Notes du passé - Restaurer la paix sociale un objectif d’Andrianampoinimerina


Le règne d’Andrianam­poinimerina marque le tournant le plus décisif de l’évolution de l’Ime­rina et de Madagascar. « Après une pénible ascension, longue d’un siècle et demi, soixante dix années d’anarchie avaient détruit le résultat de tant d’efforts et de prudence accumulées » (Edouard Ralaimihoatra, Histoire de Madagascar ). Nampoina le Désira réunifie l’Imerina, organise la société et le modèle sur les réalités économiques. « Ses conquêtes peuvent apparaître comme le premier acte de la marche vers l’unification, de la Grande île. » Andrianampoinimerina est né à Kaloy, à la frontière nord de l’Imerina, vers 1740, le premier jour de la nouvelle lune d’Alaha­mady. Fils d’Andriamiaramanjaka et petit-fils d’Andriambelomasina par sa mère, il reçoit le nom d’Imboasalama, le chien bien portant. L’usage veut, en effet, que l’on donne un « mauvais nom » à un enfant censé avoir un destin extraordinaire à cause de son jour de naissance, ou parce que ses aînés sont morts. C’est son cas et la raison pour laquelle son grand-père le choisit pour la royauté. Il passe son enfance dans sa région, où l’on redoute constamment les incursions sakalava jusqu’à ce qu’Andriambelomasina le fasse venir auprès de lui. Sa tante, Ramorabe, versée dans le sikidy lui dit un jour, après avoir tiré l’oracle par les graines, que « l’Imerina le porte dans son cœur (am-poiben’ Imerina) et le bénit ». Nampoina voit souvent de bons présages qu’on lui rend et ne manque jamais de la récompenser largement. D’après Edouard Ralaimihoatra, « souvent réaliste, méthodique », Andrianampoinimerina est un habile rassembleur de terres, un grand organisateur. « Il avait une haute idée du bien du peuple qui, en retour, ne lui ménageait pas son attachement. » Maniant habilement la comparaison, la métaphore, recourant au besoin aux paroles fortes, « il a une éloquence mystique, prenante ». Patient, il renonce rarement à une œuvre commencée. Diplomate, il sait persuader et épuiser ses arguments avant de faire usage des armes. Poursuivant le portrait du grand monarque, le même historien souligne que la connaissance des hommes est l’une de ses qualités maîtresses. Il consulte toujours ses conseillers avant d’agir. « Brave à la guerre, il s’exposait volontiers au danger. Il pardonnait à ses ennemis, mais n’avait pas de pitié pour ceux qui, au cours de ses entreprises, lui résistaient. » La restauration de la paix sociale est l’un de ses titres de gloire et lui vaut, dès son époque, l’admiration de ses contemporains. Andrianampoinimerina a la conscience d’une immense tâche à accomplir, l’ambition réfléchie de devenir un grand roi. Son nom a pour lui la valeur d’un symbole, et le sentiment de son ascendance, de sa filiation, ne le stimule pas moins. Mises à part la réunification de l’Imerina puis la pacification des royaumes voisins, la construction de digues est l’un des grands projets agricoles d’Andrianampoini­merina. Lorsqu’il en lance la construction, ce n’est pas seulement pour irriguer les rizières, peut-on lire dans les Tantara ny Andriana du R.P. Callet. Certaines sont faites pour constituer des frontières entre les six divisions de l’Imerina et dont il fait des bornes afin que les Merina des six territoires, ne se volent pas mutuellement leurs terres. Chacun d’eux doit ainsi demeurer dans les limites qui lui sont tracées par le grand monarque « afin que les Avaradrano ne puissent pas venir sur la terre des Marovatana et les Marovatana ne puissent pas empiéter sur les limites de l’Avara­drano et qu’il en fût ainsi pour les six divisions de l’Imerina… » Pour lancer son projet, Andrianam­poinimerina déclare solennellement : « Nous allons construire des digues car l’eau est mon ennemi. » Et s’il en érige, elles permettront de rassasier ses sujets car « l’eau permettra de repiquer le riz et le riz nourrit mon peuple ». Tout le monde, grands et simples sujets, y accèdent sans discrimination de caste. Quand sa fin approche, Andrianampoinimerina appelle son fils et successeur qu’il a nommé publiquement, Laidama, plus tard Radama Ier, pour lui faire ses dernières recommandations. « Si le jour de mon retour survient, laisse-moi reposer ici, à Ambohi­manga, auprès de mon père e de ma mère, car tu ne connaîtras pas toute ton affection pour mon père et ma mère si je ne suis pas enseveli à Ambohimanga. Ce serait une terre quelconque et l’on n’aime pas celle où ne reposent pas nos parents. Mais quand surviendra, par contre, le jour de ton propre décès, tu reposeras à Antananarivo, au nord des Sept maisons alignées, le Fitomiandalana. Mets ton tombeau bien vis-à-vis et un peu plus haut. »
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