Faites vos vœux


Chaque fois qu'il se passe des choses en France, on rêve qu'il en soit de même ici. On oublie qu'on est indépendant depuis 57 ans et qu'on doit l'assumer avec responsabilité. Ainsi on attendait que Rajaonarimampianina allait démissionner lorsque son homologue français François Hollande avait annoncé qu'il ne briguerait pas un second mandat.Les deux hommes ont ceci de commun une impopularité jamais atteinte par un Président ici comme ailleurs. La similitude s'arrête là étant donné que l'attitude en tant qu'homme d'État est complètement différente. On peut toujours faire des voeux, émettre des souhaits en ce début d'année et on peut parier que neuf vœux sur dix militent pour le départ de Rajao­narimampianina mais autant les électeurs votent n'importe qui, autant celui qu'ils ont élu fait n'importe quoi. Il ne faut donc pas rêver que le Président osera s'attaquer aux personnes qui se sont enrichies de façon anormale et dans une courte période en détournant l'argent de l'État comme c'est le cas en France où se tient depuis hier le procès pour bien mal acquis de Teodorin Obiang, fils de Teodoro Obiang, Président de la Guinée Équatoriale. Tout simplement parce que plusieurs membres de son entourage proche en sont concernés. Teodorin Obiang avait détourné l'argent du peuple équato-guinéen quand il était ministre de l'Agriculture pour s'acheter des appartements en France, voitures de luxe et de sports. Si le même procès intenté par l'association Anti-corr avait lavé de tout soupçon le president gabonais Odima Bongo en 2011, les choses risquent de se compliquer pour Obiang. La justice suisse est également sur ses talons. Certains politiciens malgaches, parvenus bien évidemment grâce à la crise de 2009, pourraient se trouver dans la même situation pour avoir fait des placements dans l'immobilier en France. S'ils peuvent s'estimer tranquilles à Madagascar où seul un pillage politique peut anéantir ses biens, la justice peut toujours les rattraper ailleurs. L'État ferait mieux de s'attaquer aux biens indus au lieu de les arrêter pour coup d'État imaginaire. On aura fait un grand pas dans la lutte contre la corruption et la pauvreté. Pour le moment, ils peuvent montrer de façon ostentatoire et violente ce que la pratique politique leur a rapporté. A en juger la magnificence de leur résidence, leur hôtel, leur envergure et les matériaux avec lesquels elles sont bâties, difficile de croire à une trace de pauvreté ici. Des signes évidents d'enrichissement sans cause, ou plutôt injustifié contre lesquels les organismes de lutte contre la corruption et le blanchiment d'argent restent complètement impuissants et inefficaces.La déclaration de patrimoine  est à l'image de la manière avec laquelle ils ont amassé leurs richesses. Or, on peut dire sans ambages que la fortune de la plupart des politiciens a été acquise dans des conditions déplorables. On ne peut pas arriver à un tel niveau de fortune sans commettre des actes délictueux, sans verser dans la corruption. Il semble même que certaines personnalités, pas seulement politiques, sont plus riches que le Trésor public. À ce propos, Rajaonarimampianina a absolument raison de demander à ce qu'on lui prouve que ses compatriotes sont pauvres. Comme il ne voit que ses courtisans du Palais, il ne peut pas avoir une autre perception. Et il croit que tout le monde vit dans la même opulence que lui, loin des problèmes en disant dans son discours de fin d'année qu'il vit dans les mêmes conditions que la population.Quand l'écart social se transforme en écart de langage, on tombe lamentablement dans ce genre de dérapage incontrôlé. Par Sylvain Ranjalahy
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