La gérontocratie en amérique


Le 3 novembre, le monde retiendra son souffle. Tous les regards seront tournés vers les Etats-Unis où se déroulera une des plus vieilles traditions politiques du monde, inaugurée en 1789, et dont la pérennité est assurée par l’une des plus vieilles constitutions du monde: la cinquante-neuvième élection présidentielle américaine. Mais ce que voient les yeux du grand public, pas tellement intéressé par les débats qui portent sur l’économie ou la diplomatie, c’est le contraste saisissant, une résistance apparente qui fait face au vent du jeunisme qui semble souffler sur le monde (Sebastian Kurz en Autriche, Emmanuel Macron en France, Justin Trudeau au Canada, ou encore Andry Rajoelina à Madagascar, …). Plus de cent-cinquante ans est la somme des âges de Donald Trump (74 ans) et Joe Biden (77 ans). Des quatre anciens présidents des États-Unis encore vivants, trois (Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama) sont plus jeunes que celui qui sera élu (ou réélu) mardi. Démocrate ou Républicain, Biden ou Trump, l’Amérique a déjà fait le choix de la gérontocratie (pouvoir confié aux personnes âgées) depuis 2017 quand Donald Trump, du haut de ses 71 ans moins cinq mois, a battu le record du plus vieux président à la date de son investiture. Et si les sondages se confirment, ce record tombe ra le 20 janvier prochain avec les 78 ans de Joe Biden. Les deux potentiels présidents ont été connus jeunes par les Américains : Joe Biden était à 29 ans le plus jeune des sénateurs américains. L’usure que forcément reflètent les corps plus fragiles est donc plus criante. Avec les éléments principaux rouillés, c’est tout le mécanisme qui perd en dynamisme. Qu’on l’ait constaté ou non, cette année ces élections américaines ne déchaînent pas les mêmes passions qu’il y a 12 ans quand le jeune Barack Obama défiait l’expérimenté John McCain. Un autre symptôme du déclin de l’« American Dream ». La gérontocratie qui s’installe, c’est la porte ouverte à la sénilité qui a semblé vouloir se frayer un chemin lors du premier débat télévisé des deux candidats qui a tourné en dialogue puérile. Un événement paradoxal pour deux vénérables. Les téléspectateurs ont surtout assisté à une querelle enfantine sur un ring où pleuvent les pugilats verbaux de gamins qui se bombardent de sobriquets enfantins comme « clown ». Un premier face-à-face qui était surtout une trace laissée par le démon de la sénilité. Mais un autre démon peut également être de la partie: celui de l’ambition, pour qui l’âge des candidats pourrait être un instrument fort utile pour déverrouiller l’esprit des colistiers. Ce démon n’aura aucun mal à hanter et posséder Mike Pence et Kamala Harris.
Plus récente Plus ancienne