nous sommes fixés», affirme le Président, en ajoutant, «relever le pays n’est pas aisé. Cela nécessite des efforts constants et continus (...)». À deux ans de l’élection présidentielle, cette phrase insérée dans l’allocution présidentielle n’est probablement pas anodine. Cette année sera une année charnière sur le plan politique. Elle pourrait définir l’ambiance de l’année électorale qui va s’ensuivre. Mettre l’accent sur la nécessité d’une stabilité politique durant près de vingt ans, au moins, pour parvenir à sortir de l’extrême pauvreté, de la part du Président, pourrait être une façon d’anticiper les virulents débats politiques qui s’annoncent. Une façon indirecte de mettre en avant les enjeux du développement à ce qui seraient tentés de franchir le rubicon d’un changement de pouvoir extra constitutionnel. Sujet de discorde Les observateurs politiques de tout bord n’ont de cesse de rappeler dans les débats dans les chaumières qu’il ne reste plus que deux ans avant la présidentielle. Déjà durant les dernières semaines de 2021, les états majors des différentes écuries politiques qui ont déjà fait part de leur intention d’aligner des candidats pour briguer la magistrature suprême ont démarré la remobilisation de leurs troupes. La bataille politique en vue de la prochaine échéance présidentielle pourrait démarrer dès ces premières semaines de cette nouvelle année. Dans son allocution, le Chef de l’État a indiqué que ses opposants s’appliquent à torpiller, ce qu’il qualifie de «projets porteurs de développement pour Madagascar». À entendre le programme de cette année, qu’il a annoncé dans son discours, vendredi, il faudrait s’attendre à des rivières d’échanges d’amabilités entre les partisans et opposants au pouvoir. Marc Ravalomanana, ancien président de la République, chef de file du parti d’opposition «Tiako i Madagasikara» (TIM), et accessoirement, leader de la plateforme d’opposition RMDM, a annoncé la couleur durant un discours face à ses partisans, à l’occasion du nouvel an, samedi. «2022 est l’année pour se dresser», affirme l’ancien Chef d’État. Il parle de se dresser contre différents cas de figure qu’il affirme être «des dérives», du pouvoir. Bien qu’elles attestent de leur intention de concourir à la présidentielle, des contestations des règles du jeu sont déjà martelées par les entités d’opposition. Plusieurs voix opposantes réclament une Haute cour constitutionnelle (HCC), et Commission électorale nationale indépendante (CENI), plus neutres et inclusives. Outre les projets du pouvoir, le contour des préparatifs des élections devrait être l’autre sujet de discorde.
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