Médiateurs malgaches


Ce qui se passe entre Jean Ping et Ali Bongo au Congo impose un devoir de mémoire. Jean Ping est un familier de la Grande île pour sa participation à la résolution de la crise de 2009-2013 officiellement, mais interminable réellement. Cet article n’est pas fait pourtant pour cultiver un orgueil national et dire « vous n’arrivez pas à régler vos histoires, ne vous mêlez pas des nôtres ». Ce qui serait aussi une attitude autarcique digne d’un Malgache qui se croît être une île comme dirait Christian Alexandre. Il est juste fait pour rappeler d’abord que c’est en 2002 que le clan Ravalomanana a appelé le monde entier à venir faire pression sur « le vieux » pour qu’il quitte le pouvoir. Ensuite, que parce que Ravalo­manana, Rajoelina, les Églises (qui n’ont surtout pas fait de politique…) et l’armée n’étaient plus capables de régler les problèmes malgaches, que les étrangers sont venus « nous aider ». Depuis, sauf avis contraire, on ne peut plus s’en passer. Il faut la communauté internationale pour faire et juger un simple « code », pour « se réconcilier », pour « pouvoir voter pour n’importe quel candidat »… Ensuite, il est fait pour rappeler que les Malgaches ont aussi été médiateurs ! oui, ce n’est pas leur apanage. Les présidents Zafy et Ratsiraka l’ont été comme le président Tsiranana. Le Pr.Raymond Ranjeva aussi. Ratsiraka entre Mitterand et Kadhaffi puis un peu au début de la première crise irakienne, entre Bush père et Saddam Hussein avant qu’il n’ait été occupé par le 13 mai, puis d’autres encore. Mais il a aussi aidé les mouvements de libération. De mémoire avec Mugabe, la RASD d’Abdel Aziz disparu il y a peu de temps, la Palestine d’Arafat, le MPLA, le Frelimo. Il était souvent avec Samora Machel, prédécesseur de Joaquim Chissano que nous connaissons bien. Pour le souvenir, lors de l’élection de Ratsiraka en 1997, Joaquim Chissano (président du Mozam­bique), Ratsirahonana (chef d’État par intérim sortant) et Paul Bérenger étaient à la même table lors de l’investiture à Iavoloha. À cette époque, ce sont eux qui ont honoré la Grande île… mais surtout, ce président a aidé l’ANC de Mandela, de Winnie, de Sisulu, etc. Mais ça, on préfère oublier pour vénérer le président des autres et diaboliser le nôtre. Zafy, lui, a été médiateur de la crise comorienne avec son ministre Jacques Sylla. Ratsiraka l’a aussi été avec son ministre Lila Ratsifandriha­manana. Raymond Ranjeva, tour à tour avocat, juge international a aussi été médiateur entre le président Mugabe et Tsivangirai pendant que Chissano était médiateur chez nous… Et Tsiranana, mais les Malgaches le savent moins encore, l’a été à plusieurs reprises. Par exemple, en mai 1961, les Congolais (oui, oui) étaient à Antananarivo (donc l’équivalent de Dakar ou Maputo à l’époque) pour résoudre leur crise. Solution à la crise Pour terminer, la solution à la crise est en nous-mêmes. Les autres ne sont que des facili­tateurs. Malheureusement, nous leur obéissons, à leur plus grand étonnement je pense, parce que nous-mêmes ne savons pas ce que nous voulons réellement. À tout le moins, que ceux qui croient être d’accord sur quelques points se regroupent, quitte à avoir 3 ou 4 formations (j’allais dire mouvances mais c’est prohibé) pour voir ce qu’on veut faire de notre pays. Cet écrit est fait de mémoire sans les réfé­rences sous les yeux et dans la rapidité qu’il gagne à être complété de précisions pour ceux qui ont encore entre les mains les journaux de l’époque ou des archives pour rectifier (surtout pour Tsiranana). En tout cas, merci à Zoary pour l’aide. Toavina Ralambomahay
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