Une bataille de gagnée


Le 25 octobre dernier, le tribunal de première instance de Toliara jugeait deux affaires liées au trafic de tortues radiées. Le verdict condamnait les trafiquants à 6 ans de prison, 100 millions d’ariary d’amendes et de dommages et intérêts respectivement de 30 et 50 millions d’ariary à verser au ministère de l’environ­nement, de l’écologie et des forêts. C’est, depuis la mise en place de la loi sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages en 2005, la sanction la plus sévère qu’un tribunal ait émis sur ce genre d’affaire. Je tiens à saluer ici tous ceux et celles grâce à qui ceci a été possible, que ce soit au niveau des autorités régionales en charge de l’environ­nement, ou des magistrats du tribunal de première instance de Toliara. Et pourtant, on pourrait penser que le contexte ne prêtait pas spécialement à un tel verdict: période électorale, pressions diverses fort probablement, et surtout de nombreux précédents restés impunis. Mais comme quoi, lorsque la volonté et la détermination sont là, lorsque les efforts convergent vers un même objectif, lorsque chacun et chacune, à son niveau, décide d’assumer pleinement ses responsabilités, tout est possible. «Ne doutez jamais qu'un petit groupe de citoyens réfléchis et engagés puisse changer le monde. En effet, c’est la seule chose qui ait jamais existé.» a dit une célèbre anthropologue. C’est bien ce qui s’est passé. Le vrai changement durable ne peut venir que de chacun et chacune de nous. Matière à réflexion en cette fin de campagne électorale et à la veille des élections… Mais revenons aux tortues. Le verdict du 25 octobre est une première bataille de gagnée, mais ne nous réjouissons pas trop tôt car la guerre est loin d’être gagnée. Alors que le procès se tenait à Toliara, les autorités procédaient à une nouvelle saisie de 7.347 animaux à quelques dizaines de kilomètres de là, à Tongobory, district de Betioky-Sud. Une chose est donc sûre : les personnes impliquées dans cette affaire courent toujours ; les petits poissons sont, certes, sous les verrous mais les gros continuent à sévir, faisant fi de la loi. Un tel acharnement laisse entrevoir l’enjeu financier derrière cette affaire, peut-être même que « la commande » a été déjà payée et qu’il faut absolument livrer « la marchandise »…? Encore une fois (je l’avais déjà écrit en avril), collecter 10.000 ou 7.000 tortues nécessite une organisation planifiée, des moyens humains et logistiques conséquents. Ne nous endormons pas sur ces premiers lauriers. Pour que cette première victoire ait un sens, il faut aller jusqu’au bout, jusqu’à ce que les commanditaires d’un tel trafic soient identifiés, poursuivis en justice et sanctionnés selon la législation en vigueur. Que la sanction soit exemplaire. par Nanie Ratsifandrihamanana
Plus récente Plus ancienne