Sécheresse - L’eau, un trésor bien caché dans le sable du Sud


Victime de la faim chaque année, la population du Sud de Madagascar n’a besoin, pour s’en sortir, que d’accéder à l’eau, de manière pérenne. Dans l’insécurité alimentaire. C’est la situation des populations des régions Anosy, Atsimo-Andrefana et particulièrement Androy, ces dernières années. C’est dû à la faible pluviométrie qui provoque le tarissement des rivières et des fleuves, ainsi qu’à la structure phréatique à caractère aride. Pourtant, le Sud comporte de vastes terrains exploitables et peut compter sur la motivation de ses populations, prêtes à mener des activités de survie dans l’agriculture. La faible pluviométrie et les difficultés d’accès à l’eau, pas forcément potable, sont les seules causes de ce problème. Avoir accès à l’eau pour l’agriculture et pour assurer les besoins quotidiens de la famille vire au cauchemar, inévitable pour la plupart des habitants de ces trois régions, depuis surtout trois ans. [caption id="attachment_11782" align="aligncenter" width="300"]Des hommes dotés d’une charrette et de bidons puisent l’eau assez loin du village pour la vendre à ceux qui en ont les moyens. Des hommes dotés d’une charrette et de bidons puisent l’eau assez loin du village pour la vendre à ceux qui en ont les moyens.[/caption] Le district d’Amboasary dans l’Anosy est aujourd’hui la zone la plus touchée par la malnutrition, au niveau de cette région, alors que la  commune rurale de Tsivory, dans ce district, est une très grande productrice de riz. « Mais à cause de la faible pluviométrie, la production rizicole de la commune est devenue insignifiante depuis quelques années », indique un responsable régional. Du fait de cette faible production locale, la population doit s’approvisionner en riz importé qui est vendu entre 500 à 800 ariary le gobelet. La structure du sol vient aggraver la situation. La population du district d’Amboasary a du mal à se procurer de l’eau. « On n’en trouve qu’à partir de 30 mètres de profondeur, en raison de la structure des terrains calcaires qui forment notre sol», explique Holongo, habitant du village d’Ankilimitoraha, dans la commune rurale de Sampoina, district d’Amboasary. Pour pouvoir satisfaire leurs besoins en eau, les villageois sont obligés de parcourir des kilomètres pour trouver un point d’eau boueuse, au milieu des  marécages, s’ils n’ont pas les moyens d’acheter le bidon de 20 litres  à 1 500 ariary. [caption id="attachment_11783" align="aligncenter" width="202"]L’ONN aide les villageois en leur donnant des boutures et des semences de plantes vivrières. L’ONN aide les villageois en leur donnant des boutures et des semences de plantes vivrières.[/caption] Spéculation sur l’eau Afin de résoudre ce problème d’approvisionnement en eau, les spéculations autour de cet élément deviennent très courantes dans le district d’Amboasary, et à Ambovombe dans l’Androy. Des charrettes circulent dans les villages en transportant des fûts et des bidons qu’ils viennent de remplir d’eau à des kilomètres des villages. Ils vendent de 500 à 1 000 ariary le bidon à Ambovombe. « Je dois partir très tôt de ma maison pour pouvoir arriver ici dans la matinée, car cette eau doit être livrée aux clients qui en ont besoin pour assurer les besoins quotidiens des ménages», explique Tialongo, spéculateur d’eau depuis deux ans. Grâce à un grand château d’eau, installé à Ambovombe depuis quelque temps, les ménages qui ont les moyens de payer les frais d’installation, peuvent à l’heure actuelle disposer d’eau dans leurs maisons par un système d’abonnement Toutefois, le tarif est très élevé et, peu de gens sont encore en mesure d’en bénéficier. « La capacité du château d’eau et le système d’irrigation sont pourtant très limités et ne peuvent pas satisfaire tous les habitants d’Ambovombe », souligne un hôtelier dans la localité. Conscient des difficultés rencontrées par la population de ces localités, engendrant l’insécurité alimentaire qui touche déjà 1 500 000 personnes, l’Office national de la nutrition met en œuvre, depuis quelque temps, des projets de sécurisation alimentaire des familles. Avec ses partenaires et les acteurs de la lutte contre la faim, il a initié la relance agricole, par le biais de distributions gratuites de semences et de boutures- de sorgho, maïs, dolics, haricot et manioc- adaptées à la situation géologique et climatique de ces trois régions. D’autres acteurs ont aussi facilité l’accès à l’eau dans quelques localités, comme l’installation de citernes d’eau de forage à Sihanakapaha, dans le district de Beloha, mais cela ne touche qu’une partie de la population nécessiteuse. La recherche de solutions pérennes pour résoudre totalement le problème de la sécheresse dans cette partie du pays, est donc plus que nécessaire afin d’assurer le développement social et économique des populations. « De l’eau, il y en a dans notre région, mais elle est infiltrée dans la terre. Il  y a là un important réseau de rivières souterraines et il faut trouver le moyen de les ramener à la surface », propose Tolisoa, natif de la région d’Androy. Textes et photo : Angola Ny Avo
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