Élections - La CENI en quête de crédibilité


Les neuf nouveaux membres de la formation permanente de la CENI ont prêté serment, hier. Un grand chantier se présente devant eux dont les principaux enjeux sont leur crédibilité et celle des élections à venir. Crédibilité. C’est le principal challenge des nouveaux membres de la formation permanente de la Commis­sion électorale nationale indépendante (CENI). Ils ont prêté serment durant une cérémonie solennelle à la Cour suprême Anosy, hier, en présence de Andry Rajoelina, président de la République. Ralaisoavamanjaka Andriamarotafikatohanamba hoaka, dit Soava Andriamaro­tafika, un des nouveaux commissaires électoraux est lucide sur ce qui attend les nouveaux membres de la CENI. « Effectivement, notre principal défi sera de faire valoir notre crédibilité, notre indépendance et par la même occasion, celle de la Commission électorale », concède-t-il durant une discussion à l’issue de la cérémonie d’hier. Il n’esquive pas la polémique autour de l’élection ou la désignation de la nouvelle équipe qui devra conduire l’organisation des prochaines élections. Le fait que certains des nouveaux membres de la CENI soient réputés proches du pouvoir motive ces appréhensions. Soava Andriamarotafika, élu par l’Ordre des journalistes de Mada­gascar (OJM), et Andriana­risedo Retaf Arsène Dama, désigné par le chef de l’État, sont notamment, au centre de cette polémique. Le premier est un des responsables au sein du média appartenant au président de la République. Le second est l’époux de la ministre de la Fonction publique. « Effectivement, il y a cette polémique, mais la manière pour nous de démontrer notre indépendance sera de respecter les dispositions légales », réplique, toutefois, celui qui a été élu par l’OJM. À l’issue de la cérémonie marquant la fin du mandat des précédents commissaires électoraux, maître Hery Rakotomanana, président sortant de la CENI, a suggéré la transparence, comme principale voie pour assurer la crédibilité de la Commission électorale et gagner la confiance de l’opi­nion publique. Déterminant La transparence n’a, cependant, pas suffi pour épargner les précédents commissaires électoraux, des foudres des acteurs politiques, civils et des citoyens. Ils ont été handicapés par les multiples dysfonctionnements du système électoral. Il y a des failles concernant le cadre légal, d’autres se rapportant au budget de la Commission. Les problèmes qui ont fait le plus grand bruit sont ceux concernant la liste électorale et la Carte d’identité nationale (CIN). Avant de tirer sa révérence de la présidence de la CENI, en octobre, maître Rakotomanana a souligné qu’il est nécessaire de revoir le cadre juridique des élections. Il a, également, parlé de la nécessité d’avoir un budget suffisant et disponible à temps, pour assurer une indépendance fonctionnelle de la CENI et lui permettre de programmer à l’avance les actions de la Commission. L’ancien président de la CENI a surtout insisté sur l’impératif de revoir le système d’élaboration de la liste électorale. « Même si nous changeons dix fois la composition et le format de la CENI, nous aurons toujours le même problème si nous nous en tenons au système actuel dans l’élaboration de la liste électorale », a déclaré maître Hery Rakotomanana. Lui qui martèle que la solution est la biométrisation du registre des électeurs. Durant le dialogue politique à Iavo­loha, le 19 novembre, Gio­vanni Di Girolamo, ambassadeur de la délégation de l’Union européenne (UE), a également, soulevé l’opportunité de résorber des dysfonctionnements du système électoral, notamment, le cadre juridique. Dans une interview publiée, lundi, le diplomate européen a bétonné ses propos durant le dialogue politique, en prenant l’exemple de l’exhaustivité de la liste électorale. « Nous sommes tout à fait conscients du chantier qui nous attend », réagit Soava Andriamarotafika. Il évoque l’idée que des initiatives dans ce sens peuvent, effectivement, émaner de la CENI. Avec de la volonté c’est faisable. La première mission des nouveaux commissaires électoraux sera, justement, la révision annuelle de la liste électorale. La période légale de révision annuelle de la liste électorale a commencé, hier. « La prise en main ne devrait pas être difficile, puisqu’il y a le secrétariat exécutif pour nous appuyer », indique l’élu de l’OJM. L’autre grand chantier qui attend les nouveaux membres de la CENI, par ailleurs, sera la refonte de la liste électorale l’année prochaine. Une refonte qui se fait tous les dix ans, selon les dispositions légales. Le bon moment pour changer de système. À deux ans du premier suffrage d’envergure nationale, qu’est la présidentielle, les premiers pas de la nouvelle formation de la CENI, dans la prise en main des affaires électorales pourraient être déterminants.
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