Produit agricole - Le cacao malgache, un des meilleurs crus mondiaux


La Radio mondiale (RFI – La Radio France Internationale) a tout récemment consacré un reportage économique au cacao « Brickaville », un des plus rares au monde. Cette actualité nous amène tout naturellement à revenir sur ce produit et ses contradictions, dont la moindre n’est pas celle de faire du « microproducteur » qu’est Madagascar, avec son volume d’exportation presque insignifiant, un des leaders mondiaux de la filière en termes qualitatifs. Un détour sur l’Histoire ne serait pas malvenu car il y a tant à connaître sur ce plan. C’est en 1890 que des colons réunionnais expérimentent, pour la première fois, la culture du cacao sur les terres du Premier ministre Rainilaiarivony à Mahatsara près de…Brickaville. L’essai est concluant, mais freiné par la priorité accordée à la canne à sucre dans cette région de l’Est. En 1920, un Français du nom de Lucien Millot, exploitant agricole sur l’autre versant de l’Île à Ambanja, se propose d’y acclimater la variété « criollo » plus exigeante que la « forastero » ou la « trinitario ». En 1940, le couple Robert fonde à Toamasina une chocolaterie que, par la suite, les repreneurs délocalisent dans la capitale. L’entreprise est définitivement acquise en 1977 par le Groupe Ramanandraibe qui amorce une extension d’activité vers la confiserie fine, avec le concours d’un spécialiste déjà détenteur du titre de Meilleur Ouvrier de France. Chocolat Les exportations débutent en 2006-2007 en direction des marchés britannique et nord-américain, avec l’obtention du Silver Cup of the Academy of Chocolate par un produit-phare répondant au nom de « Mora Mora ». La crise politique de 2009 change radicalement le profil du marché intérieur, avec un essoufflement très marqué des ventes de tablettes qui ciblaient le grand public, et un essor de la confiserie et de la pâtisserie lancée avec l’expertise d’un authentique vice-champion du monde en pâtisserie. Les exportations sont maintenues principalement sous la forme de chocolat de couverture ou d’enrobage destiné aux professionnels. Dernier point et non le moindre puisque ce fut un succès mondial, la Société procède à des essais de replantation de cacaoyers là où tout a commencé, à Brickaville, pour désengorger en quelque sorte le Sambirano, à qualité égale. Pari tenu. Des anecdotes, le cacao malgache en a connues. On pourrait citer celle de ce chocolatier européen qui a voulu introduire des pieds hybrides, alors que c’est ce qui a causé la chute du cacao équatorien, pourtant un des plus réputés au monde avec son « Arriba Nacional ». L’ampleur des dégâts en Équateur a nécessité l’arrachage systématique de toutes les plantations touchées. Autre épisode célèbre, cette grande tournée de promotion de la fève malgache de Paris à Pékin en passant par Dubaï, et à laquelle ont adhéré les plus grands de cette industrie pour ne citer que Jean-Paul Hevin, Cluizel, Valrhona, et autres Pralus et Pierre Hermé. Et comment faire l’impasse sur le Salon du chocolat de Paris de 2006 durant lequel on procéda à l’élection d’une Miss Cacao ? Le concours fut remporté par une jeune Malgache qui reçut son trophée des mains de Didier Drogba en personne. Une ombre au tableau, l’ambassadeur de Madagascar à Paris ne daigna pas honorer l’évènement de sa présence, très certainement en raison d’un emploi du temps très chargé (sic). Terminons, pour nous changer diplomatiquement les idées, par l’invitation lancée en 2008 au premier responsable des plantations d’Ambanja en la personne du président de Millot, de soutenir le dossier du cacao malgache à Londres, au siège de l’International Cocoa Organization (ICCO) qui régit le cacao dans le monde. Verdict sous forme de victoire, Madagascar obtient la confirmation que la totalité de sa production a le droit d’être labellisée « cacao fin ». Une victoire non seulement pour les industriels et les exportateurs, mais aussi pour tous les paysans planteurs qui voient leur travail reconnu et récompensé.
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